La Nation Bénin...
Se
dirige-t-on vers la recomposition de la carte du football africain ? La
question vaut son pesant d’or au vu de la tournure que prennent certaines
rencontres de cette 34e édition de la Can en Côte d’Ivoire.
Les
géants sont tombés, vive les géants ! Cette 34e édition de la Coupe d’Afrique
des Nations qui se déroule en Côte d’Ivoire, dessine progressivement, en lignes
fines, une nouvelle carte du football africain. C’est ce que l’on est tenté
d’avancer au regard des résultats à cette étape de la compétition. Qualifiées
au départ de coup de chance, les performances de certaines équipes considérées
comme des petits poucets, n’ont cessé de surprendre. D’aucuns ont même avancé
que les grandes équipes qu’elles ont battues, étaient dans leurs petites formes
‘’ C’était leur jour sans, comme cela peut arriver, parfois, en football’’,
ont-ils soutenu. De toutes les façons, la victoire imprévue d’un petit poucet,
fait partie de ce qui fait le charme de ce sport.
L’évolution
que prennent les choses à cette Can autorise à penser, sinon à une petite
révolution, du moins à une émulation, à l’émergence d’autres ''grandes
nations’’ de foot que cette édition nous amène à constater. La Guinée
équatoriale qui tient en échec le Nigéria (1-1) dans le groupe A et qui humilie
la Côte d’Ivoire pays organisateur (4-0), le Mozambique qui neutralise l’Egypte
et le Ghana sur un même score (2-2) dans le groupe B, le Cap-Vert qui tient
tête à l’Egypte (2-2) et surtout cette Mauritanie qui bat l’Algérie (1-0) dans
le groupe D. Conséquence de ces résultats victorieux des petits poucets sur les
grands, certains favoris n’ont pu sortir la tête de l’eau dans leur groupe. «
Ce sont des contre-performances passagères (et/ou accidentelles) de ces grandes
équipes », ont vite clamé certains observateurs qui soutiennent que cela peut
arriver dans le football. Comme arguments, ils avancent le cas du Brésil battu
à son Mondial en 2014 (0-7) par l’Allemagne. Et le Sénégal qui surprend la
France, championne en titre (1-0) au Mondial de 2002. Pour le cas de cette Can, les nations dites
petites n’ont pas fait que disposer des grandes nations du football africain,
elles les ont empêchées d’aller au second tour de la compétition. Ceci explique
l’absence du Ghana, de l’Algérie, de la Tunisie, aux huitièmes de finale.
Au
second tour, les matches à surprise se sont poursuivis avec le départ du
Cameroun battu par le Nigeria (0-2), la RD-Congo qui sort l’Egypte (1-1 et 5-4
aux tirs au but), la Côte d’Ivoire qui sort le Sénégal, tenant du titre (1-1 et
5-4, aux tirs au but) et enfin l’Afrique du Sud qui renvoie le Maroc à la
maison (2-0). Ces départs prématurés ont rendu la Can orpheline, peut-on dire,
de ses grandes nations. Toutefois, le spectacle va se poursuivre avec des
rencontres relevées.
Déclin ou fin de cycle?
Au
décompte, il se dégage que les ¼ de finale de cette 34e édition de la Can n’ont
enregistré la présence d’aucune des huit nations ayant pris part aux ¼ de
finale de l’édition précédente au Cameroun. Pour rappel, la Can 2021, organisée
au Cameroun, avait eu comme affiches de ¼
de finale: Cameroun-Gambie (2-1), Burkina-Tunisie (1-0), Egypte-Maroc
(2-1) et Sénégal-Zambie (3-1). En outre, tous les ½ finalistes au Cameroun en
2021 que sont le Sénégal, l’Egypte, le Burkina Faso et le Cameroun sont
éliminés à l’étape des 8es de finale de cette édition. On remarque également
qu’aucun des vainqueurs des trois dernières années n’est en ¼ de finale en Côte
d’Ivoire.
Que
dire des cinq mondialistes africains au Qatar en 2022 ? Aucun d’eux n’a pu
atteindre l’étape des ¼ de finale de l’édition de la Can en cours. Sans oublier
qu’aucun pays maghrébin, représentant l’Afrique du nord, à cette édition, n’a
non plus réussi à accéder à l’étape des ¼ de finale.
Longtemps
resté dans l’ombre des anglophones et francophones sur le continent, le
football lusophone a fait sensation cette année à la Can. Une édition qui l’a
d’ailleurs révélé, contre toute attente. Mozambique, Cap-Vert, Angola ont fait
sensation à travers la qualité de leurs prestations, en rivalisant avec des
grands noms du football du continent. Ainsi le Mozambique a tenu en échec deux
grands de son groupe (Ghana et Egypte). Le Cap-Vert a battu le Ghana (2-1) et a
tenu l’Egypte en échec (2-2). Quant à l’Angola, il a tenu en échec l’Algérie
(1-1) avant de venir à bout du Burkina Faso (2-0).
A
ces pays lusophones s’ajoutent l’étonnante Guinée équatoriale, (hispanique),
sortie première de son groupe (7 pts) pourtant composé de la Côte d’Ivoire, du
Nigeria et de la Guinée-Bissau. Elle a tout de même franchi, le premier tour,
invaincue.
Déclin,
fin de cycle des grands pays de football du continent ou émergence de nouvelles
nations pour bousculer l’ordre préétabli et faire tomber le mythe de favoris ?
Très
probablement, la question sera au centre des débats les mois, voire les années
à venir. Toutefois, tout laisse croire que ce sont déjà les premiers signes
d’une nouvelle ère du football africain qui sont donnés.