La Nation Bénin...
Démarrées
la semaine dernière, les premières Journées communales d’assainissement du
secteur de la microfinance au Bénin ont été officiellement lancées, ce mardi 18
juin à Cotonou. Objectif : sensibiliser les populations aux risques de
spoliation par des promoteurs indélicats usant de stratagèmes.
Si
la fameuse crise d’Icc-Services et consorts, de sinistre mémoire, a occasionné
la fermeture de plus de 450 structures illégales de collecte d’épargne au
Bénin, force est de constater une prolifération de nouvelles pratiques
informelles visant à arnaquer les populations. Outre les tontines organisées
par des structures opérant sans agrément, les arnaqueurs ont jeté leur dévolu
sur les technologies de l’information et de la communication (Tic) pour appâter
les populations et les dépouiller de leur épargne constituée au prix de moult
efforts.
Face
à cette situation, l’Agence nationale de surveillance des Systèmes financiers
décentralisés (Anssfd) et le Réseau national des maires pour la lutte contre
les structures illégales de collecte et de placement d’argent mis en place en
août 2023 se donnent la main pour des actions préventives. C’est à travers les
Journées communales d’assainissement (Jca) du secteur de la microfinance dont
la première édition a été officiellement lancée, ce mardi 18 juin à Cotonou.
Après N’Dali et Djougou, les communes de Glazoué, Dangbo, Lokossa et Allada accueilleront les manifestations prévues, notamment des journées portes ouvertes, des sessions de sensibilisation à l’intention des élus locaux et des mini-foires animées par des institutions de microfinance agréées. Ces dernières présenteront leurs produits et services disponibles au profit des jeunes, des femmes, des groupements ainsi que des petites et moyennes entreprises (Pme) locales.
Cette
initiative émane du souci de l’autorité de tutelle d’éviter à la population de
tomber dans les travers des promoteurs indélicats qui s’installent dans les
contrées reculées, offrant des services financiers attrayants, justifie Alice
Massim-Ouali Affo, secrétaire générale adjointe du ministère de l’Economie et
des Finances. Ces premières journées, poursuit-elle, s’inscrivent dans le cadre
de la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’inclusion financière.
Vigilance !
Le lancement des Jca 2024 a été marqué par un panel de discussion sur le thème « Assainissement du secteur de la microfinance au Bénin : Bilan, rôles et responsabilités des collectivités locales ». Ce creuset d’échange d’informations sur le secteur de la microfinance vise à « renforcer la sensibilisation des populations au niveau communal sur les défis liés à l’assainissement du secteur de la microfinance, en impliquant activement les élus locaux dans la lutte contre les pratiques illégales », indique Abdou Rafiou Bello, directeur général de l’Anssfd. « Elles (les Jca) constituent une plateforme essentielle pour partager les bonnes pratiques, identifier les défis spécifiques à notre commune et proposer des solutions adaptées », ajoute-t-il. « Ces journées auront un impact positif sur le combat que nous menons ensemble avec les collectivités locales contre les pratiques illégales et permettront de mieux protéger nos populations », assure-t-il.
L’assainissement
de la microfinance est une cause commune qui appelle à une synergie d’actions,
dira Zinatou Saka Osseni Alazi, maire de Kandi et présidente du Réseau national
des maires pour la lutte contre les structures illégales de collecte et de
placement d’argent. La lutte implique non seulement les autorités en charge de
la régulation mais aussi les autorités locales et surtout les populations
appelées à dénoncer les promoteurs et structures qui se livrent aux activités
financières sans en avoir reçu l’agrément, renchérit Filikibirou Tassou Zakari,
maire de Bassila, rapporteur dudit réseau.
Philippe
Dahoui, président du conseil d’administration de l’Association professionnelle
des systèmes financiers décentralisés du Bénin (Apsfd-Bénin/Consortium Alafia),
souligne la nécessité de combler le besoin de financement des populations à
travers la couverture intégrale du territoire national par des structures
légales, afin qu’elles échappent aux escrocs qui proposent des taux d’intérêt
mirobolants irréalistes■
Un
encours de crédit de 280 milliards F Cfa en 2023
Au 31 décembre 2023, le secteur de la microfinance au Bénin a affiché un encours de crédit de plus de 280 milliards F Cfa et un encours des dépôts de 188 milliards F Cfa pour une clientèle chiffrée à 3,6 millions de personnes, selon la secrétaire générale adjointe du ministère de l’Economie et des Finances. Les emplois permanents directs créés dans le secteur sont évalués à 5744 pour 106 institutions de microfinance agréées au total opérant à travers 828 points de service sur l’ensemble du territoire national, poursuit Mme Alice Massim-Ouali Affo.
Au
titre des interventions spécifiques du gouvernement, le programme de
microcrédit Alafia au profit des plus démunis a permis d’impacter au moins 616
850 personnes pour un montant global de 36,1 milliards F Cfa. C’est le fruit de
la digitalisation des opérations de financement et de remboursement, grâce à
l’utilisation de la monnaie électronique.
Ces
chiffres témoignent de l’importance de ce secteur qui favorise la bancarisation
et par conséquent l’inclusion financière, et du dynamisme des acteurs
nationaux. Toutefois, le secteur reste encore miné par certaines difficultés
récurrentes, notamment l’inapplication des textes existants, l’analphabétisme
de la population, le manque de professionnalisme de certains acteurs et la
prolifération des initiatives informelles de collecte de l’épargne et d’octroi
de crédit■