La Nation Bénin...
À
l’heure où le Golfe persique se redessine comme un centre névralgique de la
finance mondiale, le Forum économique du Qatar qui se tient du 20 au 22 mai,
accueille chefs d’État, investisseurs et décideurs d’envergure. Le continent
africain y trouve une vitrine stratégique. La présence annoncée du président
Patrice Talon ouvre des perspectives concrètes pour le Bénin.
Doha
devient le centre du monde économique pendant trois jours. Du 20 au 22 mai, la
cinquième édition du Qatar Economic Forum, orchestrée par Bloomberg, mobilise
une pléiade de dirigeants internationaux, de ministres influents, de Présidents
directeurs généraux de multinationales et de grandes personnalités de
l’économie, de la culture et du sport autour d’un agenda ambitieux. Dans un
contexte de reconfiguration accélérée des flux financiers mondiaux, le Golfe se
mue en un acteur de premier plan de la finance globale, offrant à l’Afrique un
tremplin pour sa croissance. Autrefois principalement fournisseur d’énergie, le
Golfe persique s’impose désormais comme un véritable banquier mondial, à
travers ses puissants fonds souverains. Ses réformes économiques, tournées vers
l’attractivité des investissements directs étrangers, en font un pôle dynamique
que convoite l’Afrique. Le Forum y consacre à ce sujet une session stratégique:
« Accélérer l’Afrique : surmonter les perturbations, stimuler la croissance
future ». Cette tribune vise à identifier les innovations logistiques et
financières susceptibles de redessiner le paysage commercial du continent.
L’annonce
de la participation du président Patrice Talon donne une dimension particulière
à cet événement pour le Bénin. À Doha, le chef de l’État pourrait affiner ses
connexions avec les grands bailleurs de fonds et investisseurs du Golfe,
renforcer les liens stratégiques avec les fonds souverains qataris ou émiratis,
et positionner la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé comme destination
phare pour les investissements industriels. Le Bénin, en pleine dynamique de
transformation économique, a une carte à jouer. En se positionnant au cœur des
nouvelles routes de la finance mondiale, le Bénin s’ouvre des portes vers des
investissements stratégiques dans l’industrie, les infrastructures et les
services. La participation du président Patrice Talon est donc bien plus qu’une
présence protocolaire. Elle vise à capter une part de l’impressionnante manne
financière que le Golfe injecte dans les économies les plus prometteuses.
Enjeux africains
Les
différents panels du Forum abordent des problématiques hautement stratégiques
pour les pays africains. “La géoéconomie de la croissance”, où les ministres
des Finances débattront des stratégies de résilience face aux incertitudes. “La
grande réinitialisation commerciale”, qui interroge la capacité des pays à
adapter leurs chaînes logistiques à un monde instable. “Banque 2025”, qui
anticipe l’évolution des services financiers à l’ère des technologies
disruptives. Tous ces axes rejoignent les ambitions africaines en matière
d’industrialisation, de souveraineté économique et de digitalisation des
services publics et bancaires. Ce Forum se tient dans un climat géopolitique
tendu, où les lignes d’influence se déplacent. Le Golfe ne cache plus ses
ambitions d’autonomie stratégique face à l’Occident. Et dans ce
repositionnement, l’Afrique est un partenaire de plus en plus courtisé, tant
pour ses ressources que pour son potentiel démographique et économique. Le
Forum est donc un baromètre de cette nouvelle géopolitique des affaires.
Pour l’Afrique, l’objectif est de sortir d’une logique d’aide pour entrer dans celle des partenariats mutuellement bénéfiques. Le Qatar Economic Forum en est une scène idéale. Pour le Bénin en particulier, cette participation présidentielle pourrait se traduire à court terme par de nouvelles annonces d’investissements, notamment dans les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables et du numérique. Le Qatar offre à l’Afrique une plateforme où elle peut faire entendre sa voix, attirer des capitaux et tisser des alliances inédites. Dans cette arène où les idées rencontrent les milliards, le Bénin a donc tout intérêt à se positionner habilement.