Dans une courte déclaration, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies et Coordonnateur des secours d’urgence, au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Martin Griffith, a exprimé sa plus vive inquiétude au sujet de l’évolution du conflit au Soudan.
« Les combats intenses qui ont ravagé la capitale Khartoum et le Darfour se sont étendus au Kordofan. Dans la capitale du Kordofan Sud, Kadugli, les stocks de nourriture ont été entièrement épuisés, tandis que les affrontements et les barrages routiers empêchent les travailleurs humanitaires d’atteindre les personnes affamées. Dans la capitale du Kordofan occidental, El Fula, les bureaux humanitaires ont été saccagés et les fournitures pillées ». Le Britannique est également très préoccupé par la sécurité des civils dans l’État d’Al Jazira, alors que le conflit se rapproche du grenier à blé du Soudan.
Selon les derniers chiffres de l’Onu, plus de 3,6 millions de personnes se sont déplacées à l’intérieur du Soudan pour fuir les combats. Près d’un million d’autres ont fui au-delà de ses frontières, particulièrement au Tchad et en Egypte mais aussi en Centrafrique, en Ethiopie, et au Sud-Soudan. Les communautés d’accueil sont désormais en difficulté. Un conflit prolongé au Soudan pourrait faire basculer toute la région dans une catastrophe humanitaire. D’après le chef d’Ocha, « un conflit de longue durée entraînera certainement la perte d’une génération d’enfants, car des millions d’entre eux n’auront pas accès à l’éducation, subiront des traumatismes et porteront les cicatrices physiques et psychologiques de la guerre ». James Elder, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), a déclaré que deux millions d’enfants avaient été déplacés depuis le début du conflit. Des informations selon lesquelles des enfants seraient utilisés dans les combats inquiètent les responsables de plusieurs agences du système des Nations Unies.
Urgence sanitaire
Après quatre mois de conflit au Soudan, l’insécurité et l’accès limité aux médicaments, aux fournitures médicales, à l’électricité et à l’eau continuent de poser un problème pour prodiguer des soins dans les États directement touchés par le conflit. Les structures médicales situées dans les zones qui ne sont pas affectées par les combats, sont dépassées par l’afflux de personnes déplacées et le manque de matériel. Selon le Comité Préliminaire du Syndicat des médecins soudanais, 67 % (60 sur 89) des principaux hôpitaux des régions touchées, comme Khartoum, le Kordofan et le Darfour, étaient totalement hors service au 31 mai.
Avec le début de la saison des pluies, il existe un risque accru d’épidémies de maladies transmises par l’eau. Des cas de malnutrition aiguë sévère, de dengue, de rougeole et de diarrhée aqueuse aiguë sont signalés dans différents États. De plus, entre le 15 avril et le 11 août, 53 attaques contre des installations médicales ont été constatées, entraînant le décès de 11 personnes et causant 38 blessés. L’Organisation mondiale de la Santé (Oms) condamne avec la plus grande fermeté la multiplication de ces actes et l’occupation des établissements de santé.
Le porte-parole d’Ocha à Genève, Jens Laerke, a rappelé qu’un vaste appel humanitaire de 2,6 milliards de dollars avait été lancé et qu’il est actuellement financé à hauteur de 26 %, soit 666 millions de dollars.