La Nation Bénin...
La signature, ce lundi 18 août à Cotonou, de mémorandums
d’entente entre le Bénin et le Nigeria dans les aires linguistiques Boo,
Baatonu et Nago-Yoruba, marque une nouvelle étape de la coopération
transfrontalière. Autorités locales, institutions nationales et partenaires
techniques ont salué un cadre inédit de rapprochement entre communautés unies
par l’histoire, la culture et la langue.
Le Bénin et le Nigeria ont franchi un pas supplémentaire
dans la consolidation des liens historiques et culturels, ce lundi 18 août.
Réunis autour des aires linguistiques Boo, Baatonu et Nago-Yoruba, les deux
pays ont procédé à la signature de mémorandums d’entente visant à renforcer la
coopération transfrontalière. L’événement, placé sous le signe de l’unité des
peuples, s’inscrit dans la continuité de la rencontre tenue en avril et en mai
derniers à Parakou. Pour Adébayor Simon Dinan, maire de la commune de Pobè et
président de l’Association béninoise des communes frontalières (Abcf), il
s’agit d’une suite logique aux actions déjà entamées. « A l’époque, huit maires
du Bénin avaient pris part aux travaux. Aujourd’hui, nous sommes onze, avec
l’entrée des communes de Sèmè-Kpodji, Avrankou et Adjarra dont les populations
parlent aussi la langue yoruba. Elles partagent en outre une frontière avec
Badagri 1 et Badagri 2 », a-t-il fait remarquer. Au-delà d’une simple formalité
administrative, la rencontre a mis en lumière l’importance des langues et
cultures comme passerelles entre les peuples. Youssoufou Adam, directeur
général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers
(Abegief), a insisté sur la force d’une identité partagée. « Cette identité
culturelle qui existe entre nous depuis des siècles est une suture qui ne peut
jamais s’effacer. Elle sera matérialisée dans les faits, à travers des projets
intégrateurs pour les communautés transfrontalières. Depuis toujours, le
colonisateur a implanté des frontières. Mais nous, notre identité fait que nous
serons toujours ensemble», a-t-il clarifié. Selon lui, la signature des
mémorandums constitue un acte fort, destiné à aller au-delà des frontières et à
effacer symboliquement les divisions artificielles héritées de l’histoire
coloniale. « Ce jour sera un jour immémorial, car la signature de ces documents
nous permettra d’aller de l’avant», a-t-il affirmé. Côté nigérian, Adamu
Adadji, directeur général de la Commission nationale des frontières (Nbc), a
rappelé que l’initiative dépasse la simple signature d’un texte légal. « Le
mémorandum d’entente n’est pas seulement un instrument légal, mais aussi un
moyen d’exprimer que nous sommes un. Nos frontières doivent devenir les portes
de la paix, de la prospérité et du respect mutuel, et non les barrières de la
division», a-t-il rappelé. Pour lui, cette démarche renforce la richesse de
l’héritage socio-culturel commun, tout en ouvrant la voie à une meilleure
coexistence et à l’amélioration des conditions de vie des communautés vivant de
part et d’autre de la frontière.
Au cœur du processus
L’acte tenu à Cotonou a également mis en exergue le rôle
central des collectivités locales dans l’opérationnalisation de cette
coopération. Bakary Sanou, chef projet frontière à la Coopération allemande, a
salué l’ancrage local de l’initiative. « La Convention de Niamey de 2012 sur la
coopération transfrontalière, ratifiée par le Bénin et le Nigeria, a posé le
cadre légal. Mais la véritable intégration se pratique au jour le jour dans les
collectivités frontalières. C’est là qu’intervient la diplomatie locale
préventive. Les langues et cultures sont des leviers essentiels pour
transformer la frontière en passerelle d’intégration », a-t-il soutenu. Le
représentant de la Giz a également rappelé que les espaces frontaliers sont des
“bassins de vie”, où la frontière doit être une opportunité de développement,
et non un obstacle. La coopération, selon lui, doit s’appuyer sur des projets
concrets comme les forages, les infrastructures communautaires ou encore des
activités économiques partagées que la coopération allemande ne manque pas
d’ailleurs de soutenir.