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Traitement des eaux usées domestiques : A la découverte d’une solution innovante

Environnement
Par   Fulbert Adjimehossou, le 21 avr. 2022 à 09h54
Au campus universitaire d’Abomey-Calavi, un dispositif innovant de traitement des eaux usées est en expérimentation. Au bout du dispositif installé sur le site du Laboratoire des sciences et techniques de l’Eau et de l’Environnement (Lstee) de l’Uac coule une eau transparente et inodore. Sans être prévenu, le visiteur ne peut imaginer la provenance de ce liquide. Pourtant, c’est bien des eaux usées domestiques qu’il s’agit. « Les eaux résiduaires que nous traitons sont prélevées au niveau des résidences universitaires et dans quelques ménages de la commune d’Abomey-Calavi », dévoile Dr Mahomed Daouda, un des techniciens du site. Une fois ramenées sur le site, les eaux résiduaires sont versées dans un bassin anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène. Il est rempli de sorte à alimenter le système à 200 litres par jour. Des simulations de séquence sont réalisées toutes les deux heures. Une pompe immergée permet de faire une homogénéisation. « C’est un tank d’un mètre cube qui simule les fosses septiques que nous avons dans nos ménages. Ça permet de faire un premier traitement et d’éliminer tout ce que nous pouvons voir à l’œil nu », précise le jeune chercheur. A la sortie de ce milieu anaérobie, un abattement est perceptible. Mais le liquide devra poursuivre son parcours dans des conduits pour être totalement apuré. « L’eau qui sort est de bonne qualité parce qu’il y a des bactéries anaérobie et aérobie qui en jargon facile vont manger la matière organique qui est à l’intérieur. Quand il n’y a plus à manger, les bactéries meurent. On les utilise donc pour la dégradation de la matière organique et avoir de l’eau de qualité », explique Professeur Martin Pépin Aïna, directeur du Laboratoire des sciences, techniques de l’Eau et de l’Environnement (Lstee). Ce qui retient aussi l’attention sur le site, c’est l’absence d’odeur. « C’est un système innovant en ce sens que quand vous partez des bassins aérobies, dont les fosses que nous utilisons dans nos maisons, à la sortie, vous avez toujours des problèmes d’odeur. Ici, comme vous pouvez le constater, on ne sent pas du tout l’odeur », fait remarquer l’enseignant-chercheur qui précise que le système continue d’être perfectionné « au jour le jour ». Au Bénin, en zone urbaine et particulièrement à Cotonou et Porto-Novo se pose avec acuité le problème de gestion des eaux usées domestiques. Il n’existe quasiment pas de réseaux collectifs d’assainissement. Très peu de ménages évacuent convenablement leurs eaux usées. Le reste, la grande majorité, les rejette dans la nature et les caniveaux. Cependant, dans un contexte où l’eau potable est un bien précieux qui se raréfie, d’aucuns voient très utile cette technologie canadienne, au-delà de la réduction des risques de pollution. « Cette technique va permettre de bien filtrer l’eau usée avant de la laisser dans la nature. Ensuite, l’eau potable existe en quantité limitée. Nous pouvons utiliser ces eaux usées traitées pour arroser les routes pour les travaux publics, éteindre le feu pour les pompiers, faire des cultures de contre saison, etc. », dévoile Florent Dogbalou, spécialiste de cette technologie. Une utilisation à l’échelle communautaire pourra être bénéfique pour l’Environnement et la Santé.