La Nation Bénin...
A
26 ans, Florentine Boni s’impose déjà comme l’un des visages incontournables de
la balle au tambourin en Afrique. Vice-capitaine de l’équipe nationale féminine
du Bénin, elle incarne cette génération montante d’athlètes passionnées et
résolument tournées vers l’avenir. Derrière ses 1m 65 pour 68 kg, se cachent
une force mentale impressionnante, un regard lucide sur le jeu, et une volonté
farouche de hisser son sport au sommet. Portrait d’une battante née à
Tchaourou, dans le nord du Bénin, et devenue en quelques années une
ambassadrice du tambourin-balle à l’échelle internationale.
Le
destin de Florentine Boni semble s’être écrit très tôt. Née un 7 janvier, elle
grandit dans un environnement où le sport est omniprésent.
«
Je suis née dans une famille sportive et, dès mon jeune âge, je suivais mon
frère pour aller faire du sport », confie-t-elle avec une sincérité désarmante.
Dès l’âge de 11 ans, elle foule les terrains, développant un goût prononcé pour
la compétition et la discipline. Sa trajectoire sportive commence
officiellement en 2014 lorsqu’elle participe au championnat scolaire de
volleyball au Ceg Djassin à Porto-Novo. L’année suivante, elle s’essaie au
handball, sous l’encadrement du professeur Gérard Sègla, une figure respectée
du sport scolaire béninois. En 2016, elle se distingue lors de la phase
départementale de volleyball dans l’Ouémé. Autant d’expériences qui forgent en
elle une culture sportive solide, marquée par l’effort collectif et le
dépassement de soi.
Mais
c’est à l’Université d’Abomey-Calavi, en 2019, que sa carrière prend un
tournant décisif. Elle y découvre une discipline encore peu connue au Bénin :
le jeu de balle au tambourin. Cette révélation sonne comme une évidence. « J’ai
pratiqué le handball et le volley avant le tambourin. Mais j’ai finalement
choisi ce sport parce que c’est une nouvelle discipline, très passionnante »,
explique-t-elle. Séduite par les particularités techniques de ce jeu où l’on
s’affronte sans filet, sur de vastes terrains, elle y trouve un espace
d’expression unique. Et sur le terrain, Florentine Boni occupe le poste de
fond, une position stratégique nécessitant puissance, précision et une lecture
fine du jeu. Droitière, elle brille particulièrement par son sens de l’analyse
et son sang-froid dans les moments décisifs. Mais son véritable atout, selon
ses propres mots, reste son mental. « J’ai un mental fort, quels que soient les
adversaires», lance-t-elle.
Pour Arnaud Orekan Oladokoun Alabi, promoteur de cette discipline à l’Université d’Abomey-Calavi, la jeune athlète représente bien plus qu’un simple talent. Elle est devenue un modèle. «Florentine Boni est un exemple à suivre pour le tambourin féminin, » déclare-t-il avec conviction. Et pour cause, son parcours n’a rien d’une ascension facile. Comme beaucoup de ses coéquipières, elle a dû surmonter les difficultés liées à l’introduction d’un sport encore marginal au Bénin. Pourtant, par sa rigueur, sa détermination et un engagement constant tant physique que mental, Florentine Boni s’est rapidement démarquée.
Une montée en puissance progressive
Ainsi,
en 2021, Florentine Boni commence à faire parler d’elle en remportant le tournoi
Labor-Gate. Une première consécration qui marque le début d’un palmarès
impressionnant. L’année 2022 est sans doute celle de la confirmation. Elle
devient championne du tournoi de relance du jeu de balle au tambourin à
Parakou, puis triomphe à nouveau au Labor-Gate. Dans la foulée, elle s’adjuge
le titre lors de la première édition du tournoi Louis Ganivenq à Abomey-Calavi.
Cette série de victoires assoit son statut de cadre incontournable de la
sélection nationale. Et Arnaud Oladokoun Alabi, témoin de son évolution à
l’Université d’Abomey-Calavi, se souvient d’une joueuse à l’assiduité
remarquable. «Dotée d’un atout physique, avec son jeune âge, elle a traversé
toutes les périodes de formation avec sérieux », souligne-t-il. « Cette
capacité d’adaptation à un sport nouvellement introduit dans l’environnement
universitaire béninois a été un signal fort de son potentiel », a-t-il ajouté.
Mais
Florentine Boni ne se contente pas de briller sur le plan compétitif. Toujours
en 2022, elle suit une formation d’instructeur et d’animateur de
tambourin-balle. Encadrée par des figures internationales telles que Edouardo
Facchetti, président des Fédérations italienne et mondiale, et Gianni Dessi,
directeur technique de la sélection féminine italienne, elle acquiert des
compétences pédagogiques qu’elle entend mettre au service du développement de
la discipline au Bénin.
Une représentante du Bénin sur la scène mondiale
L’année
suivante, elle franchit une nouvelle étape dans sa carrière. En 2023, elle
participe à la Coupe du monde de balle au tambourin en Italie. L’équipe
béninoise termine cinquième, une performance historique pour une sélection
encore jeune dans le paysage international. Cette place d’honneur constitue une
fierté, mais surtout un levier de motivation pour Florentine Boni, plus
déterminée que jamais à gravir les sommets. 2024 vient confirmer cette
dynamique ascendante. Elle devient championne d’Afrique à Parakou, puis
vice-championne de la deuxième édition du tournoi Ese-Wezon. Et en 2025, elle
ajoute une nouvelle ligne à son palmarès en remportant la troisième édition du
tournoi Louis Ganivenq, cette fois à Cotonou. Aujourd’hui, à la lumière de ses
performances nationales et internationales, le constat du promoteur est sans
appel. « Osons placer Florentine au sommet de la pyramide en matière de
techniques et d’activités physiques sur un terrain de jeu », avoue-t-il. Une
reconnaissance qui vient confirmer le statut de la joueuse, désormais perçue
comme une figure emblématique du tambourin en Afrique de l’Ouest. Par son
exemplarité, Florentine Boni incarne un espoir pour toute une génération de
jeunes sportives, et l’un des piliers du développement de cette discipline au
Bénin.
Des rêves à la hauteur de son ambition
Si
Florentine Boni collectionne les trophées, c’est qu’elle nourrit de grandes
ambitions. Son rêve est de « jouer au plus haut niveau, défendre les couleurs
nationales et évoluer dans des clubs européens. » Mais elle voit plus loin
encore. Elle nourrit l’ambition de devenir une actrice majeure du développement
du tambourin en Afrique, y jouer un rôle clé et inspirer une nouvelle
génération de pratiquants. «Participer au développement du tambourin au Bénin,
en Afrique et dans le monde », résume-t-elle avec détermination.
Vice-capitaine de l’équipe nationale, elle incarne déjà ce rôle de leader. Respectée pour sa rigueur, admirée pour sa ténacité, elle porte haut les valeurs du sport : engagement, solidarité, excellence. A travers ses performances et son parcours, elle trace la voie d’une professionnalisation du tambourin au Bénin, tout en bousculant les clichés autour des disciplines sportives « mineures».
In fine, Florentine Boni n’est pas seulement une championne. Elle est une pionnière. Une sportive qui, par son talent et sa détermination, contribue à écrire une nouvelle page du sport béninois. Avec elle, le tambourin cesse d’être une curiosité marginale pour devenir une discipline d’avenir, accessible, structurée, ambitieuse. Et si le Bénin venait à inscrire son nom dans les palmarès mondiaux de la balle au tambourin, nul doute que l’histoire retiendra celui de Florentine Boni comme une architecte de cette ascension. Car derrière chaque médaille remportée, il y a ce mental inébranlable, ce regard toujours tourné vers l’horizon, et ce rêve tenace d’élever son sport bien au-delà des frontières nationales.