La Nation Bénin...
Les
travaux de dragage pilote du lac Ahémé seront étendus à des zones non
initialement prévues. L’axe
Docloboé-Bouche du Roy sera aussi traité. C’est la décision que vient de
prendre le gouvernement qui répond ainsi favorablement à la demande des
populations riveraines qui pourront, de ce fait, mieux bénéficier des impacts
de cette activité.
Les
opérations de dragage pilote du lac Ahémé connaissent une réussite parfaite.
Les performances réalisées sont assez reluisantes avec un dépassement des
prévisions sur tous les plans. Au total, 8 737 415 mètres cubes de sédiments
sont dragués, soit 104,6 % du volume initialement prévu. Puis, 12,5 hectares de
mangrove sont réalisés pour une superficie prévue de 10 hectares, soit un taux
de réalisation de 125 %. Fort de ces résultats, le gouvernement, loin de
s’arrêter en si bon chemin, a fait l’option d’étendre les travaux de dragage à
l’axe Docloboé-Bouche du Roy. Ceci permettra de faciliter la navigation
fluviale et la migration des espèces halieutiques entre l’océan et les eaux
continentales.
En
fait, ce sont des actions à fort impact économique, social et environnemental
qui vont profiter aux populations riveraines. Elles contribuent à la protection
de l’environnement afin d’asseoir les bases du développement durable, pour
préserver et garantir la qualité des produits halieutiques made in Benin.
C’était
à l’issue du Conseil des ministres du 15 avril 2020, qu’il a été autorisé la
réalisation des études techniques complémentaires en vue de la réalisation des
travaux de dragage/réhabilitation prioritaire pilote du carrefour critique de
Djondji-Hounkloun dans la zone du lac Ahémé et ses chenaux. Le choix dudit
carrefour pour la phase pilote se justifie par le fait qu’il relie les lagunes
côtières de Grand-Popo et de Ouidah au lac Ahémé par le chenal Ahô. Il reste en
fait le seul point de migration entre la mer et les eaux continentales, des
espèces halieutiques qui font la richesse de la biodiversité de ce plan d'eau.
D’une superficie de 85 km2 soit 8 500 ha, le lac Ahémé est le plus vaste plan d’eau au sud-Bénin après le lac Nokoué (15 000 ha). Il s’étend entre Tokpa-Domè (commune de Kpomassè) et Guézin (Commune de Comè) suivant une direction nord-est/sud-ouest, et entre Bopa et Tokpa-Domè dans la direction nord-sud, soit 70 km de long sur 3 km de large environ et une profondeur maximale de 2,35 m, extensible en période de crue jusqu’à 100 km2.
Voeu réalisé
En prenant cette décision, le gouvernement donne un écho favorable aux cris de détresse des populations riveraines du lac Ahémé. Au cours d’une investigation réalisée par une équipe du quotidien de service public “La Nation” en février dernier, des pêcheurs rencontrés à Comè et Bopa affirmaient n’avoir pas encore bien ressenti les effets positifs du dragage pilote de Djondji-Houncloun, nœud gordien du problème du lac Ahémé. « Je reviens de la pêche avec un poisson et trois crabes, alors que j’y étais depuis le matin », confie, tout dépité, Romaric Houétonsi, pêcheur à Ouèdèmè-Pédah, commune de Comè. « La pêche ne donne plus du tout ; vous trouvez 500 F, parfois 800 F Cfa et ce, pour toute la journée et avec cela il faut nourrir les enfants et les envoyer à l’école », se désole le président de l’Association pour la restauration du lac Ahémé et de ses chenaux (Arlac-Ehintôladjôhoun). « Il importe de poursuivre le dragage du lac, mais aussi et surtout de continuer à lutter contre les engins prohibés qui prolifèrent malgré les sensibilisations et les répressions », conclut-il.
«
Il reste à prolonger le dragage jusqu’à dépasser Avlô (Grand-Popo) et atteindre
Djègbadji (Ouidah) puis continuer dans les autres cours d’eau du lac», plaidait
récemment Cyprien Aziahounkoui, chef du village de Mèkô-Plage.
Dans cette même veine, Théophile Obénakou, environnementaliste, natif de Djondji, soulignait qu’il était important « de stabiliser rapidement l’embouchure (la Bouche du Roy) qui bouge ». Depuis sa déstabilisation en 1995, sa vitesse de déplacement vers l’est a été estimée à 1 km/an et ce mouvement s’est accéléré en 1999, principalement à cause des crues importantes du Mono, d’après une étude menée en 2000 par Roche International. «Sinon, d’ici quatre ans, l’embouchure se retrouverait à Djondji-Plage, sous l’effet des moussons, des houles et des lâchers d’eau du barrage de Nangbéto qui drainent beaucoup de sable », alertait T. Obénakou.
Entre
Djondji et Guézin, le long du chenal Aho qui s’étend sur 10 km, à l’ensablement
du bassin s’est ajouté l’envasement par endroits de la mangrove perturbant les
poissons en quête de cachettes pour se reproduire et se développer. « Que
l’Etat nous aide à parer au plus pressé, afin de nous permettre de continuer
notre activité qui est déjà peu rentable », suppliait René Mensah, conseiller
de village à Nazoumè.
«
Le programme de dragage du lac Ahémé et de ses chenaux est salutaire. Cela va
permettre de limiter les effets de l’inondation du fleuve Mono et de développer
la pêche continentale », reconnait Anselme Parfait Bidi.
D’autres plans d’eau
Le lac Ahémé n’est pas le seul plan d’eau auquel s’intéresse le gouvernement. Le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo retrouveront aussi un meilleur état d’ici peu. La faune pourra être plus abondante et la navigation plus aisée. C’est du moins l’espoir que porte le Projet de réhabilitation et d'aménagement de ces deux bassins dont les conclusions de la phase 2 ont été approuvées lors d’un Conseil des ministres, en février dernier. A terme, la mise en œuvre de ce projet devrait permettre le développement du transport lagunaire et fluvio-lacustre, le développement et la valorisation des berges et bas-fonds et la promotion des filières halieutiques, de l’écologie et du tourisme.
Avec
les résultats obtenus, le gouvernement a entrepris d’associer les partenaires
techniques et financiers à la réalisation du projet. « Au terme des études
réalisées, il a été notamment retenu de soumettre au financement de la
coopération néerlandaise qui accompagne le gouvernement, pour le projet
prioritaire d’assainissement et de valorisation des plans d’eau, berges et
bas-fonds du Grand Nokoué, incluant le segment de la lagune de Djonou au lac
Toho de Pahou, pour le développement des transports fluvio-lagunaires »,
informe le Conseil des ministres. La conséquence immédiate de ce chantier,
c’est la libération des plans d’eau par l’enlèvement des engins prohibés,
l’assainissement des plans d’eau par dragage, la création d’îlots écologiques
avec les sédiments argileux dragués, l’assainissement et le développement des
berges, la création et l’extension des ports et embarcadères. Il y aura aussi
la synergie avec les projets en cours et programmés dans le Grand Nokoué et la
participation du secteur privé aux investissements et à l’exploitation des
infrastructures.
Le
Lac Nokoué et la Lagune de Porto-Novo sont dans un état désatreux, marqué entre
autres par la sédimentation sévère et rapide du système de la lagune, la
pollution de l'eau, l'érosion des berges, l'augmentation des inondations
saisonnières, l'absence du bilan de l'eau salée et douce, les acadjas, la
jacinthe d'eau...■