La Nation Bénin...
Les
femmes sont davantage touchées par la dépression que les hommes. Selon les
statistiques de l’Oms, la dépression est 50 % plus courante chez la femme que
chez l’homme. Dans le monde, plus de 10 % des femmes enceintes et des femmes
qui viennent d’accoucher souffrent de dépression. Kouassi Comlan, psychologue
clinicien, éclaire sur cette maladie silencieuse et propose des pistes de prise
en charge et de prévention adaptées à la réalité féminine.
La
dépression touche toutes les catégories de personnes, mais les femmes y sont
particulièrement vulnérables. Une étude approfondie de ses patients par le
psychologue clinicien Kouassi Comlan montre que les raisons de cette différence
reposent sur une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et
sociaux.
Sur
le plan biologique, les fluctuations hormonales jouent un rôle prépondérant. Le
cycle menstruel, la grossesse, l’accouchement et la ménopause sont autant
d’étapes qui affectent l’équilibre émotionnel des femmes. À cela s’ajoute une
possible prédisposition génétique.
«
Les antécédents familiaux de dépression sont courants chez mes patientes, ce
qui indique souvent une composante héréditaire », souligne le psychologue.
D’un point de vue social, les attentes envers les femmes, souvent irréalistes, accentuent leur vulnérabilité. « Certaines femmes se sentent accablées par le poids des responsabilités multiples, qu’il s’agisse de gérer une carrière, une famille ou de répondre aux exigences sociétales », explique Kouassi Comlan. De plus, elles sont plus susceptibles d’être confrontées à des traumatismes comme la violence domestique ou le harcèlement, des expériences qui favorisent l’apparition de troubles dépressifs.
Une prise en charge sur mesure
La
dépression n’est pas une fatalité, elle peut être traitée efficacement avec une
approche adaptée. A son cabinet, Kouassi Comlan privilégie des approches
thérapeutiques d’orientation humaniste. Ces méthodes incluent la thérapie
d’acceptation et d’engagement (Act), les thérapies narratives, la
Gestalt-thérapie, ainsi que des techniques énergétiques telles que
l’Eft-clinique et le Reiki.
«
Chaque femme est unique, c’est pourquoi nous élaborons des programmes
personnalisés en tenant compte de l’histoire de la patiente, de sa personnalité
et de son contexte social », explique le psychologue. En complément, des
changements dans le mode de vie, comme une alimentation équilibrée et la
pratique régulière d’une activité physique, contribuent à améliorer l’état
général des patientes.
Les
traitements conventionnels, tels que la thérapie cognitivo-comportementale
(Tcc) et les antidépresseurs, restent également des solutions efficaces pour
réduire les symptômes dépressifs. « Mais l’essentiel est d’instaurer un suivi
global qui prend en compte aussi bien l’esprit que le corps», ajoute-t-il.
Prévenir pour mieux vivre
La
prévention reste un levier puissant pour réduire les risques de dépression.
Kouassi Comlan recommande deux approches principales à savoir d’une part, la
pratique d’activités plaisantes:
«
Identifier et s’investir dans des activités qui procurent de la joie est
essentiel pour maintenir une bonne santé mentale. Si une femme ne sait pas ce
qui lui fait plaisir, elle peut expérimenter plusieurs activités pour découvrir
celles qui lui apportent des émotions positives », conseille le spécialiste et
d’autre part, l’adoption d’un rythme de vie équilibré : Organiser son quotidien
est un élément clé pour réduire le stress. Une routine qui inclut des moments
de travail, de repos, de loisirs et une alimentation saine est essentielle. Le
psychologue propose également la pratique de la cohérence cardiaque, un
exercice de respiration de 5 minutes à effectuer trois fois par jour. « Cet exercice
améliore la gestion du stress et favorise l’équilibre émotionnel en régulant
des fonctions automatiques telles que la fréquence cardiaque et la respiration
», explique-t-il.
La
dépression féminine est un défi de santé publique qui mérite une attention
particulière. « Comprendre les facteurs spécifiques qui rendent les femmes
vulnérables est la clé pour les accompagner efficacement », conclut Kouassi
Comlan.
Au-delà des solutions médicales et psychologiques, la société dans son ensemble a un rôle à jouer pour alléger les pressions exercées sur les femmes. En valorisant leurs efforts, en réduisant les attentes irréalistes et en soutenant leur santé mentale, il est possible d’œuvrer à un avenir où moins de femmes seront confrontées à cette maladie silencieuse mais dévastatrice.