La Nation Bénin...
Au Bénin, l’accès à l’électricité pour une grande partie
de la population est une réalité. Pour y parvenir, plusieurs réformes
structurelles et fonctionnelles ont été menées. Faisant le bilan des neuf ans
du gouvernement, Kingnidé Paulin Akponna, ministre de l’Energie, de l’Eau et
des Mines, a expliqué les actions ayant permis de faciliter la mise à
disposition de l’énergie électrique et les perspectives qui s’annoncent
heureuses.
D’une capacité de production d’énergie électrique
inexistante en 2016, le Bénin a pu relever le défi de se doter d’équipements
mettant à disposition sur le site de Maria-Gléta plus de 127 Mgw, sur un total
de 182 Mgw disponibles. Il en a été ainsi grâce aux multiples réformes engagées
par le gouvernement sur ces neuf dernières années. Tout comme l’augmentation de
la capacité de production d’énergie électrique, toutes les actions ont donné
des résultats concrets, permettant ainsi aux populations d’obtenir de
l’électricité à moindre coût et sans coupures intempestives.
« Le gouvernement a engagé deux réformes importantes en
termes de production. La première, c’est de doter le secteur d’un cadre
règlementaire et institutionnel. La deuxième concerne l’organisation même du
secteur», a fait comprendre Kingnidé Paulin Akponna, ministre de l’Energie, de
l’Eau et des Mines, qui poursuit que les fonctions de production, de transport
et de distribution sont désormais séparées puisque à la base, elles sont
incompatibles. Si la production revient à la Société béninoise de production
d’électricité (Sbpe), le transport incombe à la Communauté électrique du Bénin
(Ceb) et la distribution relève des prérogatives de la Société béninoise
d’énergie électrique (Sbee).
Acteur nouveau
C’est désormais la Société béninoise de la production
d’électricité (Sbpe) qui se charge de la production de l’électricité. Il
découle de cette décision que la Sbpe centralise l’achat de l’énergie
électrique pour satisfaire les besoins des délégataires de service public de
distribution ou ceux des grands clients ou des clients éligibles.
En effet, s’investissant dans la réalisation et la
réhabilitation d’infrastructures importantes de production d’énergie
électrique, dans l’objectif d’atteindre d’ici quelques années, une autonomie
énergétique, le gouvernement a jugé opportun, pour leur bonne gestion, de
constituer une société de patrimoine de production d’électricité, distincte de
la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) dont la mission essentielle
sera recentrée sur la distribution.
La Sbpe a pour activités la production et la vente
d’électricité grâce à l’exploitation des actifs propres, l’achat de l’énergie
solaire produite par les opérateurs privés et la vente d’électricité à la Sbee
puis le développement des énergies renouvelables.
Pour ce faire, elle dispose des actifs de production de
l’Etat actuellement en exploitation ou en cours de réalisation tels que la
centrale thermique de Maria-Gléta 2, mise en service en août 2019, la centrale
thermique de Maria-Gléta 3 dont le processus de réalisation est en cours et la
centrale solaire photovoltaïque construite dans le cadre du projet Defissol.
Avec cette répartition des compétences, la Sbpe s’assure
de la disponibilité efficiente de l’énergie électrique sur les réseaux de
distribution aussi bien par sa production propre que par l’achat de celle des
producteurs indépendants, sans exclure les importations d’énergie électrique,
lorsque les circonstances y sont favorables. Une manière de continuer à mettre
fin aux coupures d’électricité qui, déjà, sont devenues rares, fruit de
l’ambition du gouvernement visant à inverser la courbe alarmante
d'indisponibilité de l’énergie électrique observée à son avènement, à travers
d’importants investissements et des réalisations de grande portée.
La Sbpe est une société de patrimoine à capital public
distincte de la Sbee ; donc elle ne la remplace pas. Ce montage institutionnel
permettra à la Sbee de se concentrer sur sa mission de distribution ; et cela
induit une répartition des rôles pour la gestion professionnelle et moderne du
secteur. Surtout que le gouvernement table également sur des producteurs privés
d’énergie.
Aussi, à en croire le ministre de l’Energie, cette option a été prise en toute conformité avec les lois et règlements en vigueur. Car la loi portant code de l’électricité en République du Bénin habilite l’Etat à désigner, comme acheteur principal d’énergie électrique, un opérateur dont la mission sera d’assurer l’achat et la vente centralisés de l’énergie électrique en vue de sa distribution sur le réseau national dédié. La décision est également conforme aux statuts de la Sbpe, selon lesquels, la société est chargée d’acheter en gros l’énergie électrique auprès des producteurs indépendants d’électricité nationaux et internationaux et d’assurer la disponibilité suffisante de l’offre d’énergie électrique à l’effet de garantir l’équilibre offre-demande de l’électricité au Bénin.
Centrales solaires, opérateurs privés …
Le gouvernement investit énormément dans la construction
de centrales solaires. Depuis quelques semaines, le chantier de la centrale
solaire Forsun d’une capacité de 25 Mwc est entamé sur le site d’Illoulofin
dans l’arrondissement d’Issaba, commune de Pobè. D’un montant de 16 milliards F
Cfa cofinancé par l’Agence française de développement et l’Union européenne,
cette infrastructure moderne permettra de réduire le déficit de production
d’énergie électrique et d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le
mix énergétique du Bénin. Elle contribuera aussi à baisser le coût de
l’électricité pour les ménages et à réduire les émissions de gaz à effet de
serre à hauteur de 23 000 tonnes de Co2 par an sur une durée de 25 ans.
En fait, sur ce site d’Illulofin, deux centrales solaires
d’une capacité totale de 50 Mwc sont déjà opérationnelles et permettent, entre
autres, de juguler les effacements de l’énergie électrique provenant du
Nigeria.
Il faut préciser qu’à travers une deuxième composante du
projet Forsun ciblant l’extension des réseaux de distribution électrique de la
Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), le taux d’accès sera augmenté,
les disparités entre zones urbaines et rurales réduites puis la qualité du
service électrique pour les abonnés actuels et futurs de la Sbee renforcés à
l’horizon 2026.
« L’ambition du gouvernement, c’est de rendre la Zone
économique spéciale de Glo-Djigbé entièrement autonome sur le plan de l’énergie
électrique. Une centrale de 100 Mgw est donc prévue pour être y installée», a
indiqué le ministre Kingnidé Paulin Akponna. En dehors de ce projet, il est
prévu que les opérateurs économiques privés installent quatre générateurs d’une
capacité totale de 75 Mgw dans diverses localités du pays. Il est en de même de
la construction d’un barrage de 128 Mgw. « A l’horizon 2030, le Bénin
ambitionne d’être autonome sur le plan de l’énergie électrique », annonce le
ministre en charge de l’Energie.
Structurel
De 6 % de couverture en 2016, l’énergie électrique est
désormais à la portée de plus de 30 % de la population béninoise. Mieux, avec
les actions du gouvernement, le raccordement au réseau électrique qui était à
85 000 F Cfa sera progressivement gratuit. Cette gratuité est prévue pour se
dérouler en deux étapes. Dans un premier temps, le raccordement coûte au total
20 000 F Cfa pour le consommateur, soit 10 000 F Cfa comme montant forfaitaire
de raccordement et 10 000 F Cfa pour la prestation de contrôle des
installations intérieures. Au terme de deux années, le raccordement sera rendu
possible pour toutes les populations pour autant qu’elles en expriment le
besoin.
En effet, entre 2025 et 2026, le raccordement sera
gratuit, a décidé le gouvernement, mais les frais de contrôle des installations
intérieures restent toujours à la charge du citoyen sollicitant les services de
raccordement. Cette politique aura pour effet de permettre d’assurer
l’alimentation en énergie électrique de près de deux millions d’abonnés
supplémentaires à l’horizon 2026, et coûtera à l’Etat béninois la somme de 107
milliards F Cfa.
En réalité, ce n’est pas la première fois que des
facilités sont accordées pour le raccordement au réseau électrique. Plusieurs
actions confirmant la priorité accordée par le gouvernement au secteur de
l’électricité ont été menées. C’est le cas de diverses mesures qui ont été déjà
mises en œuvre, notamment la réduction à 25 000 F Cfa des frais de branchement
en milieu rural et la gratuité des frais de raccordement pour les petites et
moyennes entreprises ou industries dont le besoin en énergie électrique est
compris entre 140 et 160 Kva.
A cela, s’ajoute le projet «Lumière du Bénin » qui consiste à éclairer, par des lampadaires solaires photovoltaïques de dernière génération, l’ensemble des 77 communes du Bénin sur plus de 1 600 km de voiries.
Régulation
L’attelage institutionnel pour la gestion du secteur de l’électricité ne laisse aucune place aux conflits d'attributions. Ainsi, les missions de la cellule stratégique se démarquent de celles de l’Autorité de régulation de l’électricité (Are). Selon les décrets n° 2009-182 du 13 mai 2009 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Autorité de régulation de l’électricité et n°2015- 074 du 27 février 2015 portant modification des articles 3, 8, 18, et 19 du décret n°182 du 13 mai 2009, l’Are a pour missions de veiller au respect des textes législatifs et règlementaires régissant le secteur de l’électricité au Bénin, de protéger l’intérêt général, de garantir la continuité et la qualité du service public d’électricité et de veiller à l’équilibre financier du secteur et son développement harmonieux. L’Are veille aussi au respect des normes en matière de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique, à l’exercice d’une concurrence effective, saine et loyale dans l’intérêt de l’État, des opérateurs et des consommateurs, conseille les autorités sur les orientations de la politique du secteur puis définit et approuve les normes et services fournis par les opérateurs. Il revient également à l’Autorité de régulation de l’électricité d’approuver les dossiers d’appel d’offres en vue de la sélection des exploitants privés, d’approuver l’octroi des concessions, de rendre des avis motivés sur les différends qui lui sont soumis, de régler à l’amiable les litiges nés entre les intervenants du secteur sans préjudice des actions éventuelles devant les tribunaux compétents, de délivrer les autorisations de production aux auto-producteurs, etc.