La Nation Bénin...
Selon
l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), la santé mentale est un « état de
bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux
difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière
productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Les parents ont donc pour rôle de veiller au bien-être général et à la santé
globale de l’enfant depuis sa petite enfance pour ainsi créer et cultiver les
conditions adéquates à son équilibre et à son épanouissement. Nadia Fagnissè
Délé, coach juvénile et formatrice en parentalité positive aborde la question
dans cette interview.
Il est vrai que le passage à l’adolescence est une étape qui mérite une attention soutenue car elle s’accompagne de profonds bouleversements au plan psychique, physique, émotionnel et hormonal, mais se préoccuper de la santé mentale à cette étape me semble tardif. Il faut s’y intéresser dès les premières années de vie, et même depuis la vie intra utérine. Si un enfant a été témoin ou sujet de violence dans la petite enfance, les séquelles restent perceptibles à l’adolescence et plus tard et peuvent impacter la personnalité entière de cette personne.
Le parent est le principal acteur de la santé mentale de son/ses enfants. A ce titre, le parent doit s’assurer de procurer à l'enfant une atmosphère familiale sûre et rassurante. Offrir régulièrement une écoute active et attentive. Lui apprendre à exprimer ses émotions sans crainte d’être jugés ou critiqués et accueillir donc ses émotions.
Les activités sur les réseaux sociaux, le changement de fréquentations, l’isolement et le refus de communiquer, le recours à l’agressivité et/ou la violence verbale ou physique, les changements d’humeur brusques et fréquents, les désordres alimentaires, une perte ou une prise de poids extrême, des problèmes à l’école en matière d’apprentissage ou de comportements, les perturbations importantes de sommeil, l’exposition ou le recours à la consommation fréquente d’alcool ou de substances psychoactives sont quelques signes qui doivent attirer l’attention du parent qui, dans un premier temps, peut chercher à s’enquérir des causes de ces états avant de rechercher de l’aide auprès de professionnels s’il se bute à un rejet ou de l’incompréhension.
Tout au long de la vie de l’enfant, le parent gagnerait à entretenir une communication équilibrée et saine avec l’enfant, qui soit exempte de jugements et de critiques constantes et non constructives, de sorte que l’enfant garde à l’esprit d’être écouté sans être jugé et stigmatisé. C’est un exercice pas très aisé pour certains parents mais les résultats sont probants sur la relation parent-enfant lorsque le parent y consent. En raison des spécificités liées à l’adolescence, il est parfois normal que l’enfant cherche à établir une certaine distance entre lui et sa famille mais le parent doit maintenir les voies de la communication ouvertes. Si l’enfant sent et sait que vous l’écouterez avec attention et que vous tiendrez compte de ses points de vue, vous maintiendrez une relation saine et il aura tendance à vous parler des choses importantes plutôt que de rechercher les opinions des amis, souvent pas mieux informés.
Quelques
pistes pour y arriver : Parlez-lui de ses sujets d’intérêt (projets,
passe-temps, activités et autres). Si vous êtes passionné de football et pas
lui, n’essayez pas de lui imposer vos choix. Parlez-lui avec respect. Ne
rejetez pas ses sentiments ou ses opinions sans égard. Discutez et trouvez des
compromis. Prenez ses préoccupations au sérieux sans banaliser ses états d’âme.
Soyez brefs. Les parents ne s’en doutent pas toujours mais les adolescents ne
restent pas concentrés sur de longues conversations. Tenez-vous-en à l’essentiel
sinon ils n’écoutent plus. Soyez empathique et honnête. Il est important de se
mettre à la place de l’adolescent pour mieux comprendre ses préoccupations et
se remémorer sa propre adolescence avec honnêteté pour offrir des pistes de
solutions à votre enfant. Ne décidez pas à sa place. Prenez l’habitude de le
guider avec intelligence et de l’encourager à proposer des solutions en cas de
difficultés; il s’en sentira valorisé.
De nombreux parents banalisent souvent ces questions en ce qui concerne les enfants et les adolescents. Mais bien des situations du quotidien (examens, deuil, conflits, séparation, divorces etc…) sont source de stress et d’anxiété pour eux et ce, à tout âge. Comprendre et accepter l’anxiété chez l’adolescent est crucial pour lui fournir le soutien adéquat. Les stratégies peuvent être d’encourager la verbalisation et la validation des émotions ; de rester à l’écoute des besoins de l’adolescent ; d’instaurer et maintenir des habitudes de vie saines et de routines rassurantes (alimentation, exercice physique, sommeil); de proposer des activités créatives ou artistiques apaisantes en conformité avec la nature de l’enfant (musique, dessin, lecture, chant, peinture etc…).
Lorsque les signes énumérés plus haut semblent persister. Aussi, si l’adolescent a des propos morbides ou suicidaires ou s’il s’inflige des blessures ou des violences, s’il tient des propos haineux ou s’enferme dans une léthargie inexpliquée, faites-vous aider sans attendre. Aujourd’hui, la santé mentale est un sujet qui ne devrait plus être tabou et il est loisible à toutes personnes de rechercher de l'information et de l'aide adéquate auprès des institutions (centres de santé, centres de promotion sociale, assistants sociaux etc…) ou de solliciter des professionnels privés (coachs, thérapeutes et autres) pour un accompagnement approprié