La Nation Bénin...
Invités
surprises des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 après
leur descente aux enfers face au Nzanlang, les Eléphants de la Côte d’Ivoire
ont réalisé un exploit en battant les Lions de la Téranga du Sénégal, champions
d’Afrique en titre à l’issue des épreuves fatidiques des tirs au but. Ce succès
est non seulement une consécration des efforts des Eléphants mais aussi le
fruit de la cohésion retrouvée et de l’union sacrée du peuple ivoirien qui a
cru jusqu’au bout. Retour dans les coulisses.
Au
terme d'un derby face à son voisin sénégalais, la sélection nationale de la
Côte d’Ivoire a décroché son ticket pour les quarts de finale de la Coupe
d’Afrique des Nations 2023. Poussés par leur peuple, les Eléphants ont réécrit
une belle page de leur histoire en donnant une leçon de détermination et de
résilience à ceux qui ne les attendaient pas à ce niveau. Car, nul ne vendait
plus cher la peau des Eléphants dans cette compétition surtout après leur
débâche 4-0 face au Nzanlang National de la Guinée équatoriale lors de la 3e
journée. Mais, contrairement à la copie du premier tour soldé par une victoire,
deux défaites, deux buts marqués et cinq encaissés, les Eléphants repêchés ont
montré un autre visage en huitième de finale pour s’offrir les champions
d’Afrique en titre. Ce résultat, loin d’être un butin facile, a été possible
grâce à plusieurs décisions courageuses et de nouvelles orientations afin de
rehausser l’image d’une nation en détresse. La première décision forte a été le
limogeage, mercredi 24 janvier dernier, pour insuffisance de résultats, de
l’entraineur Jean-Louis Gasset, le technicien français de 70 ans, deux jours
après la déroute contre la Guinée équatoriale.
Son adjoint Emerse Fae est appelé pour sauver les meubles. Après, il y a
des options difficiles mais osées lorsqu’on sait que le pays avait encore des
chances de se qualifier. Des voix s’élèvent pour réclamer la démission d’Idriss
Diallo, président de la Fédération ivoirienne de Football (Fif) qui, dans
l’opinion est vu comme celui qui avait fait le mauvais choix en préférant le
septuagénaire Gasset en mai 2022, sur une liste où il y avait des entraineurs
nationaux comme François Zanhoui et autres. Dans les états-majors, la fièvre
monte et il est annoncé le retour de Hervé Renard qui avait permis aux
Eléphants de remporter la Can 2015.
Le chaud et le froid !
Plongée
dans le doute en pleine compétition, l’équipe de Côte d’Ivoire qualifiée pour
les huitièmes de finale après la victoire du Maroc sur la Zambie va souffler le
chaud et le froid avant de retrouver sa
sérénité. Pendant 48 heures, les rumeurs du retour de Hervé Renard vont
nourrir les débats dans les médias et dans l’environnement des Eléphants.
Finalement, la Fif va prendre une troisième décision importante pour ramener la
sérénité dans le camp des Eléphants. A travers un communiqué, il a été annoncé à
l’opinion ivoirienne que les Eléphants sont confiés à Emerse Fae, sélectionneur
et Guy Demel son adjoint, qui officie depuis le début de la Can sur les
plateaux de la télévision Canal+ comme consultant. Une nouvelle qui sera saluée
par la population ivoirienne qui souhaite voir un entraineur local sur le banc
de touche. A ces décisions sportives et administratives, il faut ajouter la
cohésion nationale rendue possible grâce à l’appel à la mobilisation de tout le
peuple derrière sa sélection. Des
messages de mobilisation sont lancés à travers le pays. Des opérations « Orange
» sont lancées à Yamoussoukro où le match va se dérouler et dans les autres
villes du pays. Le drapeau national est placé sur les grands carrefours avec un
message fort : « Peuples de Côte d’Ivoire venez massivement apporter votre
soutien aux Eléphants ». Le message du ministre des Sports invitant les
populations à accompagner la sélection et l’implication des anciens joueurs
ivoiriens comme Gadji Celi, Joel Tiéhi, Bonaventure Kalou, Didier Drogba et
autres ont été déterminants pour ramener la cohésion dans la famille du
football. « Ce n’est pas la meilleure équipe qui gagne la Can mais c’est la
sélection qui gagne qui est la meilleure », a martelé l’ancien capitaine des
Eléphants, Gadji Celi, exhortant les Eléphants à ne pas se sous-estimer. Le
soutien aura été total à tous les niveaux pour redonner de la confiance aux
joueurs. Avant de retrouver la plénitude de sa cohésion sociale et le moral,
l’équipe des Eléphants a été accueillie triomphalement à Yamoussoukro, samedi
27 janvier. A 48 heures de cette rencontre fatidique face au Sénégal, Emerse
Fae et ses poulains ont été reçus avec les honneurs dans la ville du père
fondateur de la Côte d’Ivoire. Après avoir été se recueillir sur la tombe du
président Félix Houphouët Boigny, ils ont fait le vœu de donner le meilleur
d’eux-mêmes pour accéder aux quarts de finale.
Sérénité retrouvée et marée orange
L’équipe
qui semblait morte a retrouvé toute sa force et sa détermination sur le terrain
avec le soutien de son peuple. Motivés par la marée orange qui a pris d’assaut
les tribunes de Yamoussoukro, Emerse Fae et ses joueurs qui avaient à cœur de
soigner leur image ont séduit leurs supporters. Cueillis à froid dès la 4e
minute, les Ivoiriens ont su trouver les ressources nécessaires pour se
qualifier. Ils ont fait preuve de solidarité et de discipline tactique
empêchant l’adversaire de faire son jeu. Avec comme mission de guider son
équipe pour la suite du tournoi, le technicien ivoirien a allié courage et
intelligence pour réussir son pari. En toute responsabilité et en synergie avec
les membres de son staff, il a su faire le choix de l’expérience dans son onze
de départ avant de mener les bons changements et adapter la bonne stratégie
pour contrer les hommes d’Aliou Cissé, le sélectionneur sénégalais. Emerse Fae
et son adjoint ont su en peu de temps donner une orientation et un esprit
sportif exemplaire au groupe pour rendre leur mission possible. La preuve,
leurs choix tactiques avec des changements qui ont payé. C’est le cas des
remplacements respectifs de Sangaré, Fofana, Max Gradel, Krasso et Pépé et les entrées de Kessié, Kouamé, Adingra, et Diakité et Haller, ainsi que la
sortie de Kossounou et l’entrée de
Singo, qui ont été déterminants dans le match. Et, face au Sénégal,
super favori, les Éléphants de la Côte d’Ivoire ont déjoué tous les pronostics.
En témoignent les difficultés des joueurs d’Aliou Cissé qui ont manqué beaucoup
d’occasions. Acculés dans tous les compartiments, les Lions de la Téranga qui
ont tenté de jouer sans conviction en contre-attaques, ont été pris à leur
propre piège. Les Ivoiriens en ont profité pour pousser, se procurer des
occasions. Ils vont tout de même remercier leur gardien Yahia Fofana, auteur de
deux arrêts décisifs devant Ismaïla Sarr (47e min) et Sadio Mané (105ᵉ min +2).
Le trio offensif Haller-Pépé-Adingla va créer tous les problèmes à la défense
du Sénégal qui a fini par céder à la 86e minute. Inversant la tendance en
seconde période, profitant notamment d’une certaine apathie des Sénégalais, les
Éléphants ont été récompensés en toute fin de match sur un penalty très
logique. Mendy a fauché Pépé dans la surface sénégalaise et Kessié s’est chargé
de ramener les siens à hauteur de leurs adversaires. Très en verve comme la
plupart de ses coéquipiers revigorés, Franck Késsié va ramener la Côte d’Ivoire
dans le match (1-1) avant de réussir le dernier tir lors des épreuves
fatidiques des tirs au but (4-5). Avec cet exploit, la Côte d’Ivoire vient de
franchir un palier dans cette compétition après avoir connu beaucoup de
difficultés.