Explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande: La grande désolation à Sèmè-Kraké (Une enquête ouverte)
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Une trentaine de personnes ont péri dans l’explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande à Kraké
L'explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande a fait, samedi 23 septembre dernier, à Kraké dans la commune de Sèmè-Podji, 35 morts totalement calcinés, 20 personnes grièvement blessées et d’énormes pertes en biens matériels. Une enquête judiciaire est ouverte pour élucider les causes réelles de l’incendie et situer les responsabilités notamment civiles.
Par
Thibaud C. NAGNONHOU, le 25 sept. 2023
à
04h18
Durée 4 min.
#Explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande
Le Bénin est en deuil. Il a perdu, samedi 23 septembre dernier, une trentaine de ses filles et fils qui ont péri dans l’explosion d’un entrepôt d’essence de contrebande. Le drame est survenu à Kraké, une localité frontalière entre le Bénin et le Nigeria, située dans la commune de Sèmè-Podji. Le feu a aussi consumé le magasin et tout son contenu. Les dégâts en biens matériels sont aussi importants. Ils s’énoncent en termes de véhicules, de tricycles et de motos partis en fumée. C’est un évènement malheureux, déplore le directeur général adjoint du Groupement national des sapeurs-pompiers (Gnsp), le lieutenant-colonel Dallys
Ahouangbégnon qui était sur le terrain. Selon lui, ses services ont été alertés à 9 h 59 min pour le cas de cet incendie à Sèmè-Kraké. La réaction des sapeurs-pompiers a été prompte. Les premiers moyens de lutte contre les incendies se sont présentés à 10 h 06 min sur les lieux du drame, soit 7 min après l’alerte. Il s’agit des engins du centre des sapeurs-pompiers de Sèmè-Podji. Ces premiers moyens composés d’ambulance à citerne d’eau ont été renforcés par ceux du centre des sapeurs-pompiers de Porto-Novo et ceux de Saint Jean à Cotonou.
Secours prompts
« Il s’agissait d’un feu d’hydrocarbure sur un site d’entreposage et de manipulation d’essence. Les pompiers déployés ont fait ce qu’ils pouvaient et le feu a été maitrisé et éteint. Mais on déplore malheureusement le décès de 33 personnes dont au moins un enfant. Trois personnes ont été évacuées avant même l’arrivée des secours par les populations sur place », a indiqué le Dga/Gnsp. Ce premier chiffre du nombre de décès a malheureusement évolué. Le ministre en charge de l’Intérieur, Alassane Séïdou, en visite au Cnhu avec trois de ses collègues, évoque 34 morts. Le procureur de la République près le Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo,
Abdoubaki Adam-Bonglè, annonce un bilan de 35 morts dans un communiqué de presse qu’il a rendu public, en début de soirée du samedi 23 septembre. Ce qui veut dire que des rescapés grièvement blessés sont passés de vie à trépas. Le patron du Parquet de Porto-Novo précise que l’incendie s'est produit aux environs de 9 h 30min dans le magasin du sieur Jean Zinhouémédé situé au quartier Glogbo 2. L’entrepôt d’essence a une superficie de 1000 m2. L’on en sait un peu plus sur l’origine probable de l’explosion avec le communiqué de presse du procureur de la République. Se basant sur des témoignages recueillis sur le terrain,
Abdoubaki Adam-Bonglè informe que le drame aurait été probablement déclenché lors du déchargement des sacs d’essence communément appelés «Bohoumbo», d’un véhicule de marque Nissan immatriculé AR 1937 Rb.
Justice
Le procureur de la République informe avoir ouvert une enquête complète pour élucider les circonstances de cet incendie tragique. « Une cellule de crise est installée afin de renseigner les parents des victimes, recueillir les informations permettant d’établir la cause exacte de l’incendie, de déterminer toute responsabilité criminelle éventuelle, et de garantir que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles», assure le patron du Parquet du Tpi de Porto-Novo. Abdoubaki Adam-Bonglè demande à tous les citoyens de coopérer pleinement avec les autorités et de fournir toute information pertinente qui pourrait aider dans cette enquête judiciaire.
La tragédie a mobilisé plusieurs autorités politico-administratives sur le terrain. On a noté la présence notamment du préfet de l’Ouémé, Marie Akpotrossou et du maire de Sèmè-Podji, Jonas Gbènamèto. Tous ont déploré le drame surtout le bilan humain. « Nous avons constaté avec amertume l’ensemble des dégâts humains et matériels. C’est un site qui n’est pas en réalité clandestin. Car, c’est un site sur lequel les autorités compétentes viennent fréquemment pour les formalités douanières. C’est un entrepôt de carburant », a souligné le maire. Il salue les forces de l’ordre et les sapeurs-pompiers dont la promptitude a permis de maitriser l’incendie. «Les sapeurs-pompiers, le Samu et tout le dispositif de sauvetage se sont mis en branle pour que les rescapés qui doivent être conduits dans les hôpitaux le soient. Nous sommes à l’instant même en train de requérir l’avis des autorités judiciaires en ce qui concerne la décision à prendre pour les corps calcinés », a indiqué le maire Jonas Gbènamèto, le cœur meurtri, sur le terrain?
Un autre incendie enregistré à Sèmè-Podji dans la même journée
A peine l’équipe des sapeurs-pompiers de Porto-Novo a fini d’éteindre le feu de Sèmè-Kraké, qu’elle a été saisie d’un autre cas d’incendie de grande ampleur à Ekpè, toujours dans la commune de Sèmè-Podji. Il s’agit ici d’un grand magasin contenant des sacs de riz à perte de vue. On parle de plus de cinq millions de sacs de riz. Le magasin a pris feu avec tout son contenu. Fort heureusement, l’on ne déplore pas de pertes en vie humaine. La promptitude des sapeurs-pompiers de Cotonou notamment de Sodjèatimé qui ont bénéficié du renfort de leurs collègues de Porto-Novo a payé. Elle a permis de limiter les dégâts matériels. Puisqu’une forte quantité de sacs de riz a été sauvée. Le bilan aurait pu être davantage limité si les sapeurs-pompiers avaient un point d’eau à proximité du site de l’incendie sis à 200 m du poste de péage et de pesage d’Ekpè. Pour défaut de poteau d’eau à Sèmè-Podji, les ambulances à citerne des sapeurs-pompiers sont obligées de venir jusqu’à Sikècodji à Cotonou pour recharger et repartir sur le terrain. Le temps des va-et-vient a rendu le travail plus lent et lourd pour le cas d’Ekpè. L’opération d’extinction du feu qui a commencé aux environs de 19 h a fini à 5 h du matin d’hier, dimanche 24 septembre. Ainsi, il aura fallu plus de 10 h de temps d’intervention aux sapeurs-pompiers pour venir à bout du feu du magasin d’Ekpè dont les causes exactes ne sont pas encore totalement élucidées?