La Nation Bénin...
Qu’il
s’agisse de la migration interne pour évaluer la répartition de la population
entre les départements, ou de la migration internationale pour mesurer le niveau
d’attractivité ou non du pays, les chiffres de la deuxième édition de l’enquête
sur la migration au Bénin, réalisée par l’Instad, révèlent que la population
béninoise migre peu.
Au Bénin, près de huit personnes sur dix (79,3 %) sont des non migrants, c’est-à-dire qu’elles ne se sont jamais déplacées, pour au moins six mois, du lieu (commune) où elles ont été enquêtées. A l’analyse des données, la deuxième édition de l’enquête sur la migration au Bénin, indique que la population béninoise migre peu. Selon le rapport de l’Instad, les raisons familiales (63,0 %) constituent le principal motif de migration, suivies des motivations économiques (15,2 %). Cependant, la prise en compte de certaines caractéristiques notamment sociodémographiques et économiques telles que le statut migratoire, le sexe, l’âge, le niveau d’instruction, la situation dans l’emploi, le milieu de résidence, le département, le quintile de bien-être, montre une variabilité des motifs. Selon le statut migratoire, le motif familial reste prépondérant. Pour les migrants retour, le motif familial (59,7 %) est suivi du retour définitif ou de la retraite (20,6 %) ; tandis que chez les autres migrants, c’est le motif économique (17,9 %), qui vient après le motif familial (64,7 %). Les hommes prennent plus l’initiative de la migration, car seulement 50 % d’entre eux migrent pour le motif familial contre 74,5 % pour les femmes. Aussi, 24,9 % d’entre eux migrent pour le motif économique contre 6,6 % pour les femmes.
Pour les personnes âgées de moins de 15 ans, le motif principal de migration qu’est le motif familial avec 81 %, est complété par le motif études avec 13,5 %. Quant aux adultes de 15 à 59 ans, d’autres motifs se démarquent comme le motif économique avec 17,3 %, le motif études (7,9 %) et le motif retour définitif ou retraite avec 7,7 %. En ce qui concerne les personnes âgées de 60 ans ou plus, près d’un cinquième des migrants migrent pour des motifs économiques (19,7 %) et motif retour ou retraite (18,3 %). Selon le niveau d’instruction, l’importance du motif économique augmente avec le niveau d’instruction passant de 13,5 % pour les sans niveau à 26,6 % pour les personnes ayant atteint le supérieur. Il en est de même pour le motif études qui passe de 2,3 % pour les sans niveau à 19,5 % pour les personnes ayant atteint le supérieur. Quant au motif familial dans la migration, son poids démographique diminue avec le niveau d’instruction passant de 68,4 % pour les personnes sans niveau à 40,9 % pour les personnes du supérieur. Selon la situation dans l’emploi, en dehors du motif familial, au moins le tiers des migrants se déplace pour le motif économique pour les migrants salariés (51,1 % des salariés permanents, 36,3 % des salariés temporaires et 33,3 % des membres de coopératives). Mais quel que soit le milieu de résidence, plus de la moitié des migrants ont évoqué le motif familial. En dehors du motif familial, les migrants résidant à Cotonou s’y sont installés pour le motif économique (26 %) et motif études (17,6 %) alors que ceux qui se sont installés en milieu rural, l’ont fait pour le motif économique (13,4 %) et le motif retour ou retraite (10,4 %).
Le
Littoral attractif et répulsif
Dans tous les départements à l’exception du Littoral (47,8 %), plus de la moitié des migrants ont évoqué le motif familial, selon le rapport de l’Instad. En dehors du motif familial, trois départements se démarquent avec une part de migrants pour motif économique importante : Alibori (20,3 %), Borgou (25,5 %) et Littoral (26 %) et dans une certaine mesure les Collines (15,9 %) et le Plateau (15,3 %). Enfin, selon le quintile de bien-être, la fréquence du motif de migration pour raison économique augmente avec le niveau de vie passant de 11,9 % pour les plus pauvres à 18,1 % pour les plus riches. Globalement, dans les départements du Nord Bénin, Alibori (90 %), Atacora (92 %), Borgou (87 %) la migration est faible avec près de 9 personnes sur 10, qui sont des non migrantes. A l’opposé, les départements plus affectés par la migration sont le Littoral (63 % de non migrants) et le Zou (70 % de non migrants), où la proportion des migrants tourne autour de 30 %. Quant à la situation par rapport au milieu de résidence, le phénomène de la migration est plus urbain que rural. La migration affecte en particulier plus la population résidente dans la ville de Cotonou où plus du tiers (36,7 %) de la population résidente est migrante dont 31,1% est constituée d’autres migrants et 5,6 % de migrants retour, alors que la population migrante d’autres milieux urbains du Bénin est de 23,3 % (dont 16,9% d’autres migrants et 6,3 % de migrants retour). Le milieu rural est moins affecté par la migration avec 10,2 % d’autres migrants et 7,1 % de migrants retour.
Solde
migratoire positif pour l’Atlantique
En termes d’installation, les immigrants se sont plus établis dans les départements de l’Atlantique (29,6 %), du Littoral (14,2 %), de l’Ouémé (11,7 %), du Zou (10,8 %) et des Collines (9,0 %). L’analyse selon le département de départ des migrants révèle, selon l’Instad, qu’il y a une forte population émigrante dans le Littoral (35,4 %). Par contre, l’on enregistre une très faible proportion (moins de 10 %) de migrants qui quittent les autres départements. Le département du Littoral (ville de Cotonou) apparaît donc à la fois comme attractif et répulsif. C’est dire que Cotonou n’est pas la destination finale de migrants, mais une zone de transit.
Quant
aux départements de l’Atlantique et de l’Ouémé, qui renferment les villes
d’Abomey Calavi dans l’Atlantique, de Sèmè-Kpodji dans l’Ouémé, ils ont connu
une explosion démographique depuis 1992 avec un taux de croissance
intercensitaire supérieur à 5 % l’an. A juste titre, l’analyse du solde
migratoire par département indique que seulement quatre départements sur douze
sont attractifs avec un solde migratoire positif à savoir, Atlantique : 18,7 %,
Ouémé : 2 %, Plateau : 1,18 % et Zou: 1,26 %. Les autres perdent de leur
population, car le solde migratoire est négatif. Le solde migratoire du
Littoral confirme le caractère transitoire de la ville de Cotonou en termes de
migration, car le développement du caractère économique de la ville fait
constater à l’issue de l’enquête que plusieurs habitations sont transformées de
plus en plus en unités économiques.
La distribution des taux d’immigration par département confirme l’attractivité des départements ayant une proportion d’immigrés d’au moins de 10 % de la population du département: Atlantique (31,7 %), Collines (17,2 %), Littoral (44,2 %), Zou (16,2 %), Mono et Ouémé respectivement 10,7 %. En ce qui concerne les taux d’émigration, les départements à fort potentiel d’émigrants sont le Littoral (67,4 %), le Mono (13,1 %), le Zou (13,3 %) et les Collines (10,8 %). Par ailleurs, l’analyse des taux d’accroissement migratoire montre qu’il y a deux départements pour lesquels les comportements migratoires sont opposés. Il s’agit du département de l’Atlantique qui est très attractif avec un gain de 21,9 % de la population résidente qui provient de la migration et le département du Littoral qui est répulsif avec une perte de 23,2 % de sa population résidente.