La Nation Bénin...
Les maladies chroniques, en forte augmentation à travers le monde, résultent d’un ensemble de facteurs personnels, environnementaux, comportementaux et systémiques. Tychique Nougbodé, expert en santé publique et kinésithérapeute au Cnhu-Hkm, apporte éclairage sur les causes, les impacts et solutions pour une meilleure prise en charge de ces pathologies de longue durée.
Une
maladie chronique est un dysfonctionnement qui affecte la santé humaine sur une
longue période. Selon Tychique Nougbodé, ces pathologies se développent sous
l’influence de plusieurs facteurs: mode de vie, alimentation, comportements,
environnement humain, social et culturel, ainsi que le système économique,
sanitaire et technologique du milieu de vie.
Il
existe quatre grands groupes de facteurs qui favorisent l’apparition des
maladies chroniques. Les facteurs personnels incluent des prédispositions
biologiques, physiopathologiques, psychologiques et génétiques. Les facteurs
comportementaux (alimentation, habitudes sexuelles, pratique du sport ou
sédentarité). Les facteurs environnementaux (conditions sociales, culturelles,
climatiques et géographiques influençant la santé). Et enfin les facteurs liés
au système : niveau d’éducation, infrastructures sanitaires, accès aux
soins et innovations technologiques.
L’exposition
à ces facteurs de risque joue un rôle déterminant dans l’apparition ou non des
maladies. Chaque pathologie ayant ses propres spécificités, il est difficile
d’établir une liste exhaustive des groupes les plus vulnérables.
Parmi
les maladies chroniques les plus fréquentes, Tychique Nougbodé cite les
affections cardiovasculaires, les maladies endocriniennes (dont le diabète) et
les cancers. Les affections respiratoires, les maladies neurodégénératives et
les troubles musculosquelettiques.
Les
conséquences des maladies chroniques sont multiples sur la santé : augmentation
de la mortalité, diminution de l’espérance de vie et du capital humain ;
sur l’économie : ralentissement de la croissance économique et pertes de
ressources humaines et sur le plan social: isolement des patients,
détérioration des relations humaines et augmentation des discriminations.
Tychique
Nougbodé insiste sur le rôle clé de l’éducation dans la prévention et la
gestion des maladies chroniques. L’éducation permet de transmettre des repères
essentiels sur la prévention primaire, la prise en charge et les soins
palliatifs si nécessaire. La sensibilisation, qu’elle soit individuelle ou
collective, est un moyen efficace d’anticiper et de prévenir ces pathologies.
Si
les campagnes de prévention sont fondamentales, elles restent souvent
insuffisantes. Selon l’expert, un changement de comportement réel ne peut être
obtenu que lorsque les populations prennent pleinement conscience des dangers
des maladies chroniques. Il est donc crucial d’intégrer les groupes vulnérables
et les acteurs clés dans ces initiatives.
Plusieurs
freins entravent la lutte contre les maladies chroniques : problèmes
humains (conflits d’intérêts, manque de personnel qualifié) ; manque de
ressources (limitations financières, matérielles et humaines.) ; système
de santé inefficace ; lenteur administrative et lourdeur des procédures.
Une
prise en charge efficace repose sur plusieurs piliers : l’éducation
thérapeutique du patient (Etp) : outil clé pour informer et accompagner les
patients dans leur traitement ; un suivi médical rigoureux pour adapter
les soins aux besoins individuels ; l’évaluation régulière du niveau de
santé du patient afin d’optimiser les traitements.
Intelligence
artificielle et santé digitale
Si les technologies numériques et l’Ia sont des opportunités pour améliorer la prévention et le suivi des maladies chroniques, le spécialiste souligne un défi majeur : « Il ne suffit pas d’avoir ces outils, encore faut-il que la population sache bien les utiliser». Une formation adéquate des utilisateurs est donc nécessaire pour maximiser leur impact. L’accès à l’information est un enjeu crucial dans la prise en charge des maladies chroniques. Pour cela, plusieurs canaux peuvent être exploités : éducation thérapeutique, médias traditionnels, réseaux sociaux et échanges directs avec les professionnels de santé.
Selon
Tychique Nougbodé, les pays ayant réussi à mieux gérer les maladies chroniques
ont imposé une discipline stricte à leurs populations en matière d’hygiène de
vie et d’observance des traitements. Il estime qu’une telle rigueur devrait
être adoptée au Bénin pour améliorer la prévention. Pour réduire l’impact des
maladies chroniques, il est essentiel d’adopter un mode de vie sain: éviter
l’exposition prolongée aux facteurs de risque. Adapter son comportement et son
environnement en fonction des pathologies. Mettre l’accent sur la prévention
primaire.
Le
rôle du patient est tout aussi déterminant. « Il doit s’impliquer totalement
dans son processus de soins, collaborer avec les professionnels de santé et
suivre les directives médicales», insiste l’expert.
Enfin, l’expert rappelle que la consommation d’alcool et de tabac est strictement déconseillée, ces substances aggravant considérablement de nombreuses maladies chroniques. En somme, la prévention, l’éducation à la santé et l’implication active des patients sont les clés pour mieux lutter contre les maladies chroniques. Une action concertée entre les autorités sanitaires, les professionnels de santé et la population est essentielle pour limiter leur progression et leurs impacts.