La Nation Bénin...
Styliste, designer et chef d’entreprise, Olaïdé S. Djegoun, à travers cette interview, témoigne des défis rencontrés en tant que femme dans le milieu professionnel, notamment des résistances liées au genre. Elle aborde également les progrès réalisés en matière de droits des femmes au Bénin, tout en insistant sur la nécessité de sensibiliser les hommes pour que l’égalité et l’autonomisation deviennent une réalité partagée.
Le combat homme vs femme est-il réellement un impératif pour espérer atteindre un jour, l’égalité des droits et l’autonomisation des femmes?
Cette guerre consciente ou inconsciente que les femmes semblent faire aux hommes ou vice versa n’est pas du tout indispensable. Nous ne sommes pas obligés d’en arriver là car nous pouvons et devons évoluer ensemble. Cette guerre n’est avantageuse pour aucun d’entre nous, étant condamnés à co-construire. Il est vrai que les femmes doivent parfois en faire plus que les hommes pour être respectées, mais cela ne signifie pas que nous devons évoluer en excluant les hommes. L’objectif est de progresser ensemble.
Est-ce facile pour vous d’évoluer dans votre secteur d’activité? Faites-vous face à de la résistance surtout en raison de votre sexe?
J’ai
démarré réellement mon travail à 40 ans. J’ai dû retourner en formation pour
devenir une styliste, designer et conseillère en image. Au début de ma
carrière, j’ai eu des difficultés avec mes employés hommes, car certains
avaient du mal à accepter d’être dirigés par une femme, surtout une femme plus
jeune qu’eux. J’ai dû apprendre à mes dépens à adopter une posture plus ferme,
être plus autoritaire pour m’imposer et me faire respecter. Cela m’a obligée à
être une femme différente dans l’entreprise et dans ma vie personnelle.
Honnêtement, je pense que si j’avais été un homme, cela aurait été plus simple.
Que pensez-vous du thème de la Journée internationale des droits des femmes 2025 “Pour toutes les femmes et les filles, droits, égalité et autonomisation” ?
Ce thème met en avant trois éléments clés. Les droits : Femmes et hommes doivent avoir les mêmes droits. Par exemple, à compétences égales, les salaires ne devraient pas être différents selon le sexe. L’égalité : elle doit être garantie en matière de droits et d’opportunités professionnelles. L’autonomisation: c’est la capacité des femmes et des filles à être indépendantes financièrement et à prendre en charge leur propre avenir.
Comment évaluez-vous l’évolution des droits et de l’autonomisation des femmes au Bénin ?
Nous avons progressé, mais il reste encore du chemin à parcourir. Grâce aux efforts de figures emblématiques comme Marie-Élise Gbèdo, nous avons avancé, mais nous devons poursuivre ce combat. Il faudrait des campagnes de sensibilisation à destination des hommes pour leur faire comprendre que recevoir des ordres d’une femme dans un cadre professionnel ne diminue en rien leur masculinité. Il serait pertinent d’organiser des séminaires pour ancrer cette idée dans les mentalités.
Quel est votre message final ?
En tant que femmes, nous devons souvent faire plus que les hommes pour être autant valorisées qu’eux. Il est donc essentiel de miser sur la compétence et de continuer à prouver notre valeur.