La Nation Bénin...
Le concept de la Responsabilité sociétale
des entreprises (Rse) au Bénin entre progressivement dans les habitudes même si
des efforts sont attendus. La volonté politique et un engagement soutenu des
entreprises peuvent faciliter son enracinement. Le Bénin travaille sur le
processus d’élaboration d’une politique Rse et l’année 2024 pourrait consacrer
l’aboutissement de cet outil de performance économique qui intègre les
préoccupations sociales et environnementales. C’est l’espoir que nourrit Léon
Anjorin Koboudé, président de l’Association Rencontre de la Responsabilité
sociétale des entreprises. Il évoque ici les enjeux et intérêts de la Rse.
La Nation : La responsabilité sociétale
des entreprises (Rse) entre de plus en plus dans les habitudes au Bénin, quel
regard portez-vous sur ce concept ?
Léon Anjorin Koboudé : La responsabilité
sociétale des entreprises (Rse) est l’intégration volontaire des préoccupations
sociales et environnementales des entreprises à leurs activités commerciales et
leurs relations avec les clients. Elle est l’ensemble des pratiques mises en
place par les entreprises dans le but de respecter les principes du
développement durable non seulement pour avoir un impact positif sur la
société, mais aussi pour mieux respecter l’environnement. C’est la prise en
compte du développement durable dans les activités de l’entreprise. Au Bénin,
la Rse a beaucoup progressé ces cinq dernières années. Il y a des entreprises,
notamment celles qui sont des filiales de grands groupes internationaux, qui,
grâce aux orientations de leurs sièges, font une certaine pratique de la
Responsabilité sociétale des entreprises (Rse) conformément à l’environnement
social, écologique, voire économique du Bénin. Il y a une progression en
matière de compréhension des enjeux. Il y a plus de volonté et d’engagement des
managers. Au niveau des entreprises purement béninoises, on note aussi une
certaine volonté à mieux comprendre la Rse et à la mettre en pratique.
Toutefois, il faut plus de formations pour mieux promouvoir ce concept et plus
de volonté politique pour accompagner les efforts. Le contexte béninois est de
plus en plus favorable à la pratique de la Rse, parce qu’il y a deux ans, le
ministère en charge du Développement, qui a le lead au niveau des acteurs
étatiques sur les questions de la Rse, a permis aux acteurs du secteur privé
d’avoir une charte de la Rse. Au moment où je vous parle, on est dans un
processus d’élaboration d’une politique Rse. En 2024, il y a de fortes chances
que nous ayons enfin une politique nationale en matière de Rse. Cet outil
pourra valablement inciter les acteurs du secteur privé et bien d’autres, à
être actifs sur la question de la Rse.
Qu’est-ce qui a changé dans les habitudes
après des années d’explications, de rencontres et d’échanges sur le concept ?
Aujourd’hui, c’est l’envie de mieux s’imprégner
des questions de la Responsabilité sociétale des entreprises et de vouloir
pratiquer ce concept. C’est aussi l’envie de comprendre les enjeux économiques
relatifs à une bonne pratique de la Rse. Nous continuons toujours à expliquer
aux acteurs des entreprises qu’une bonne pratique de la Rse, passe par la
maitrise des risques et des matières premières. Cela implique un bon
relationnel avec les salariés, les fournisseurs et les clients. Tout cela mis
ensemble permet à l’entreprise d’avoir une Rse économiquement intéressante pour
elle ; une Rse qui contribue à sa stratégie de croissance. Le changement qu’on
note aujourd’hui auprès des chefs d’entreprise au Bénin, c’est la meilleure
compréhension des enjeux de la Rse. Et cela est plutôt une bonne chose. Il faut
dire que le contexte béninois est aussi marqué par des initiatives
intéressantes. Je veux parler des espaces de la société civile faisant la
promotion de la Rse… Toutes choses qui encouragent cette pratique au Bénin.
Quel est l'impact de la pratique ?
Une entreprise qui met en pratique la Rse doit
savoir que ce n’est pas simplement du social, ou pour faire du marketing. Ce
n’est pas non plus des fonds perdus. Avant de faire la Rse, il faut se référer
à des professionnels qui viennent vous faire un bon diagnostic et sont capables
de vous expliquer les enjeux économiques, environnementaux et sociaux de la
Rse. Le consultant peut vous amener à accepter les diagnostics, les résultats
et à avoir une technique de mobilisation des parties prenantes afin d’élaborer
une stratégie et d’avoir in fine, une démarche de la Rse. Les actions menées
dans le cadre d’une politique Rse notamment en matière d’achat responsable,
participent à une relation saine et équilibrée avec les fournisseurs.
Par exemple, une entreprise qui maitrise les
risques liés aux matières premières va pouvoir faire des projections dans le
futur pour voir comment ces matières premières vont évoluer en termes de
disponibilité. Si une entreprise qui est dans la confection de meubles n’a pas
une idée claire de la disponibilité du bois et ne dispose pas d’une politique
de reboisement, elle peut fermer au bout de quelques années. Une entreprise de
brasserie qui n’a pas une politique clairement définie en matière d’approvisionnement
en eau peut avoir quelques soucis au bout de quelques années. L’intérêt, c’est
aussi de montrer que la Rse peut aider à maitriser les risques et à avoir une
idée claire des matières premières et de leur disponibilité afin d’apprécier
s’il faut participer au renouvellement desdites matières premières. Les
entreprises engagées dans la Rse doivent développer de saines relations avec
les clients en plus d’avoir une communication et un marketing très transparent
avec eux. Il est loisible aujourd’hui à des consommateurs de vérifier ce que
disent les entreprises, de fouiller pour relever leurs incohérences…
Donc c’est important de savoir que vous avez
des stratégies très claires avec vos parties prenantes qui sont des salariés,
les clients, les fournisseurs et les hommes qui sont dans l’environnement
immédiat de l’entreprise. La Rse, c’est vraiment un outil de performance
économique et un outil de croissance dans la stratégie de développement de
l’entreprise.