Réponses face au changement climatique : Agir pour et avec les femmes
Environnement
Par
Fulbert Adjimehossou, le 10 mars 2022
à
10h40
La vulnérabilité des femmes pourrait être davantage accentuée, les prochaines années, par les changements climatiques. De nombreuses études donnent l’alerte pendant que des organisations de la société civile plaident pour une réponse inclusive.
Sécheresses, inondations, incendies, insécurité alimentaire, pénuries d’eau, maladies, montée des eaux, etc. Les effets des changements climatiques sont irréversibles. Les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’ont d’ailleurs rappelé fin février dernier dans le deuxième volet de leur sixième rapport. Dr Parfait Blalogoe, directeur exécutif du Centre de recherches et d’expertise pour le développement local (Credel), en est préoccupé pour les femmes. « Les politiques et les programmes climatiques doivent remettre en cause les stéréotypes au sujet des rôles des femmes, en cherchant à améliorer les possibilités de choix de ces dernières plutôt qu’en les confinant dans des rôles traditionnels », fait-il remarquer.
Cet acteur reconnaît tout de même que les femmes béninoises s’adaptent déjà à leur manière aux changements climatiques. « Quand elles ont l’occasion, elles expriment ce dont elles ont besoin pour sécuriser et soutenir leurs moyens de subsistance plus efficacement, et ce, malgré leur accès limité aux informations, aux ressources et à l’assistance», ajoute Dr Parfait Blalogoe. Parmi les priorités pour faciliter l’adaptation des femmes aux changements climatiques, on retrouve le besoin d’un endroit sûr où habiter et stocker les récoltes durant les saisons des pluies, un meilleur accès aux services de vulgarisation agricole, la formation et l’information au sujet des stratégies en termes d’adaptation et de moyens de subsistance de substitution, l’accès aux ressources pour la mise en œuvre de stratégies efficaces pour l’élimination des contraintes climatiques.
Le circuit de l’information climatique est complexe et il urge d’intégrer la dimension genre dans le système d’alerte des projets liés au climat. « Dans ces conditions, la participation, les connaissances et les compétences des femmes dans le domaine de l’information climatique sont requises. Parmi les stratégies communautaires et moyens d’existence résilients au climat, la maîtrise de l’information climatique par les femmes doit leur permettre de limiter les risques courus en cas de chocs climatiques, d’instaurer une chaîne de partage des connaissances afin de transmettre facilement l’information climatique aux autres membres de leur communauté. Ce sera aussi de construire avec les hommes une culture de l’information climatique», suggère-t-il.
La nécessité de tenir compte aussi bien des besoins des hommes que ceux de la femme dans un contexte de changement climatique est capitale. Le problème se pose surtout dans le cas par exemple de l’accès aux terres pour des activités agricoles. L’arrivée des changements climatiques ne fera pas évoluer, outre mesure les mentalités. Mais il faudra en tenir compte dans les réponses et programmes d’adaptation. «Pour que les actions en faveur des changements climatiques répondent aux besoins des femmes, il faut commencer par leur garantir un égal accès aux ressources et s’assurer de leur contrôle et de leur possession. Il convient également de soutenir le renforcement de leurs compétences et donner aux femmes et aux filles la place qui est la leur, aux avant-postes de la lutte pour la justice climatique pour un développement plus équitable et plus durable», insiste Dr Parfait Blalogoe. Au Bénin, des efforts sont en cours au niveau national dans ce sens. Le pays dispose de la loi N°2018-18 du 6 août 2018 sur les changements climatiques et d’un Plan national d’adaptation. Un effort est fait pour y intégrer le genre. D’autres instruments sont en train d’être mis en place dans le même sens pour que le climat cesse d’être pour les femmes un bourreau de plus.