La Nation Bénin...
Le caucus des femmes parlementaires a été reçu
en audience au palais de la Marina, jeudi 11 janvier dernier. Avec le chef de
l’Etat, les députées ont évoqué notamment la situation des femmes en politique.
S’il est vrai que certaines femmes s’affirment
en politique et parfois accèdent au palais des Gouverneurs, il est aussi
loisible de constater que leur passage dans l’arène politique est souvent
furtif. Certaines d’entre elles ne durent que le temps d’un feu de paille sans
vraiment laisser des impacts plausibles. Cette préoccupation était l’un des
points au cœur des discussions entre Patrice Talon, président de la République,
et les 29 femmes élues députées lors des dernières élections législatives.
Mais avant, ces élues de la 9e législature de
l’Assemblée nationale ont exprimé au chef de l’Etat, leurs reconnaissances pour
avoir initié et soutenu la révision de la loi fondamentale du Bénin en son
article 26 et du Code électoral en son article 144. Ce sont ces amendements qui
ont ouvert la voie à une forte représentativité inédite des femmes au parlement
béninois.
Selon l’article 26 de la Constitution, « «
L'Etat assure à tous, l’égalité devant la loi, sans distinction d’origine, de
race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale. L’homme
et la femme sont égaux en droit. Toutefois, la loi peut fixer des dispositions
spéciales d’amélioration de la représentation du peuple par les femmes. L’Etat
protège la famille, particulièrement la mère et l’enfant. Il porte assistance aux personnes porteuses
de handicap ainsi qu’aux personnes âgées». Quant à l’article 144 du code
électoral, il stipule que « le nombre de députés à l’Assemblée nationale est de
cent-neuf (109) dont vingt-quatre sièges exclusivement réservés aux femmes ».
L’article 145, pour sa part, dispose que « les partis politiques, désireux de
prendre part aux élections législatives, présentent des listes de candidats
dans toutes les circonscriptions électorales. Chaque liste comprend un nombre
de candidats égal à celui des sièges à pourvoir dont une femme et sa suppléante
spécialement présentées au titre des sièges réservés. Ainsi, 24 femmes et leurs
suppléantes seront donc obligatoirement retenues sur les listes électorales, en
dehors des 85 sièges à pourvoir en hommes et femmes, soit une femme et sa
suppléante par circonscription électorale ».
« Le Bénin est cité désormais en exemple parmi
les grandes nations qui mettent la femme au cœur du développement. Si
aujourd'hui, le parlement béninois compte 29 femmes, c'est grâce à votre
clairvoyance, monsieur le président de la République», a reconnu Djamilatou
Sabi Mohamed, présidente du caucus des femmes parlementaires du Bénin. Elle
ajoute que grâce au savoir-faire et à la grandeur d'esprit du président de la
République, le Bénin est en train d'écrire de très belles pages de son
histoire. Car « de 7,23 % de femmes lors de la 8e législature, le parlement est
aujourd'hui composé de 26,6 % de femmes ».
Sans complexe
Seulement, ces premiers résultats ne satisfont
pas le chef de l’Etat. Il veut une meilleure représentativité des femmes au
parlement. Mieux, il espère qu’elles marquent leur passage d’une encre
indélébile. « « Je peux me réjouir déjà que je pourrai être votre allié pour
que les partis politiques du Bénin, notamment ceux représentés à l’Assemblée
nationale, fassent l'effort nécessaire pour donner satisfaction à votre attente
et aller plus loin dans ce que nous avons fait jusque-là. Mais ce qui sera
important pour le Bénin entier, ce sera bien la manière dont vous-mêmes, vous
vous rendrez visibles dans l'action politique. Nous voulons que les femmes
participent réellement à la construction de notre pays tel que vous le faites
au niveau familial car la plupart des familles béninoises sont portées par les
femmes », a déclaré Patrice Talon. Il les invite alors à agir sans complexe et
à faire des interventions avec pertinence et éloquence. « Parfois, nos femmes
peuvent être complexées, intimidées par leur peu d'éloquence en français … Il y
a des complexes qu'il faut dépasser parce que l'intelligence, le génie n'a rien
à voir avec la connaissance d'une langue étrangère, il n'a rien à voir avec
l'instruction des connaissances modernes. Nous voulons vous voir et vous
entendre de mieux en mieux », leur a-t-il indiqué. En outre, le président de la
République appelle à une durée plus longue des femmes dans le paysage
politique. Selon lui, le passage éphémère des femmes en politique n’est pas de
nature à encourager d’autres femmes à leur emboiter le pas.