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Valorisation de l’industrie locale: le préfet de l’Atacora recommande le port de la tenue traditionnelle locale

Région
Lydie Déré Chabi Nah et Conrad Gbaguidi Lydie Déré Chabi Nah et Conrad Gbaguidi

La valorisation des talents des artisans passe par un soutien actif à leur travail. Une idée défendue par la préfète de l’Atacora. À l’endroit des agents de l’administration communale, déconcentrée et de la préfecture, Lydie Déré Chabi Nah recommande de s’habiller, chaque jeudi, en tenue traditionnelle locale afin de promouvoir le mode vestimentaire made in Bénin.

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 16 avr. 2025 à 22h44 Durée 3 min.
#développement de l’industrie locale

Dans le souci de valoriser le savoir-faire des artisans et de promouvoir le riche patrimoine culturel béninois, Lydie Déré Chabi Nah, préfète du département de l’Atacora, recommande le port de la tenue traditionnelle locale (pagne tissé, indigo, tissu teinté) tous les jeudis. Cette recommandation, adressée aux agents de l’administration communale, déconcentrée et publique du département, vise à soutenir les artisans qui révèlent le Bénin à travers leurs talents et leur créativité. Elle s’inscrit dans une démarche de valorisation de l’industrie locale et du style vestimentaire national.

Une note de service référencée n° 2/Pda/2025D/567/Sgd/Sa en date du 14 avril 2025, ainsi que deux lettres circulaires respectivement n° 2/Pda/2025D/581/Sgd/Sa (à l’attention des membres de la Conférence administrative départementale - CAD) et n° 2/Pda/2025D/582/Sgd/Sa (adressée à tous les maires de l’Atacora), portant sur le port de la tenue traditionnelle tous les jeudis, expriment l’esprit de cette initiative. L’idée est de renforcer « notre identité culturelle » et s’inscrit dans la volonté du gouvernement béninois d’encourager les initiatives locales de développement et de préserver les acquis culturels du pays. Ces actes préfectoraux ne sont toutefois pas contraignants ; ils incitent simplement à adopter ce mode vestimentaire dans une perspective de soutien à l’économie locale.

L’impact attendu est la création d’emplois et de richesse dans le secteur de l’artisanat. En décidant d’apporter leur soutien aux artisans, chaque agent devient acteur de cette dynamique économique et culturelle.

Lors d’une tournée dans le département, à Natitingou, à l’occasion du lancement des activités des membres du Conseil économique et social, coordination Atacora, le président de l’institution, Conrad Gbaguidi, a lui aussi encouragé cette initiative. Il a proposé que la valorisation du mode vestimentaire made in Bénin contribue à faire tourner l’industrie locale « 24h/24 et 365 jours par an ». Il a également rassuré qu’une concertation serait menée avec la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (CCIB) afin d’assurer le bon fonctionnement des industries locales pour une meilleure participation à la croissance économique du pays. « Nous allons faire en sorte que cela puisse tourner de cette manière-là. Nous allons travailler à l’ouverture des marchés, et ce sera plus facile de drainer la production », a-t-il souligné.

Un soutien intellectuel et culturel

« L’appel du préfet, que je soutiens absolument pour sa justesse, est légitime. Le tissu traditionnel, utilisé par la plupart des groupes sociolinguistiques de l’Atacora (Est, Centre et Ouest) dans les rites de la condition humaine (naissance, socialisation, enterrement, ancestralisation), symbolise, par ses couleurs (généralement noir et blanc, sans exclure les autres pour des raisons esthétiques), la nécessité pour l’être humain, dans des conditions sociales difficiles (le noir, couleur de l’obscurité), de transcender les épreuves existentielles par un retournement positif (le blanc, couleur de la lumière) », a analysé le professeur N’Koué Emmanuel Sambiéni, de l’Université de Parakou.

Et de rappeler que « le secteur de l’artisanat emploie une majorité de jeunes, de femmes et de personnes issues de catégories sociales vulnérables. Il mérite donc un soutien accru, surtout en cette période où l’agriculture devient de plus en plus élitiste et peu rentable en raison de la dégradation des sols ».