La Nation Bénin...
Dans
un nouveau document, l'Organisation internationale du Travail (Oit) sonne
l’alarme au sujet des conséquences du travail exercé dans une chaleur
excessive. À l'échelle mondiale, cela représente 70 % de la population active
soit, 2.41 milliards de travailleurs. Face à ces constats alarmants,
l’organisation considère que la lutte contre le stress thermique doit devenir
une priorité mondiale, intégrant des actions préventives, une législation
adéquate et une collaboration internationale renforcée pour garantir la
sécurité et la santé des travailleurs.
Alors
que les températures mondiales continuent d'augmenter en raison du changement
climatique, des vagues de chaleur plus fréquentes et plus sévères sont prévues.
Le rapport de l’Oit intitulé "Heat at work: Implications for safety and
health" (La chaleur au travail : Implications pour la sécurité et la
santé), alerte sur l'augmentation inquiétante du nombre de travailleurs exposés
au stress thermique à travers le monde.
Les
nouvelles données de l'Oit révèlent que les régions non habituées aux chaleurs
extrêmes feront face à des risques accrus, tandis que les travailleurs des
climats déjà chauds devront affronter des conditions de plus en plus
périlleuses. Le stress thermique peut provoquer rapidement des maladies, des
coups de chaleur, voire la mort. À long terme, il peut aussi entraîner de
graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux.
Le
rapport indique que les travailleurs d'Afrique, des États arabes et de la
région Asie-Pacifique sont les plus exposés à des températures élevées, avec
des chiffres bien supérieurs à la moyenne mondiale. En Afrique, 92,9 % de la
main-d'œuvre est affectée par la chaleur excessive, un taux qui inclut la plus
grande proportion d'accidents du travail dus à ce facteur, soit 7,2 %. Dans les
États arabes, on atteint 83,6 %.
Dégradation
des conditions de travail
L'Europe et l'Asie centrale connaissent la plus forte progression de l'exposition à la chaleur excessive, avec une augmentation de 17,3 % entre 2000 et 2020, soit près du double de la moyenne mondiale. Parallèlement, les Amériques, ainsi que l'Europe et l'Asie centrale, enregistrent les plus fortes hausses des accidents du travail dus au stress thermique, avec des augmentations respectives de 33,3 % et 16,4 % depuis 2000.
En
2020, environ 4 200 travailleurs dans le monde ont perdu la vie à cause de la
chaleur. Au total, 231 millions de travailleurs ont été exposés à ces
températures excessives, une augmentation de 66 % par rapport à l’année 2000.
Pourtant, le rapport souligne que neuf travailleurs sur dix sont exposés à une
chaleur excessive en dehors des vagues de chaleur, et que huit accidents du
travail sur dix liés à la chaleur extrême surviennent également hors de ces
périodes.
Le
rapport estime qu'améliorer les mesures de sécurité et de santé pour prévenir
les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail pourrait
permettre d'économiser jusqu'à 361 milliards de dollars à l'échelle mondiale
correspondant aux pertes de revenus et frais médicaux. Cela pourrait
représenter jusqu'à 1,5 % du Pib national de certains pays.
Le
rapport examine les mesures législatives dans 21 pays afin d'identifier des
caractéristiques communes pour la création de plans de sécurité thermique
efficaces sur le lieu de travail. Il décrit les concepts clés d'un système de
gestion de la sécurité et de la santé visant à protéger les travailleurs contre
les maladies et blessures liées à la chaleur.
Les
conclusions du rapport font écho à une publication d’avril 2024, qui soulignait
que le changement climatique créait un "cocktail" de risques sanitaires
graves pour environ 2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur
excessive, responsable de 22,85 millions d'accidents du travail et de la perte
de 18 970 vies chaque année