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Zones forestières: Nécessité d’accroître la lutte contre l’insécurité

Environnement
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Les espèces sauvages dans les forêts, les parcs nationaux et les forêts classées sont sous fortes menaces sécuritaires. La tendance évolutive de la criminalité liée aux espèces sauvages dans les forêts, alerte sur l’ampleur de l’insécurité. Le changement de paradigme du gouvernement dans la riposte permet de contrer le mal même si des efforts restent encore à faire.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 02 juil. 2025 à 08h20 Durée 3 min.
#lutte contre l’insécurité

Les zones forestières, parcs nationaux et espèces sauvages de ces écosystèmes sont plus que jamais en danger. La menace évolue de façon exponentielle et les hors-la-loi ne cessent de faire preuve d’imagination dans l’accomplissement de leurs crimes.

Selon l’administration forestière béninoise, la tendance évolutive de la criminalité liée aux espèces sauvages dans les forêts, de 2018 à 2024, reste critique. Sur cette période, la tendance globale montre, en effet, que l’exploitation forestière illégale est la principale infraction rapportée. 9 204 cas ont été documentés par les agents des Eaux, Forêts et Chasse. Cette infraction est suivie de très loin derrière par les cas de pâturage illégal (557 cas), de commerce illégal (260 cas), de braconnage (225 cas) et de pêche illégale (154 cas).

La criminalité se rapportant aux espèces ligneuses indique un changement de préférence des criminels avec une exploitation portée sur de nouvelles espèces. Les plus menacées sont Terminalia leocapus, Isoberlinia doka, Prosopis africana, Khaya senegalenis. La tendance évolutive de la criminalité se rapportant aux espèces animales est aussi notoire. Poisson, Loxodonta africana, Syncerus caffer, Kobus kob et Kobus ellipsiprymnus sont les cinq espèces sur lesquelles il y a eu plus de cas.

Pour ce qui est de l’insécurité dans les zones forestières, selon l’administration forestière, l’on note le passage d’une insécurité endémique à une menace transfrontalière. Par le passé, explique-t-on, le phénomène était caractérisé par la criminalité environnementale isolée comme le braconnage de subsistance et la déforestation locale. Récemment, il y a eu une transition marquée par l’émergence de réseaux organisés, mais aujourd'hui, il y a une connexion avérée avec le terrorisme régional, et des forêts sont érigées en sanctuaires et corridors par les hors-la-loi.

L’administration des Eaux, Forêts et Chasse dénombre l’augmentation des incidents armés avec à la clé des confrontations violentes avec les forces de l'ordre. Elle note aussi la dégradation accélérée des forêts qui est la conséquence de la déforestation massive, des feux d'origine criminelle et de la pollution. La situation a des répercussions sur les populations, qui sont souvent contraintes de quitter les lieux de tension, et menacées par l’insécurité alimentaire. La menace va jusqu’à la remise en cause du contrôle étatique, ce qui constitue une grave menace sur la souveraineté nationale.

Riposte

La réponse de l’Etat béninois, face à ces phénomènes grandissants, ne s’est pas fait attendre. Le gouvernement a commencé sa riposte par, entre autres, le renforcement du cadre institutionnel et du corpus législatif et règlementaire. Il a aussi accéléré le renforcement de capacités des agents assermentés à travers le recrutement, la formation, l’équipement ; la mise en place des cordons de sécurité, des patrouilles fréquentes, des enquêtes proactives, des sanctions dissuasives ; la promotion d’activités alternatives ; l’élaboration et la mise en œuvre de plan d’aménagement ; la sensibilisation et l’implication des communautés dans la lutte, dans une approche de gestion participative.

Dans les parcs, il y a eu un renforcement de la sécurité opérationnelle. Par exemple, des patrouilles mixtes (terrestres, aériennes) et spécialisées sont désormais effectuées. Des unités d'intervention rapide en milieu forestier ont vu le jour et les contrôles sont accrus aux points stratégiques et au niveau des frontières. Les nouvelles technologies sont aussi mises à contribution dans la lutte. Les éléments au front bénéficient, en effet, d’un appui technologique alliant drones, imagerie satellite, capteurs pour la détection précoce et bien d’autres équipements de pointe.

Dans un tel contexte d’insécurité où la gestion durable de ces écosystèmes pourrait être impactée, l’Etat béninois et l’administration forestière ont été encouragés à poursuivre les opérations coordonnées, organiser des ratissages fréquents dans les parcs nationaux et les forêts classées, renforcer le renseignement communautaire et  l’utilisation des technologies de pointe, promouvoir la coopération entre les différentes forces et accroître le recrutement et la formation des personnels. Une action régionale est aussi recommandée. A cet égard, il est suggéré, entre autres, la mise en place d’un mécanisme de soutien mutuel et de suivi des accords existants en matière de sécurité et de lutte anti-braconnage.