La Nation Bénin...
‘’L'urgence d'aujourd'hui : Le sida à la croisée des chemins’’, le rapport mondial actualisé sur le sida 2024 marque un tournant décisif dans la lutte contre cette pandémie. Il en ressort que la pandémie du sida pourrait être éradiquée d'ici 2030.
Le nouveau rapport de l’Onusida montre que la pandémie du sida peut prendre fin d’ici 2030 à condition que les leaders renforcent les ressources et protègent les droits humains dès maintenant. Parmi les 39,9 millions de personnes vivant avec le Vih, environ 9,3 millions ne bénéficient toujours pas de traitement vital. Des progrès importants sont observés dans certaines régions, comme en Afrique de l'Ouest où le nombre de nouvelles infections a chuté de 46 % entre 2010 et 2023.
Il
y a dix ans, un rapport de Médecins Sans Frontières décrivait l’Afrique de
l’Ouest et du Centre comme étant "laissée en arrière" dans la lutte
contre le Vih. Aujourd’hui, malgré des contextes politico-sécuritaires tendus
dans de nombreux pays, ainsi que l'impact durable de la pandémie de Covid-19,
la région présente des résultats encourageants, tant sur la réduction des
nouvelles infections que sur l'accès aux traitements.
Entre 2010 et 2023, le nombre de nouvelles infections du Vih en Afrique de l’Ouest et du Centre a baissé de 46 %. Cependant, les taux d'infection restent préoccupants parmi les populations clés, notamment chez les adolescentes et les jeunes femmes. En 2023, ces dernières, âgées de 15 à 24 ans, représentaient 19 % des nouveaux cas d’infections dans la région. Plus alarmant encore, en 2022, huit nouvelles infections sur 10 dans cette tranche d’âge concernaient les jeunes filles, contre seulement 2 sur 10 pour les jeunes garçons.
Des progrès significatifs ont également été réalisés en matière d'accès aux traitements. Depuis 2015, le nombre d'adultes sous traitement antirétroviral a plus que doublé. A ce jour, 81 % des personnes vivant avec le Vih connaissent leur statut, 76 % d'entre elles suivent un traitement, et 70 % ont une charge virale indétectable. Certains pays, comme le Burundi et la République démocratique du Congo, sont proches d'atteindre les objectifs mondiaux 95-95-95 concernant le dépistage et le traitement du Vih pour la population adulteLe nombre de décès liés au sida a également chuté de 55 % entre 2010 et 2023 dans la région. Toutefois, le Vih pédiatrique demeure une priorité absolue. En 2023, seuls 35 % des enfants vivant avec le Vih bénéficiaient d’un traitement. De plus, bien que la région compte 20 % des femmes enceintes vivant avec le Vih dans le monde, plus de la moitié d’entre elles n’ont pas accès aux traitements antirétroviraux nécessaires.
Des
efforts sont en cours pour réduire la stigmatisation et la discrimination,
notamment par des réformes légales dans plusieurs pays. Cependant, les
attitudes discriminatoires persistent : au Gabon, 33 % de la population
manifestent des attitudes discriminatoires envers les personnes vivant avec le
Vih, tandis qu’en Mauritanie, ce chiffre atteint 79 %. Par ailleurs, l’accès au
dépistage du Vih reste limité pour les jeunes de moins de 18 ans dans 10 pays
de la région, en raison des restrictions liées au consentement parental.
Malgré une baisse globale des ressources consacrées au Vih, l’Afrique de l’Ouest et du Centre a vu une augmentation de 10 % de ces ressources en 2023, principalement grâce à une hausse des financements internationaux. Malheureusement, les ressources domestiques ont, quant à elles, reculé de 3 %, accentuant ainsi la dépendance de la région vis-à-vis des donateurs externes.
L'Onusida
propose une nouvelle approche holistique pour assurer la durabilité de la
riposte au Vih. Celle-ci repose sur cinq piliers : un leadership politique
fort, des lois et politiques favorables, un financement durable et équitable,
des services Vih fondés sur des preuves scientifiques et des systèmes capables
de garantir des résultats concrets.
Selon
la directrice régionale Onusida Afrique de l’Ouest et du Centre, Berthilde
Gahonyayire, ce rapport, intitulé "L’urgence du moment : le sida à la
croisée des chemins", confirme qu’un engagement politique fort, combiné à
une expertise technique et une mobilisation communautaire, est essentiel pour
accélérer les progrès vers l'élimination de la transmission verticale du Vih.
En intensifiant les efforts de prévention, en éliminant les inégalités de
genre, et en luttant contre la stigmatisation et la discrimination, nous
pourrons atteindre l'objectif d'éradiquer le sida d'ici 2030■