Découverte d’une internationale béninoise: Aude Gbédjissi, du village Azohouè Cada à Lens

« Mon rêve, c’est de jouer pour un grand club comme le Psg ou Lyon ». Ainsi se définit en gros l’avenir pour Aude Gbédjissi. Joueuse internationale béninoise, elle est née le 8 décembre 1998, à Azohouè Cada, dans la commune de Tori-Bossito (Sud du Bénin), département de l’Atlantique, à 41,7 km de la capitale économique, Cotonou.

Sociétaire de l’équipe de Lens en France en Ligue 2 (5e sur 12 équipes avec 31 points +08, saison 2023-2024), Aude Gbédjissi fait petitement son chemin pour réaliser son rêve. D’ailleurs, cette saison, elle   finit meilleure buteuse de Lens et du Championnat de D2 en France avec 14 réalisations et cinq passes décisives, loin devant sa coéquipière Sherly Jeudy qui en a marqué seulement cinq. Elle fait partie des joueuses les plus utilisées de Lens avec 21 présences derrière sa coéquipière Kahissa Saïdi Muscara (22).

Venue pour être un atout supplémentaire sur le plan offensif de Lens, Aude Gbédjissi a été la révélation de la saison. Elle a marqué les esprits en inscrivant 52 % des buts, impactant ainsi son club. Les statistiques parlent en sa faveur au terme de la saison, toutes compétitions confondues : 25 matchs joués, 17 buts marqués, 2101 minutes jouées, un carton jaune contre zéro rouge. Des performances qui ont valu sa distinction à la 6e édition de Sica Fo 2024, puis aux « Trophées Footeuses 229 » en tant que Meilleure Amazone à l’étranger.

Et pourtant…

Et pourtant, personne ne la voyait atteindre ce niveau. Notamment, en si peu de temps. Sauf celui qui l’a dénichée dès son bas âge en croyant en elle et en ses potentialités. «J’ai commencé le football très jeune car je voyais mes grands frères jouer et ça m’a plu. Ce sont eux qui m’ont inspirée. Un jour, je jouais au quartier et un monsieur m’a repérée. Il m’a dit que si je quittais le village pour la ville, je pouvais devenir une grande footballeuse », a-t-elle relaté. Conseil qu’elle a suivi. Puisque, quelques semaines plus tard, lors d’un tournoi de football en salle au Hall des arts à Cotonou, elle a été repérée par un centre de formation nommé Rosa Espérance. « J’ai intégré le centre de formation en 2013 et après l’obtention de mon Baccalauréat en 2018, mon coach formateur Malick Lawogni m’a dit que je devrais quitter le Bénin pour l’étranger et j’ai accepté », fait-elle savoir. Ce qui lui ouvre la voie du professionnalisme. Elle pose donc ses valises en Côte d’Ivoire et intègre une équipe de Deuxième Division nommée Abdul Ivoire Service Football Club. Trois ans durant (2018-2021), elle confirme son talent en restant rigoureuse et constante à travers des titres de meilleure buteuse D2 et D1 en Côte d’Ivoire. Des performances remarquables qui la propulsent en France. « J’ai fait trois ans avec le club ivoirien avant de m’envoler pour la France en 2021 dans une équipe de Régional 1, Racing Club de Saint Dénis. Après six mois avec Racing Club de Saint Dénis, je rejoins Yzeure Football Club Auvergne en Deuxième Division (2022-2023) », a poursuivi l’attaquante, du haut de ses 1m 60 pour 53 kg. Et là, juste une saison mais elle a laissé ses empreintes. Elle a disputé 22 matchs en championnat de Ligue 2 pour 15 réalisations (Tcc). Et logiquement pour la saison suivante, elle a été recrutée par Lens. La recrue s’est vite adaptée et n’a pas perdu du temps pour s’affirmer et s’imposer dans le 11 type de l’entraîneur Sarah M'Barek.

Une saison bien accomplie

« Mon intégration s’est faite naturellement. Déjà, Lens est un club historique et extraordinaire qui prône des valeurs humaines. C’était une famille. J’ai été très bien accueillie depuis le premier jour. Ils m’ont prise comme l’une des leurs et ça ne peut que faciliter mon intégration », conte-t-elle avant de revenir sur sa magnifique saison. « Chaque saison, on essaie toujours de relever notre niveau, d’apprendre de nouvelles choses. Lens m’a apporté énormément cette saison. Et pour mon bilan, je peux dire que ma saison a été passable parce qu’on doit toujours mieux faire », a martelé celle qui a pour idoles Marta Vieira et Cristiano Ronaldo. Selon ses propos, elle a fini meilleure buteuse grâce au travail collectif. « J’ai fini la saison en tant que meilleure buteuse grâce non seulement à une équipe formidable mais aussi au travail collectif et aux conseils du staff technique sans oublier mes coéquipières qui n’ont fait que m’encourager durant toute la saison. Je dis merci à Lens qui m’a donné cette opportunité », se réjouit-elle. A l’en croire, pour jouer au football de haut niveau, il ne suffit pas de savoir taper dans le ballon ou de savoir dribbler mais d’utiliser aussi sa tête. «Il faut être intelligent (e) pour jouer au football », affirme-t-elle. Désormais plus mature dans le jeu, elle compte aider son pays, le Bénin, à se qualifier pour une Coupe d’Afrique des Nations de football. Un souhait qu’elle entend concrétiser avant la fin de sa carrière footballistique■