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Paludisme dans le monde: Entre résistance et changement climatique

Santé
En dépit des efforts, le taux de personnes victimes du paludisme grimpe En dépit des efforts, le taux de personnes victimes du paludisme grimpe

Malgré des avancées significatives dans l'accès aux moustiquaires imprégnées d'insecticide et aux médicaments préventifs pour le paludisme chez les jeunes enfants et les femmes enceintes, le Rapport 2023 de l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) sur le paludisme dans le monde met en lumière une augmentation des cas. En 2022, le nombre estimé à l’échelle mondiale a atteint 249 millions, dépassant de 16 millions le niveau pré-pandémique de 2019 (233 millions). Au moment où se tient la Cop28 à Dubaï, on constate que les effets du changement climatique représentent aussi un risque majeur pour les progrès de la lutte contre le paludisme.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 01 déc. 2023 à 02h13 Durée 4 min.
#Paludisme dans le monde #Entre résistance #Changement climatique

Le « Rapport sur le paludisme dans le monde 2023», met en évidence les multiples menaces qui pèsent sur la lutte mondiale contre le paludisme, allant de la résistance aux médicaments et aux insecticides aux crises humanitaires, en passant par les contraintes financières et les impacts du changement climatique.

Interrogé sur le Rapport, Dr Daniel Ngamije, directeur du programme mondial sur le paludisme à l'Organisation mondiale de la Santé (Oms) depuis avril 2023, déclare que « les variations de température, d'humidité et de précipitations influent sur le comportement et la survie du moustique anophèle, vecteur du paludisme ». Il ajoute que « les événements météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les inondations ont également un impact direct sur la transmission et la charge de morbidité ». A titre d’exemple, il cite le cas du Pakistan où les inondations de l’an dernier ont entraîné une multiplication par cinq des cas de paludisme dans le pays. Environ 2,6 millions de cas avaient été enregistrés en 2022 contre 500 000 en 2021.

Mortalité en hausse

La pandémie de Covid-19 a également entraîné des répercussions importantes sur les services de lutte contre le paludisme, causant une hausse des taux d'incidence et de mortalité. À l'échelle mondiale, cinq millions de cas supplémentaires ont été enregistrés en 2022 par rapport à l'année précédente. L’augmentation est particulièrement concentrée dans cinq pays à savoir le Pakistan, l'Éthiopie, le Nigeria, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l'Ouganda.

Cependant, dans les 11 pays les plus touchés par le paludisme, les taux de nouvelles infections et de décès se sont stabilisés après une augmentation initiale pendant la première année de la pandémie. Ces pays, soutenus par une approche de l’Oms intitulée "D'une charge élevée à un fort impact" , ont enregistré 167 millions de cas de paludisme et 426 000 décès en 2022. Mais les progrès vers les objectifs cruciaux de la stratégie mondiale antipaludique de l'Oms pour 2025 sont actuellement loin d'être en bonne voie.

Avancées

Le rapport souligne également des points positifs, notamment le déploiement progressif du premier vaccin antipaludique recommandé par l'Oms, le Rts, S/AS01, dans trois pays africains : le Malawi, le Ghana et le Kenya. Une évaluation rigoureuse a démontré une réduction substantielle du paludisme sévère et une baisse de 13 % des décès chez les jeunes enfants dans les zones où le vaccin a été administré. En octobre 2023, l'Oms a recommandé un deuxième vaccin antipaludique sûr et efficace, le R21/Matrix-M, ouvrant la voie à un renforcement de l'approvisionnement et à un déploiement à grande échelle en Afrique.

Des progrès sont également observés dans la voie vers l'élimination du paludisme dans de nombreux pays à faible charge de morbidité. En 2022, 34 pays ont signalé moins de 1 000 cas, marquant une avancée significative depuis l'an 2000.

Besoins

Malgré ces avancées, le rapport souligne la nécessité d'un changement substantiel dans la lutte contre le paludisme, avec un financement accru, un engagement politique renforcé, des stratégies basées sur des données et des outils innovants. Le Dr Ngamije souligne « un déficit de financement de 3 milliards de dollars pour mener efficacement la lutte contre le paludisme ». Les besoins annuels étaient estimés à 6,8 milliards de dollars en 2020, devant atteindre 9,3 milliards de dollars en 2025. Selon lui, « un engagement de l'ensemble de la société est crucial pour élaborer des approches intégrées et progresser vers un avenir sans paludisme ».