La Nation Bénin...
La
chefferie traditionnelle disposera d’un cadre légal dans les prochains jours.
Le projet de loi a été adopté, mercredi 4 septembre, par le Conseil des
ministres. Ce qui ouvre une nouvelle page de l’histoire de la chefferie qui
deviendra désormais un outil au service de la cohésion nationale.
Actuellement,
dans la plupart des communes, il y a forcément quelqu’un qui se réclame roi
d’un royaume qui n’avait jamais existé, tête couronnée ou dignitaire sans
aucune raison valable. De la même manière, les conflits entre descendants pour
l’accession au trône royal sont légion avec parfois des soulèvements populaires
au point de faire intervenir la force publique, voire des morts d’hommes.
Mais
les jours de ces faits déplorables sont désormais comptés. Un pas de géant est
fait dans la réorganisation de la chefferie traditionnelle et par ricochet dans
la conservation et la pérennisation des us et coutumes. En Conseil des
ministres, ce mercredi 4 septembre, il a été adopté un projet de loi portant
cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin. Ce
document découle du rapport de la commission technique multidisciplinaire sur
la chefferie traditionnelle. Il retient trois catégories d’autorités relevant
de la chefferie traditionnelle, à savoir les rois les chefs traditionnels et
les chefs coutumiers. Il comporte également la liste de toutes les chefferies
recensées, définit la mission de la chefferie traditionnelle, consigne
certaines règles de dévolution de pouvoir, fixe les principes en ce qui
concerne les rapports de la chefferie traditionnelle avec l’État, les citoyens
et les autorités de la chefferie traditionnelle entre elles.
Le
projet de loi à transmettre à la Représentation nationale, tirant leçon des
crises et autres vicissitudes qui ont secoué la chefferie traditionnelle au
Bénin, pose des bases pour régler des problèmes cruciaux. Ainsi, il pose le
postulat que dans chaque chefferie, la dévolution du pouvoir s’opère sous la
supervision d’un conseil de désignation, crée une Chambre nationale de la
chefferie traditionnelle dont les attributions, l’organisation et le
fonctionnement seront déterminés par voie règlementaire. Mieux, pour prévenir
des dérapages, ce projet de loi prévoit les sanctions applicables aux
manquements des autorités de la chefferie traditionnelle.
L’élaboration
de ce projet de loi sur la chefferie traditionnelle a été faite en étroite
collaboration avec les acteurs concernés. Cette approche inclusive a été l’idée
du chef de l’Etat, à la suite de sa rencontre avec une délégation de la
chefferie traditionnelle, jeudi 3 mars 2022. A cette rencontre, il leur
promettait l’installation courant mai 2022, d’une commission qui sera chargée
d’élaborer les actes nécessaires pour réformer entièrement la chefferie
traditionnelle et l’amener à jouer pleinement son rôle pour le développement et
la stabilité du Bénin. Joignant l’acte à la parole, il a procédé à
l’installation des membres de cette commission deux mois plus tard, soit
vendredi 27 mai 2022 au palais de la Marina. Quelques jours plus tôt, le
Conseil des ministres du mercredi 11 mai 2022, définissait la mission de la
commission. Il s’agit pour elle d’engager le travail de définition préalable du
concept de chefferie traditionnelle, d'explorer toute la problématique qu’elle
recouvre avant la saisine de l’Assemblée nationale pour le vote d’une loi
organisant son régime juridique. Selon le décret 2022-293 du 11 mai 2022
portant création, attributions et composition de la commission chargée de
l’élaboration du cadre juridique de la chefferie traditionnelle, elle a pour
mission de rédiger l’avant-projet de la loi portant composition, attributions,
organisation et fonctionnement de la chefferie traditionnelle et d’élaborer les
avant-projets de textes d’application. L’acte règlementaire précise également
que la commission présidée par le professeur Albert Bienvenu Akoha, devait
travailler sous la supervision d’un comité interministériel présidé par le
ministre en charge de la Culture.
Mais
avec l’évolution des travaux, de nouvelles attributions ont été conférées à la
commission, par l’entremise du décret 2022-548 du 28 septembre 2022. L’article
premier de ce décret stipule qu’en plus de ses anciennes compétences, la
commission est chargée de préciser le rôle des chefs et dignitaires des
religions endogènes et d’élaborer avec chaque chefferie traditionnelle, les
textes régissant les conditions particulières de dévolution du pouvoir du roi
ou du chef traditionnel.
S'adressant
aux membres de la commission à leur installation, Patrice Talon, président de
la République, avait mis l'accent sur une fragilité de notre histoire qui
réside dans le fait que tout n'est pas écrit et que la tradition orale au cours
des transmissions peut connaître des biais. Il reconnaissait que la mission qui
leur est assignée était lourde, la responsabilité grande mais qu'il leur
faisait confiance, car experts chevronnés en la matière. Ainsi, il a explicité
ce qui est attendu de la Commission et établi la mission en deux grands volets.
Pour
le chef de l'Etat, il s’agissait, dans un premier temps, pour les membres de la
commission « d'essayer de rétablir la réalité de ce qu'étaient nos royaumes et
la manière dont ils étaient administrés, les règles de succession... ». A ce
sujet, il faisait remarquer qu'il ne serait pas question de les moderniser mais
plutôt de « réhabiliter ce qui se faisait pour rester conforme à nos traditions
à l'exception de ce qui n'est plus compatible avec nos lois ». Cette phase,
selon lui, devait s'achever par une évaluation du rapport qui établirait ce que
serait désormais l’organisation de la chefferie traditionnelle au Bénin, la
structuration et le mode de succession.
Le
deuxième volet serait constitué des réflexions autour des prérogatives de la
chefferie traditionnelle. A ce niveau, le président de la République avait
annoncé que des représentants des institutions de la République allait se
joindre aux membres de la Commission. Il suggérait de réfléchir à la manière
dont la chefferie traditionnelle allait contribuer à la cohésion sociale, aider
dans les conciliations, ce qui peut lui être dévolu en matière de gestion de la
cité et enfin de définir les moyens à mettre en place dans l'accomplissement de
cette charge.