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Assemblée nationale: Le Parlement en quête de partenariats pour sa modernisation

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Par   Josué F. MEHOUENOU, le 06 déc. 2016 à 05h12

La septième législature projette une série de réformes dans l’optique de rendre le Parlement béninois plus apte à mieux jouer son rôle. Pour la période 2016-2024, elle exécutera son plan stratégique de développement et de modernisation. Lequel a besoin de moyens que tente de mobiliser l’institution. Lundi 5 décembre à Cotonou, une table ronde a été organisée à cet effet avec des partenaires techniques et financiers.

D’autres pays de la sous-région l’ont déjà expérimenté, mais c’est la toute première fois dans l’histoire du Parlement béninois qu’une table ronde est organisée avec des partenaires techniques et financiers pour leur présenter un plan stratégique et solliciter leur accompagnement dans sa mise en œuvre. Il s’agit donc d’une innovation qui participe de la vision que nourrit le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, pour l’institution dont il a repris les rênes, le 15 juin 2015. « Au moment de ma prise de fonction, j’avais fait un diagnostic sur l’Assemblée nationale. Après un an passé à la tête de l'institution parlementaire, le bureau et moi-même avons eu le temps d’affiner ce diagnostic et de rectifier ce qui peut l'être à court terme en fonction de nos moyens », a souligné le président dans son mot à l’ouverture. L’élaboration du plan stratégique de développement et de modernisation résulte, selon lui, d’une réelle projection du Parlement dans le temps et dans l'espace, et participe aussi du souci d'opérationnaliser les actions que nécessite son fonctionnement optimal.

Sur ce chantier, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) s’est révélé un appui fort. Pour Siaka Coulibaly, représentant résident du PNUD et coordonnateur résident des activités opérationnelles du Système des Nations Unies, l’objectif d’une telle initiative était de « doter le Parlement d’un document stratégique qui intègre une vision prospective, holistique et cohérente de son développement ». Malgré les efforts consentis, note-t-il, les populations continuent de porter une attention sur l’insuffisance de la production législative, l’efficacité du contrôle de l’action du gouvernement et l’insuffisance de communication entre les députés et elles, leurs mandants. Mais ce plan stratégique de développement et de modernisation, se satisfait-il, a le mérite de faire le diagnostic stratégique interne et externe de l’Assemblée nationale, de dégager les forces, faiblesses, opportunités et menaces de l’Assemblée nationale, définir les principaux défis, enjeux sur les huit prochaines années et de présenter le plan d’action pour la mise en œuvre des stratégies, de prévoir son schéma de financement, le mécanisme de mise en œuvre et de suivi-évaluation. Mais ce mérite, estime le représentant résident du PNUD, s’appréciera dans son opérationnalisation.
Nonobstant les mérites de ce document, seule sa mise en œuvre effective permettra l’atteinte des résultats escomptés. Laquelle mise en œuvre nécessite des moyens humains, matériels et financiers. « Le schéma de financement dudit plan prévoit que l’Assemblée nationale, en sa qualité d’institution de souveraineté nationale, puisse apporter l’essentiel des ressources nécessaires à la mise en œuvre des différents axes identifiés, mais que les ressources extérieures viennent en appoint », martèle Siaka Coulibaly. Et c’est sans doute cette quête de moyens extérieurs qui justifie la forte mobilisation d’institutions et structures sous-régionales et internationales, des missions diplomatiques et autres partenaires aux côtés des parlementaires béninois à l’occasion de cette table ronde.

Accompagner l’opérationnalité du plan

« Ce qui est attendu de nous au cours de cette table ronde est bien de voir comment nous allons soutenir le financement de ce plan stratégique, préciser les engagements que nous pouvons prendre pour la mobilisation des ressources nécessaires et des appuis techniques, en complément de celles de la partie nationale ». Le soutien du gouvernement en tout cas ne fera pas défaut, a clairement soutenu le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Aurélien Agbénonci. Cette table ronde, qui selon lui, traduit la vision de grand homme du président de l’Assemblée nationale est aussi un moment de convergence entre pouvoirs législatif et exécutif. Heureux, il l’est aussi de voir le Parlement s’inscrire dans la logique des réformes internes et profondes. L’importance de ce plan stratégique a été également mise en valeur par le ministre pour qui, le Parlement ne manquera pas de ressources pour financer ses ambitions.
Au-delà d’une simple ambition de modernisation et de réformes, il faut surtout voir à travers ce plan, suggère le président Adrien Houngbédji, une aubaine pour le renforcement de la démocratie, ce qui passe inévitablement par le renforcement du Parlement. « Un Parlement à même de faire des lois de qualité, qui contrôle efficacement l'action du gouvernement parce que lui-même doté de moyens efficaces pour le faire, un Parlement à la pointe des technologies de l’information et de la communication capable d'établir une interaction permanente entre ses membres d’une part, et les populations qu'il représente d’autre part, ouvert sur les institutions interparlementaires de coopération… », a-t-il précisé. Son ambition s’étend aussi à un « Parlement de développement qui accompagne le gouvernement dans la dimension internationale de son action à travers une diplomatie parlementaire elle-même axée sur le développement ». Pour contrôler effectivement l’action gouvernementale, les députés doivent disposer des instruments adéquats, notamment ceux qu’impose la gouvernance actuelle à savoir les technologies de l’information et de la communication, a-t-il poursuivi.
Vaste chantier qui ne pourrait être l'œuvre d'une seule partie, mais qui nécessite « une synergie d'actions entre la communauté internationale et nous, et entre vous-mêmes partenaires, pour impulser la dynamique nécessaire à notre ambition », dira alors Me Adrien Houngbédji. Pour lui, le soutien à un plan comme celui-là garantit des institutions démocratiques fortes et stables, capables de contribuer à la construction d’un véritable État de droit, et participe à la liberté et la justice. Il y voit aussi une manière d'assurer l'égalité en droits et en devoirs des citoyens, de lutter contre la corruption, de créer un climat favorable aux affaires, de remettre tous les enfants du pays au travail, d'organiser la solidarité, bref des institutions capables de promouvoir la bonne gouvernance politique et économique. « Les ressources financières et appuis techniques attendus de cette table ronde viendront, en conséquence, traduire la solidarité de la communauté internationale vis-à-vis du Bénin », pense aussi le président du Parlement?


Les neufs axes stratégiques du plan

Selon le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, le plan stratégique de développement et de modernisation pour lequel il est en quête de soutiens s'étend de 2016 à 2024 soit deux législatures. Il s’agit, indique-t-il, de voir loin et grand et les actions envisagées vont au-delà de l’actuelle mandature pour s'inscrire dans une dynamique de continuité. Il s’agit de « voir et prévoir pour les législatures à venir, voir et prévoir pour les générations à venir », a soutenu le président de l’Assemblée nationale. Le plan, poursuit-il, a retenu neuf axes stratégiques, que sont l’assainissement du système partisan, l’instauration d’une culture d’éthique et de bonne conduite du parlementaire pour une bonne image des élus et du Parlement, le développement des systèmes d'information, du numérique et des échanges d’information entre les medias et l’Assemblée nationale, le développement de la diplomatie parlementaire, le renforcement des capacités des parlementaires dans la prise en charge des missions de l’Assemblée nationale en lien avec les besoins des populations, le renforcement des capacités de gestion administrative, financière et comptable de l’administration parlementaire, l’extension du champ et de la portée du contrôle de l’action gouvernementale et du suivi de l’application des textes de lois, la sensibilisation des parties prenantes à une veille permanente et au suivi des dossiers de corruption et de mauvaise gestion de deniers et patrimoines publics et la promotion du genre et des droits humains au regard des valeurs éthiques, morales de la culture béninoise et universelle.
J.F.M