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Maladies chroniques liées au mode de vie: Une crise silencieuse de santé publique ?

Santé
Tychique Nougbodé, expert en santé publique et kinésithérapeute Tychique Nougbodé, expert en santé publique et kinésithérapeute

Les maladies chroniques, en forte augmentation à travers le monde, résultent d’un ensemble de facteurs personnels, environnementaux, comportementaux et systémiques. Tychique Nougbodé, expert en santé publique et kinésithérapeute au Cnhu-Hkm, apporte éclairage sur les causes, les impacts et solutions pour une meilleure prise en charge de ces pathologies de longue durée.

Par   Lhys DEGLA, le 05 févr. 2025 à 08h03 Durée 2 min.
#maladies chroniques

Une maladie chronique est un dysfonctionnement qui affecte la santé humaine sur une longue période. Selon Tychique Nougbodé, ces pathologies se développent sous l’influence de plusieurs facteurs: mode de vie, alimentation, comportements, environnement humain, social et culturel, ainsi que le système économique, sanitaire et technologique du milieu de vie.

Il existe quatre grands groupes de facteurs qui favorisent l’apparition des maladies chroniques. Les facteurs personnels incluent des prédispositions biologiques, physiopathologiques, psychologiques et génétiques. Les facteurs comportementaux (alimentation, habitudes sexuelles, pratique du sport ou sédentarité). Les facteurs environnementaux (conditions sociales, culturelles, climatiques et géographiques influençant la santé). Et enfin les facteurs liés au système : niveau d’éducation, infrastructures sanitaires, accès aux soins et innovations technologiques.

L’exposition à ces facteurs de risque joue un rôle déterminant dans l’apparition ou non des maladies. Chaque pathologie ayant ses propres spécificités, il est difficile d’établir une liste exhaustive des groupes les plus vulnérables.

Parmi les maladies chroniques les plus fréquentes, Tychique Nougbodé cite les affections cardiovasculaires, les maladies endocriniennes (dont le diabète) et les cancers. Les affections respiratoires, les maladies neurodégénératives et les troubles musculosquelettiques.

Les conséquences des maladies chroniques sont multiples sur la santé : augmentation de la mortalité, diminution de l’espérance de vie et du capital humain ; sur l’économie : ralentissement de la croissance économique et pertes de ressources humaines et sur le plan social: isolement des patients, détérioration des relations humaines et augmentation des discriminations.

Tychique Nougbodé insiste sur le rôle clé de l’éducation dans la prévention et la gestion des maladies chroniques. L’éducation permet de transmettre des repères essentiels sur la prévention primaire, la prise en charge et les soins palliatifs si nécessaire. La sensibilisation, qu’elle soit individuelle ou collective, est un moyen efficace d’anticiper et de prévenir ces pathologies.

Si les campagnes de prévention sont fondamentales, elles restent souvent insuffisantes. Selon l’expert, un changement de comportement réel ne peut être obtenu que lorsque les populations prennent pleinement conscience des dangers des maladies chroniques. Il est donc crucial d’intégrer les groupes vulnérables et les acteurs clés dans ces initiatives.

Plusieurs freins entravent la lutte contre les maladies chroniques : problèmes humains (conflits d’intérêts, manque de personnel qualifié) ; manque de ressources (limitations financières, matérielles et humaines.) ; système de santé inefficace ; lenteur administrative et lourdeur des procédures.

Une prise en charge efficace repose sur plusieurs piliers : l’éducation thérapeutique du patient (Etp) : outil clé pour informer et accompagner les patients dans leur traitement ; un suivi médical rigoureux pour adapter les soins aux besoins individuels ; l’évaluation régulière du niveau de santé du patient afin d’optimiser les traitements.

Intelligence artificielle et santé digitale

Si les technologies numériques et l’Ia sont des opportunités pour améliorer la prévention et le suivi des maladies chroniques, le spécialiste souligne un défi majeur : « Il ne suffit pas d’avoir ces outils, encore faut-il que la population sache bien les utiliser». Une formation adéquate des utilisateurs est donc nécessaire pour maximiser leur impact. L’accès à l’information est un enjeu crucial dans la prise en charge des maladies chroniques. Pour cela, plusieurs canaux peuvent être exploités : éducation thérapeutique, médias traditionnels, réseaux sociaux et échanges directs avec les professionnels de santé.

Selon Tychique Nougbodé, les pays ayant réussi à mieux gérer les maladies chroniques ont imposé une discipline stricte à leurs populations en matière d’hygiène de vie et d’observance des traitements. Il estime qu’une telle rigueur devrait être adoptée au Bénin pour améliorer la prévention. Pour réduire l’impact des maladies chroniques, il est essentiel d’adopter un mode de vie sain: éviter l’exposition prolongée aux facteurs de risque. Adapter son comportement et son environnement en fonction des pathologies. Mettre l’accent sur la prévention primaire.

Le rôle du patient est tout aussi déterminant. « Il doit s’impliquer totalement dans son processus de soins, collaborer avec les professionnels de santé et suivre les directives médicales», insiste l’expert.

Enfin, l’expert rappelle que la consommation d’alcool et de tabac est strictement déconseillée, ces substances aggravant considérablement de nombreuses maladies chroniques. En somme, la prévention, l’éducation à la santé et l’implication active des patients sont les clés pour mieux lutter contre les maladies chroniques. Une action concertée entre les autorités sanitaires, les professionnels de santé et la population est essentielle pour limiter leur progression et leurs impacts.