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L’infertilité reste l’un des problèmes de santé les plus déstabilisants pour les couples. Selon Docteur Cédric Koussihouédé, gynécologue obstétricien, cette condition, longtemps stigmatisée et mal comprise, mérite d’être abordée avec rigueur, compassion et méthode.
L’infertilité, explique le spécialiste, est l’incapacité pour un couple d’obtenir une grossesse après 12 mois de rapports sexuels réguliers (au moins trois fois par semaine) et non protégés. Au-delà de ce délai, une consultation médicale s’impose. Cette situation peut être source de détresse psychologique, de tensions conjugales et de stigmatisation sociale, particulièrement dans les contextes où la maternité ou la paternité est perçue comme essentielle à l’identité.
Des causes partagées entre homme et femme
« Contrairement à certaines idées reçues, l’infertilité
est un problème de couple, pas seulement un souci féminin. Dans environ 50 %
des cas, l’origine est féminine ; l’autre moitié est masculine ou mixte »,
confie Docteur Cédric K.
Chez la femme, les principales causes sont : les troubles
de l’ovulation (dysovulation), l’obstruction des trompes (occlusion tubaire),
l’endométriose, les anomalies utérines et cervicales (fibromes, malformations).
Chez l’homme, les causes fréquentes incluent : la
varicocèle, une dilatation des veines testiculaires affectant la qualité du
sperme, l’ectopie testiculaire (testicules non descendus, les infections
anciennes (comme les oreillons), une faible production ou une mauvaise
morphologie des spermatozoïdes.
Le parcours diagnostique : un bilan à deux
Le gynécologue indique que l’approche médicale commence
par un interrogatoire approfondi au couple, suivi d’un examen clinique des deux
partenaires. Ensuite viennent les analyses :
« On procédera chez la femme à une échographie pelvienne,
une hystérosalpingographie (examen des trompes), une hystéroscopie (inspection
de l’utérus avec une caméra) et un bilan hormonal complet. »
Chez l’homme, il est plutôt question de spermogramme/spermocytogramme (analyse de la qualité et quantité des spermatozoïdes), de spermoculture + antibiogramme (recherche d’infections) et en cas d’anomalie, d’une échographie testiculaire suivie d’un bilan hormonal.
Des traitements adaptés aux causes
Selon le diagnostic posé, les traitements seront différents : Pour les troubles de l’ovulation: stimulation ovarienne, pour les trompes bouchées : hydrotubation ou chirurgie, en cas de varicocèle chez l’homme : intervention chirurgicale urologique. D’autres cas nécessitent une prise en charge spécialisée et multidisciplinaire, incluant parfois les techniques de procréation médicalement assistée (Pma).
Le poids du silence et le besoin d’accompagnement émotionnel
L’infertilité n’est pas qu’une question biologique. Elle
affecte le couple dans son intimité, sa stabilité, son image sociale. Dr
Koussihouedé insiste sur l’importance d’une gestion émotionnelle saine : « Il
faut éviter d’écouter les pressions de l’entourage, souvent toxiques. C’est
dans la solidarité du couple et la communication que réside une grande part de
la solution. »
Il rappelle que l’âge est un facteur crucial, surtout chez la femme après 35 ans, où la fertilité diminue naturellement. Chez l’homme, bien que l’âge soit moins impactant, certaines pathologies, comme la varicocèle, nécessitent une prise en charge urgente.
Entre espoir et responsabilité partagée
L’infertilité ne doit plus être un sujet tabou. C’est un
défi médical, psychologique et social qui mérite écoute, compréhension et
accompagnement. Avec un diagnostic précoce, un suivi médical approprié et un
soutien émotionnel solide, de nombreux couples retrouvent l’espoir d’avoir un
enfant. Et comme le dit si bien Dr Koussihouedé :
« Quand on connaît la cause, on peut souvent trouver la solution. ».
Quand consulter ?
Après 12 mois de rapports sexuels réguliers non protégés, sans grossesse.
Où consulter ?
Chez un gynécologue spécialisé en fertilité. Pour les hommes, une consultation urologique peut être indiquée.
À retenir :
L’infertilité est un problème de couple.
Elle peut être traitée dans de nombreux cas.
Ne pas attendre, surtout après 35 ans.