La Nation Bénin...
Acteur majeur de la riposte contre les mutins, le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine, a livré un récit précis des faits survenus dans la nuit du 7 décembre, lorsqu’une mutinerie a visé des hauts responsables militaires, les institutions de la République et la résidence présidentielle. Un témoignage inédit qui éclaire sur la riposte déterminante ayant permis de mettre en échec la tentative de putsch.
Dans un témoignage inédit accordé à Radio France internationale (Rfi), colonel Dieudonné Tévoédjrè, commandant de la Garde républicaine, est revenu avec précision sur les premières heures de la tentative de coup d’État déjouée dans la nuit du 7 décembre. Son récit, dense et direct, dévoile les mécanismes d’une attaque coordonnée qui visait, selon lui, non seulement des personnalités militaires de haut rang mais aussi les institutions de la République et la personne même du chef de l’Etat.
Tout commence très tôt. « L'opération a débuté à 2 heures 10 minutes avec l'appel du Général de corps d'armée Bertin Bada, directeur du Cabinet militaire du président de la République. Il m'a informé qu'il était en train d'être attaqué à son domicile par des hommes cagoulés », informe le commandant. Quelques minutes seulement après ce premier signal d’alerte, un second appel vient confirmer qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé. « A la suite du général Bada, le général Abou Issa, chef d'état-major de l'Armée de Terre, m'a également appelé. J'ai immédiatement compris que ce n'était pas un acte isolé de délinquance, mais bien une tentative d'atteinte à la sûreté de l’État », poursuit le colonel Dieudonné Tévoédjrè qui dit avoir aussitôt mis en branle les premiers éléments de riposte. « En tant que commandant de la Garde républicaine et responsable direct de la sécurité étatique, j'ai alerté mon unité. Je me suis moi-même rendu immédiatement sur le terrain afin de défendre la patrie. Cette action fut justifiée, car les événements se sont enchaînés comme vous avez pu le constater », ajoute l’officier supérieur.
Selon lui, les assaillants avaient un plan clair et structuré qui est de neutraliser des figures militaires, semer la confusion puis attaquer frontalement les organes vitaux de l’Etat. Suite à ces actes, les putschistes ont décidé de s'attaquer aux institutions de la République et, surtout, à la personne du chef de l'Etat.
Offensive principale
Aux premières lueurs du jour, l’offensive principale est entamée. Ils ont lancé leur assaut contre la résidence du président de la République. « Fort heureusement, je m'y étais déjà rendu pour organiser personnellement la défense de la résidence et du palais présidentiel. J'étais sur place quand la horde d'assaillants a attaqué ». Face à cette attaque, la Garde républicaine a organisé une riposte immédiate, décrite comme décisive. « Nous avons organisé la riposte. Les assaillants ont été visiblement surpris par l'intensité de notre contre-attaque ainsi que par la détermination de mes hommes, et c'est cette surprise qui les a mis en déroute », indique-t-il.
L’un des passages les plus marquants du récit concerne la présence du chef de l’Etat et de son épouse au moment de l’assaut. « Je confirme que le président et son épouse étaient présents sur les lieux ». Tévoédjrè se dit frappé par l’attitude du chef de l’Etat, resté à proximité immédiate des lignes de défense. « J'ai d'ailleurs été agréablement surpris par le courage du chef de l'Etat. Il est resté à ma proximité immédiate pour suivre les combats. Malgré mon insistance à le prier de se mettre à l'abri, il a tenu à être à mes côtés et à suivre le déroulement des opérations », révèle le commandant de la Garde républicaine.
Selon lui, cette présence s’est prolongée durant toute la durée du dispositif. « Il a maintenu cette position dès 3 h du matin, heure de mon arrivée à son domicile, jusqu'à la fin des opérations en soirée », martèle le patron de la Garde républicaine.
Colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine