La Nation Bénin...
Sous le soleil clément du littoral, le stade omnisports
de Grand-Popo a abrité, mercredi 18 juin dernier, la finale de la Ligue
professionnelle de football, saison 2024-2025. Une rencontre qui a couronné
Dadjè Fc, nouveau roi du football béninois, détrônant le triple champion en
titre jusque-là, Coton Fc. Une consécration méritée pour une formation qui,
tout au long des 34 journées de la saison, a su imposer sa rigueur, sa cohésion
et une régularité exemplaire. Mais au-delà des célébrations, une question
s’impose…
En dominant ses adversaires avec sang-froid et constance,
au terme d’une saison 2024-2025 âprement disputée, Dadjè Fc a confirmé sa progression
et s’est imposé face aux poids lourds du championnat. La victoire face à Coton
Fc lors du match d’appui (finale de la Ligue Pro) leur permet non seulement de
brandir le trophée de champion du Bénin, mais aussi de décrocher le graal
continental, la qualification pour la Ligue des Champions de la Caf. En guise
de récompense, le club repart avec une enveloppe de 20 millions F Cfa et des
médailles d’or.
Coton Fc, grand habitué des joutes continentales, termine
vice-champion (après avoir régné durant trois saisons de suite sur le toit du
football béninois, ndlr). Les poulains du coach Victor Zvunka n’ont, néanmoins
pas démérité mais devront se contenter de la médaille d’argent, accompagnée
d’un chèque de 10 millions F Cfa, ainsi qu’un ticket pour la Coupe de la
Confédération (Coupe Caf).
Par ailleurs, sur le plan individuel, la saison a aussi
révélé un nouveau chasseur de buts en la personne de Moussa Yarou Mayé, qui
termine meilleur buteur du championnat avec 20 réalisations. Auteur d’une
saison exceptionnelle, le joueur de Panthère Fc de Djougou (relégué en Ligue 2,
nouveau format, ndlr) repart avec un trophée symbolique et une prime de 1
million F Cfa, reconnaissance méritée pour son efficacité devant les cages.
Prime dérisoire pour le champion
Mais au-delà des célébrations, une question s’impose : peut-on réellement se satisfaire d’un gain de 20 millions F Cfa pour un champion national, au terme de 34 journées de lutte acharnée, de déplacements coûteux et d’une organisation exigeante ? La réponse, à l’évidence, est non. A l’heure où le football africain se structure et aspire à plus de professionnalisme, le Bénin ne peut plus se permettre une telle dissonance entre ambition sportive et réalité économique. Ce montant, bien qu’en progression par rapport aux années antérieures, reste tout de même bas au regard des investissements que nécessite une saison complète à travers les primes de matchs, les salaires, la logistique, l’encadrement technique, les infrastructures et autres.
Une réforme urgente et indispensable
Eu égard à ce constat, la Ligue professionnelle de football du Bénin et la Fédération béninoise de football (Fbf) doivent impérativement revoir leur copie. Alors que le format classique (Ligue 1, Ligue 2 et Ligue 3) fera son retour dès la saison prochaine (2025-2026), les enjeux seront plus importants et il y aura encore plus d’engouement, plus de matches, plus d’exigences financières. Faute de réformes structurelles et d’une revalorisation significative des dotations, le modèle risque l’asphyxie dans un paysage où les clubs sont pratiquement gérés par un individu dit « président fort ». Il est donc temps d’associer davantage les sponsors et partenaires, de leur proposer de choses intéressantes, et surtout de placer l’économie du football béninois à la hauteur de son potentiel sportif. Car un football compétitif commence par une politique de financement ambitieuse et durable. Rendez-vous est donc pris pour la saison 2025-2026, avec un nouveau format, de nouveaux défis et, espérons-le, une vision renouvelée du professionnalisme footballistique au Bénin.