La Nation Bénin...
Face aux enjeux du Dividende
démographique, le Bénin fait des efforts. Cependant, sur la dimension Réseau et
territoire notamment en matière d’urbanisation, il a encore du pain sur la
planche. Car, 79,7 % des Béninois vivent en dehors des villes. Seulement
environ 20,3 % habitent les centres urbains, selon une étude du profil pays
2019 réalisée par les chercheurs du Consortium régional pour la recherche en
économie générationnelle (Creg).
Le gain économique qui résulterait de la
dynamique des populations est l’un des enjeux majeurs pour le développement des
Etats. Au Bénin, les disparités en matière d’aménagement du territoire
justifient les mouvements de populations, et si l’on n'y prend garde, elles
pourraient tirer vers le bas, la vision du pays en matière de capture du
dividende démographique. Seulement 20,3 % de la population habite dans les
villes à des proportions diverses. Les départements de l’Atlantique et du
Littoral viennent en tête avec respectivement 23,1 % et 40,3 % en matière
d’attractivité du territoire, pendant que l’Alibori et l’Atacora ferment la
marche avec 9,2 % et 11,4 %. « En termes d’urbanisation, si vous regardez dans
le pays, nous n’avons pas beaucoup d’infrastructures. Par exemple, en ce qui
concerne la construction d’infrastructures routières et hôtelières, vous devez
constater que c’est Cotonou seule qui répond et quand nous venons dans les
villes de l’intérieur, c’est une autre réalité. Le Bénin reste donc à
construire, et il faut la prise en compte de cette dimension pour parvenir à la
capture du dividende démographique», fait savoir Florent Dossou Hounhouénou,
expert en Dividende démographique.
Cette disparité dans l’aménagement du
territoire au Bénin dénote les choix de politiques publiques notamment en
matière d’investissement dans les infrastructures sociocommunautaires. « Il est
très aisé de constater que l’urbanisation au Bénin est concentrée sur la zone
côtière, avec environ 80 % de la population urbaine se trouvant dans le sud du
pays et 52 % de la population totale habitant sur 10 % du territoire », avait
déclaré Abdoulaye Bio Tchané, ministre du Développement en charge de la
Coordination de l’Action gouvernementale, à l’occasion du Forum national sur la
mobilité urbaine au Bénin. Pourtant la Constitution béninoise dispose que : «
Toute personne a droit à un environnement sain, satisfaisant et durable et a le
devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l'environnement».
Le ministre Bio Tchané ajoutera d’ailleurs que
le cadre urbain est déséquilibré au Bénin, avec quatre agglomérations
majeures Cotonou, Abomey-Calavi,
Porto-Novo et Parakou, qui subissent une pression importante en matière de
services sociaux, d’infrastructures de base, d'emplois urbains, de prix du
foncier, conjugué à une dégradation de l’environnement, des conditions
sanitaires, de la pauvreté, ainsi qu'à une pénurie croissante de logements. A
juste titre, l’expert Florent Dossou Hounhouenou relève que Réseau et
territoire constituent la dimension qui tire le Dividende démographique vers le
bas au Bénin et il faudra inviter les gouvernants à un regard beaucoup plus
étroit sur cette dimension.
Certes, des progrès réalisés ces dernières
années en matière d’urbanisation avec de nouveaux projets, notamment en termes
d’infrastructures routières, suscitent espoir mais beaucoup reste encore à
faire. « Pour relever le défi, l’Etat a commencé avec l’asphaltage. Dans des
villes de l’intérieur, nous avons commencé au moins à voir des infrastructures
routières. Dans chaque préfecture, il y a un bâtiment géant qui est en train
d’être construit, pour abriter toutes les administrations déconcentrées et décentralisées.
Nous devons continuer dans ce sens pour améliorer effectivement cet indicateur,
que nous appelons urbanisation et qui est très faible au Bénin », a souligné
Florent Dossou Hounhouenou, expert en Dividende démographique.