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Editorial de Paul Amoussou: La guerre sourde

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La guerre sourde La guerre sourde

Que dit récemment le monde lorsque nous l’écoutons ? Il fait écho de ce que la force en attente de la Cedeao reste bien en attente, histoire de trouver une bonne prise d’attaque. Il faut bien à l’instance sous-régionale en trouver, au risque de perdre toute crédibilité.

Par   Paul AMOUSSOU, le 25 août 2023 à 05h25 Durée 3 min.
#La guerre sourde
Autant le coup d’Etat de Tchiani et consorts en est un de trop, autant abdiquer face à l’obstination des putschistes à conserver le pouvoir, serait un compromis, voire une complaisance de trop ! Le compromis africain fait avec les putschistes au Mali et au Burkina Faso est bien ce qu’il faut épingler comme un précédent fâcheux qui laisse croire aux trublions nigériens qu’ils peuvent faire de même. Il faut en finir avec et remettre le fétiche au centre du village, faire droit aux prérogatives de la Cedeao.

Dans une autre dimension, l’Organisation des Nations unies souffre d’une même remise en cause, et comme la Cedeao, joue non plus sa crédibilité égarée quelque part, mais sa raison d’être. Tant elle est ballotée par les regroupements informels tels le G7, le G20 et de plus en plus par le Brics qui vient d’élargir ses bases suite à son 15e sommet, du 22 au 24 août, tenu en Afrique du Sud. Au quinté de tête que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’ajoutent désormais l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Avec pour ambition affichée de mitiger l’ordre international actuel dominé par les occidentaux.

Cette opposition, dans le fond et sur la forme, équivaut à quelques nuances près à la guerre froide. A la différence de cette dernière, les missiles de l’époque du rideau de fer se sont mués en rivalités économiques, davantage en compétition ardue pour tirer vers soi le drap de la croissance économique et se faire valoir en tant que superpuissance. C’est la guerre sourde. La confrontation est tout aussi rude, et est appelée à le devenir plus encore, avec la Russie qui s’est radicalisée dans son opposition aux occidentaux. Et la castagne ne va pas consister rien qu’en de simples bris de briques !

L’émiettement de la carte du monde que symbolisent aujourd’hui Brics et G (7 et 20), ajouté à la guerre en Ukraine, sonnent le glas de l’ordre mondial né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cet ordre étant bien mort, il faut avoir le courage de prononcer solennellement son requiem, en faire le deuil, tourner la page pour mieux aller de l’avant. C’est alors donner une seconde vie à son fétiche emblématique qu’est l’Onu. Ne plus assister au spectacle pathétique de son secrétaire général, fataliste, égrener les problèmes de ce monde, qui pourtant relèvent de ses prérogatives, serait en soi une grande avancéen