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Promotion de la pisciculture dans le Zou et les Collines: Regain d’intérêt pour les retenues d’eau naturelles

Environnement
Promotion de la pisciculture dans le Zou et les Collines Promotion de la pisciculture dans le Zou et les Collines

Plusieurs cours d’eau du département du Zou et des Collines sortent, depuis peu, de leur état sauvage. Ils sont valorisés pour compléter les infrastructures d’élevage, en vue de satisfaire les demandes de poissons qui ne cessent de grimper. 

Par   Désiré C. VIGAN A/R Mono-Couffo, le 19 mars 2025 à 19h33 Durée 3 min.
#Promotion de la pisciculture dans le Zou et les Collines
Séraphin Bokossa est l’un des promoteurs de fermes qui consacrent d’importants investissements à la valorisation des retenues d’eau naturelles. Il en a valorisé une dizaine en les transformant en des étangs piscicoles à Azéhounholi, dans l’arrondissement d’Adogbé, commune de Covè. Les cours d’eau concernés complètent la gamme variée des bassins en béton construits par Séraphin Bokossa sur sa ferme pour l’élevage des poissons. L’approche du fermier Bokossa, président de la coopérative communale des pisciculteurs, n’est pas isolée. Des hommes mais aussi des dames adoptent de plus en plus les étangs piscicoles dans les départements du Zou et des Collines. Regroupés en coopérative, certains pisciculteurs se tournent vers les mairies pour solliciter la mise en exploitation des retenues d’eau dans le cadre d’un accord cadre. Ces accords permettent aux collectivités locales de percevoir d’importantes redevances. A Ouinhi qui tient le lead de cette pratique dans le Zou, les redevances sur les retenues d’eau naturelles sont classées en deuxième position dans la mobilisation des ressources propres.
L’intérêt pour les étangs est si grand que des pisciculteurs, qui n’ont pas la chance de disposer de retenues d’eau naturelles sur leur périmètre agricole, procèdent au recrutement des ouvriers pour en réaliser. C’est le cas, par exemple, de Bernard Ogou à Dasso, dans la commune de Ouinhi. Au terme des investissements déjà consentis, le jeune fermier a pu se doter d’une trentaine d’étangs contre seulement 20 bassins bétonnés sur sa ferme. L’engouement pour les étangs est perceptible un peu partout dans le Zou, soutient Richicatou Sale, directrice générale de l’Agence territoriale pour le développement de l’Agriculture (Atda) pôle 5. Dans le département, explique-t-elle, la dynamique de valorisation des retenues d’eau précédemment abandonnées à l’état sauvage est portée entre autres par le Projet d’appui au développement et aux investissements agricoles productifs (Padiap). 
Pour le bonheur des populations des Collines, c’est le Projet d’appui au développement de filières protéiniques (Padéfip) qui encourage la promotion des étangs piscicoles. L’un des objectifs spécifiques du projet est de contribuer au développement de la pisciculture continentale paysanne. Grâce au Padéfip, ce sont en tout neuf retenues d’eau naturelles qui sont déjà valorisées, sorties de leur état sauvage, et empoissonnés. Il s’agit d’Odo-Otchèrè à Dassa-Zoumè ; d’Alafia, d’Agbaboue et d’Ouoghui à Savè; d’Attata à Ouèssè ; d’Akpassi et d’Adjantè à Bantè. Ferment la liste, Damè et Ahouignankanmè à Savalou. Ces étangs ont reçu, de septembre 2022 à décembre 2023, 180 300 alevins dont 
102 000 tilapias et 78 300 poissons-chats africains (clarias gariepinus), les deux espèces appréciées des consommateurs du département des Collines. Cette approche a permis au département de porter, en octobre 2024, sa production à 10,86 tonnes de clarias et à 0,93 tonnes de tilapias.  

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Cadre particulièrement épanouissant

La valorisation des retenues d’eau naturelles vise un double objectif: contribuer à l’aménagement du cadre de vie et amenuiser les coûts de production des poissons. Par rapport au second objectif, Bernard Ogou, fermier installé dans la commune de Ouinhi, dit retenir de ses expériences que la production de poissons est économiquement rentable dans les étangs. Selon lui, les étangs constituent d’ailleurs un cadre particulièrement épanouissant, plus adapté pour l’élevage de l’espèce tilapia. En mettant en pratique sa conviction, Bernard Ogou affecte les bassins en béton à l’élevage des clarias sur sa ferme piscicole « J’aime le travail ». La même expérience se déroule à Covè, une des trois communes de la région Agonlin. Précisément sur la ferme « Amour et confiance », la promotrice Suzanne Bedie et son équipe ont mis en place plusieurs étangs qui servent à l’élevage des alevins jusqu’aux tilapias marchands. Suzanne Bedie confirme que « les étangs sollicitent moins d’efforts physiques et moins de dépenses par rapport à ce qui se fait en matière d’élevage de tilapia dans les bassins ».