Sommet Ue-Ua : Craintes et espoirs autour du climat
Environnement
Par
Fulbert Adjimehossou, le 17 févr. 2022
à
09h58
A quelques heures de l’ouverture du sommet Ue-Ua à Bruxelles, beaucoup appellent à un repositionnement de la question climatique dans les débats.
Bruxelles est calme, douce et venteuse. Le temps est un peu perturbé avec des pluies faibles et des éclaircies aux voisinages du siège du Conseil de l’Europe, qui va abriter le sommet Ue-Ua. Dans les rues, pas de pressions qui soient liées directement à ce rendez-vous. Mais cette sérénité n’est pas autant perceptible dans les esprits, surtout quand on échange avec les écolos. La focalisation sur la sécurité et la stabilité au Sahel, le besoin de solidarité face à la Covid-19, voire l’envie d’une nouvelle alliance économique, les verts en sont inquiets, sans désespérer. « Les questions climatiques constituent aussi une urgence. Je ne le dis pas parce que je suis du groupe des verts. D’autres députés vous diront certainement la même chose. Pour moi, il y a de grosses priorités comme l’éducation à l’écologie. Ce sommet ne peut se concentrer que sur le problème du Mali, qui certes en est un de vrai. On doit discuter aussi de l’urgence écologique. On voit, par exemple, déjà des déplacements des populations dus à la gestion de l’eau », souligne Salima Yenbou, députée au Parlement européen.
Pourtant, la nature n’est pas restée, elle, sans mettre la pression. Alors même que l'Afrique australe évalue les dégâts causés par le cyclone Batsirai, une nouvelle tempête tropicale approche. Selon l'Organisation météorologique des Nations unies, d’autres cyclones pourraient frapper à nouveau cette région et les îles voisines de l'océan Indien. « La nécessité du deuxième rapport du groupe de travail n’a jamais été aussi grande, car les enjeux n’ont jamais été aussi élevés », a déclaré lors d’une vidéoconférence, Hoesung Lee, président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec).
Des attentes
Les acteurs de la société civile engagés pour la protection de l’Environnement attendent du sommet, un partenariat Ue-Ua vert et équitable. C’est le cas de Mohamed Lamine Kaba, directeur exécutif de l’Ong Foresterie et Développement de l’Espace Rural (Foder) qui a eu la chance de participer au Sommet de 2017 à Abidjan.
« Tous les pays du monde sont confrontés à des problèmes environnementaux. Il conviendrait de penser globalement et agir localement. Il faut une réponse planétaire bien coordonnée».
Des Osc préparent d’ailleurs une déclaration conjointe pour demander la mise en avant des objectifs climatiques et énergétiques centrés sur les populations et le développement. L’enjeu est de faire progresser une approche du climat et de l'énergie centrée sur les personnes et le développement, et coopérer pour réussir à la Cop27.
De la part de l'Ua, cela nécessite l'affirmation claire de priorités. De son côté, l'Ue devrait veiller à ce que le soutien et le financement de l'adaptation pour l'Afrique augmentent considérablement au cours de la période budgétaire 2021-2027, en vue de concrétiser le Pacte de Glasgow. Les attentes tournent donc autour d’une transition énergétique juste et inclusive, l’approfondissement de la coopération en matière d'adaptation, de pertes et dommages pour renforcer la résilience et la finance climatique.
Bruxelles pour faire bouger les lignes
Au nombre des sept tables rondes prévues à ce sommet, certaines seront consacrées à la transition énergétique, à l’agriculture, et bien évidemment au changement climatique.
Pascal Canfin, député au Parlement européen, président de la Commission de l'environnement pense que c’est une opportunité pour aller de l’avant. L’Ue devrait soutenir l’appel des dirigeants africains sur le financement de l’adaptation climatique, avant même le rendez-vous de la Cop 27 en Afrique. « Un des enjeux majeurs, c’est d’être certain que les engagements pris à Glasgow sur les fameux 100 milliards soient tenus dès 2022. C’est vraiment accessible et nécessaire. Cette cagnotte reste symbolique, mais à l’échelle du développement économique, il faut absolument aider l’Afrique à accéder aux marchés capitaux (des investissements verts) », a déclaré Pascal Canfin.
De nombreuses dispositions et des accords sont en discussion pour limiter la déforestation, renforcer la solidarité climatique, et réduire les impacts. Les relations commerciales entre les deux continents devront prendre aussi en compte les enjeux environnementaux. «Pour des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, cela aura un impact sur la possibilité d’accéder aux marchés européens. Evidemment; il y aura un paquet financier pour accompagner les évolutions des pratiques sur le terrain, de façon à favoriser par exemple l’agroforesterie, de sorte à concilier le développement économique et la protection de la nature », a ajouté Pascal Canfin. Ce qui est déjà certain, le financement de l'adaptation pour l'Afrique sera augmenté sur la période budgétaire 2021- 2027 de l'Ue pour des infrastructures en phase avec les objectifs climatiques.