La Nation Bénin...
2026 verra le successeur de Patrice Talon à la Marina.
Fin de spéculation, doit-on dire, eu égard aux procès d’intention fait à
l’actuel locataire de la Marina, en dépit de sa volonté, plusieurs fois
exprimée, de quitter ses fonctions actuelles au terme de son second mandat. Ce
faisant, il s’inscrit, faut-il le souligner, dans une tradition bien
béninoise. Mais plus encore.
Rien de tel, au Bénin, que le respect scrupuleux des règles du jeu démocratique, preuve d'une maturité politique transcendant les ambitions nombrilistes pour ne privilégier que la stabilité institutionnelle et éviter les dérives autoritaires. La présidentielle de 2026 ne dérogera pas à cette tradition républicaine. L'alternance démocratique constitue au Bénin, et de façon irréversible, un exemple marquant en Afrique, en raison de la régularité et de la stabilité avec lesquelles le pouvoir politique change de mains, depuis la transition démocratique faisant suite à la conférence nationale en 1990.
Ordre politique démocratique solide
Cette réussite repose d'abord sur la tenue de la
Conférence nationale des forces vives de la nation en 1990, qui a posé les
bases d'un ordre politique démocratique solide, aboutissant à l'élaboration
d'une Constitution novatrice consacrant le multipartisme, la séparation des
pouvoirs, et la limitation des mandats présidentiels. Fort de cette
Constitution, adoptée en décembre 1990, le cadre légal établi garantit, en
effet, la tenue d'élections libres, transparentes et régulières, condition sine
qua non pour une alternance crédible, dont le niveau de sûreté a été élevé
suite à une récente révision constitutionnelle. Faite à l’initiative de Patrice
Talon et visant à corser le verrou de la limitation du nombre de mandats, un
sujet qui défraie tant la chronique en Afrique de façon récurrente.
Le Bénin, grâce à cette initiative, en a fini avec ce
serpent de mer par l’alinéa 2 de l’article 42 nouveau de la loi N° 2019-40 du
07 Novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant
Constitution de la République du Bénin, qui proscrit qu’« En aucun cas, nul ne
peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la République ». Le processus d'alternance et de
démocratisation s'est ainsi renforcé.
Contrairement à certains États africains où la présidence
à vie perdure, le Bénin a su inscrire dans sa Constitution la limitation des
mandats présidentiels, un mécanisme clé qui favorise l’alternance à travers des
élections compétitives. Ce qui fait du Bénin l'un des rares pays d'Afrique à
montrer une longévité constitutionnelle associée à un véritable enracinement
démocratique.
Cependant, si l’alternance reste une variable constante
au sommet de l’Etat béninois, Patrice Talon y a ajouté une touche particulière,
avec le choix de son dauphin dans un contexte particulier du système partisan
où les partis sont forts et maîtres du jeu politique. Car, si c’est bien les
partis de la majorité présidentielle qui ont jeté leur dévolu sur la personne
de Romuald Wadagni, dans le cadre de la succession, le président sortant,
Patrice
Talon, qui en a d’ailleurs félicité les partis, l’a
également approuvé. Une attitude qui confirme ce que l’on savait déjà : qu’il
se retirera bien du pouvoir à la fin de son second mandat en cours.
Mieux
Encore que, aucun signe selon lequel quitter le pouvoir
est synonyme d’une soupe à la grimace, n’a été chez lui perçu. Tout au contraire, envisage-t-il cette
perspective avec grâce et une vista inégalée.
Cela étant, il fait mieux, à ce registre que ses prédécesseurs. D’abord, par le corset qu’il a mis autour de la norme limitative du nombre de mandats. Car là où on révise à tour de bras dans la sous-région, en se livrant au tripatouillage constitutionnel pour se maintenir, Patrice Talon lui a serti la Constitution béninoise d’une pierre précieuse telle qu’elle est désormais définitivement inviolable. Ensuite, en évoquant le sujet de sa succession de façon décomplexée, réitérant à chaque occasion (et avec sourire aux lèvres) cette résolution, il a démontré à merveille qu’une vie après l’exercice du pouvoir suprême est possible et est loin d’être un drame. Un marquage exemplaire qui vaut son pesant dans le processus d’enracinement des normes démocratiques en Afrique. Enfin, qu’un chef de l’Etat, à neuf mois de la fin de son mandat, prépare minutieusement son départ de la scène politique, et adoube déjà celui qui va lui succéder, est chose suffisamment rare pour être souligné, dans un contexte sous-régional marqué par des coups de force militaires ou contorsions juridiques pour se pérenniser au pouvoir.
Patrice Talon confirme ce que l’on savait déjà : qu’il se retirera bien du pouvoir à la fin de son second mandat en cours