La Nation : Le 3 juillet est dédié à la Journée mondiale sans sacs plastiques. Quelles appréciations faites-vous de la marche du Bénin ?
Sandra Idossou : Les sachets plastiques sont dangereux pour notre santé et notre environnement. C’est une bonne chose que tous se mobilisent autour de ce sujet. Les efforts de préservation de l’environnement à travers la lutte contre les sachets plastiques sont louables. Les actions en vue de réduire leur utilisation sont en cours.
Vous êtes la promotrice de la campagne "sachets hééélou" au Bénin. Comment mesurez-vous l'impact de vos actions ?
Les changements de comportement ne sont pas toujours faciles à mesurer. Il ne s’agit pas de la vente d’un produit dont on peut mesurer les bénéfices selon les périodes. Les changements de comportement ne s’opèrent pas du jour au lendemain, surtout que le sac plastique est très ancré dans nos habitudes au Bénin. Des changements visibles se notent aujourd’hui au niveau de l’administration, des grands supermarchés ; les pharmacies sont passées à l’emballage papier. Mais au niveau du grand public et des marchés, il reste encore beaucoup à faire pour opérer le changement escompté.
Nous faisons beaucoup de sensibilisations avec les communautés religieuses et des décideurs dans les marchés, les écoles afin d’amener les enfants à ne plus manger dans les sacs plastiques. On note de plus en pus une prise de conscience autour de nous.
Vous avez également participé à l’avènement de la loi 2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation de sachets plastiques non biodégradables en république du Bénin. Avez-vous le sentiment que cet outil a servi à quelque chose ?
La plupart des pays africains disposent d’un instrument législatif qui interdit les sachets plastiques. Au Bénin, nous sommes tous témoins de l’inaction du gouvernement par rapport à la mise en application effective de la loi portant interdiction des sachets plastiques. L’avènement de cet instrument légal nous a tous émerveillés, malheureusement sa mise en application fait encore défaut.
Pourquoi doit-on lutter contre les sachets plastiques ?
Le sachet plastique est dangereux pour notre santé. Lorsque nous mangeons des aliments chauds dans le sachet plastique, cela cause beaucoup de dégâts à notre santé. C’est exactement comme si nous mangions ou buvions le sachet plastique lui-même. Or, il est fabriqué à base du pétrole, donc il n’est pas normal de manger dedans. Une fois que nous avons utilisé le sachet et qu’il se retrouve dans la nature, il va mettre 400 ans pour se décomposer. Il sera donc toujours en contact avec nous, dans la nature, et continuera à boucher les canalisations tout en favorisant des nids de moustiques. En raison de ces menaces, chacun de nous devrait refuser l’utilisation des sachets plastiques.
Aujourd'hui, quels doivent être les défis pour le Bénin ?
Nous appelons de tous nos vœux à la mise en application effective de la loi portant interdiction des sachets plastiques. Pour y arriver, il faut fermer les robinets d’entrée. Tant que les importateurs, les fabricants continueront à déverser les sachets plastiques sur nos territoires, la lutte n’aura pas des effets positifs. Une fois que les sachets plastiques seront interdits d’entrer sur nos sols, il faudra sensibiliser les populations à ne plus les utiliser. Les alternatives sont autour de nous. On peut utiliser les feuilles végétales, les bols, les paniers, les sacs réutilisables. Tant que les sachets seront disponibles, on aura l’impression que les alternatives n’existent pas.