Les défis sécuritaires qui s’imposent aux pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), et leur gestion, interpellent également les médias. Face à cette problématique qui devient de plus en plus transversale, la Plateforme des régulateurs de l’Audiovisuel des pays membres de l’Uemoa et de la Guinée a décidé de l’inscrire sur la liste de ses priorités. A l’occasion de sa 10e assemblée générale ouverte hier à Cotonou, la plateforme a engagé les réflexions. « Médias et insécurité : entre droit d’informer et impératifs sécuritaires », c’est sur ce thème que responsables étatiques, journalistes et experts ont axé leurs échanges dont les conclusions sont attendues pour ce jour.
En souhaitant la bienvenue à Cotonou à ses pairs, Rémi Prosper Moretti a levé un coin de voile sur les grandes orientations des débats. Il a fait savoir que « la vie de la plateforme sera passée en revue, et l’Ag aura à réfléchir sur les défis qui attendent la plateforme, face aux nouveaux médias et au contexte sécuritaire». Il espère que ceci sonne comme un appel à la conjugaison des efforts pour amener les médias à mieux informer les populations, et à jouer leur rôle d’éducation et de sensibilisation, dans un contexte de montée progressive du terrorisme et ses corollaires.
Malgré les limites prévues par les textes qui garantissent, organisent et régulent la liberté d’expression et le droit à l’information, la plateforme a fait observer qu’il y a une forte propension de dérives générées aussi bien par les médias classiques que par les réseaux sociaux. Les fake news, les infox, les menaces terroristes parfois sans aucune source fiable, les attaques racistes, les discours xénophobes, les discours pédopornographiques sont autant de réalités qui , au dire du Secrétaire permanent de la plateforme, constituent « de potentielles sources d’insécurité» qui ne sauraient garantir une meilleure quiétude aux populations.
Renforcer les médias et les instances
La nécessité de garantir des médias davantage respectueux aussi bien du code de déontologie de la profession que des principes sécuritaires s’offre comme la principale piste à explorer. Pour le représentant résident de la Commission de l’Uemoa, partenaire de la plateforme, la définition de la limite entre le droit d’informer et les exigences liées à la sécurité s’avère nécessaire. Yawovi Batchassi pense qu’il faut arriver « à un équilibre qui protège les professionnels des médias dans l’exercice de leur métier et qui préserve la quiétude des populations ». Pour y parvenir, la plateforme a convié aux assises les membres des instances de régulation, des journalistes et les forces de défense et de sécurité. Babacar Diagne, président de la plateforme, pense qu’au-delà du respect des principes sécuritaires et du code de déontologie de la profession, il faut repenser le modèle économique des médias. Les instances membres de la plateforme de l’Uemoa et de la Guinée doivent également être renforcées et dotées de moyens subséquents.
C’est convaincu de cela que le président de l’instance béninoise de régulation de l’audiovisuel a lancé un appel à l’engagement des pouvoirs publics. Rémi Prosper Moretti a sollicité l’accompagnement et le plaidoyer du chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, auprès de ses pairs, pour la dotation des instances de régulation des médias en moyens adéquats. Ceci, croit-il, permettra « le renforcement de leurs autorités technique, professionnelle et institutionnelle. »
Au nom du président Patrice Talon, le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Louis Vlavonou, a rappelé les efforts que consentent les nations de la communauté, pour la lutte contre le terrorisme. Il s’est ensuite réjoui de l’initiative de la plateforme qui s’inscrit dans la même dynamique. Son souhait est que les acteurs parviennent à faire en sorte que l’information et l’apparition des nouveaux médias ne constituent pas des facteurs de nuisance à la sécurité dans les pays membres de la plateforme ■