La Nation Bénin...

Ancien préfet des départements de l’Atacora et de la Donga, Gervais Tally N’dah-Sékou fait part de sa nouvelle vie, à travers cette interview à nous accordée dans sa résidence à Perma, son village natal. Nanti d’un doctorat du 3e cycle de Sociologie option Sociologie de l’éducation obtenu à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, l’homme y a enseigné pendant de longues années avant de se décider à rentrer au bercail.
Au pays il occupa successivement les postes de chef de la division du Développement communautaire au Service régional de l’Hydraulique de l’Atacora, de conseiller technique aux Relations avec les Béninois de l’Extérieur au ministère des Affaires étrangères puis de directeur chargé des Relations avec les Béninois de l’Extérieur d’abord au ministère chargé des Relations avec les Institutions, la Société civile et les Béninois de l’Extérieur et au ministère de l’Intégration africaine et des Béninois de l’Extérieur. Neuf ans durant, il a bénéficié de la confiance du chef de l’Etat Thomas Boni Yayi à la tête de la préfecture de Natitingou et se plaît aujourd’hui à jouir de la trêve politique qu’il observe au milieu des siens, dans un environnement aussi sain que celui du village à l’abri de la pollution et du stress de la vie urbaine. A 63 ans, ce professeur assistant à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines, marié et père de quatre enfants, a à son actif plusieurs travaux de recherches scientifiques et publications.
La Nation : Monsieur le préfet, sans être indiscret, pourrions-Nous savoir ce que vous faites aujourd’hui dans votre vie après avoir passé neuf ans à la tête des départements de l’Atacora et de la Donga ?
Gervais N’dah Sékou : Il n’y a pas d’indiscrétion quant à cette question. Je suis un enseignant et je continue d’assurer mes cours à l’Université de Parakou. Je le fais avec plaisir, parce que c’est mon métier. C’est vrai que j’ai été admis à la retraite le 31 mai 2016 mais ce n’est pas pour cette raison qu’il faut abandonner les étudiants. Je n’ai pas élu domicile à Parakou, mais j’ai opté pour des missions enseignantes.
Vous semblez apprécier la vie à Perma, votre village, en y résidant depuis votre retrait du commandement.
Absolument ! Faites le constat vous-même. Ici au village, la nature est ambiante et cela fait du bien à l’organisme et au mental. Ça je ne l’abandonnerai pour rien au monde. Ici, vous entendrez les oiseaux chanter, le coq chanter et quand je suis libre, je vais dans mon champ. Voilà le tableau qui m’a attiré et amené à m’installer ici au village.
Neuf ans durant vous avez occupé le poste de préfet et ceci témoigne d’une certaine confiance à vous faite par le prédécesseur de Patrice Talon. Qu’est- ce qui, à votre avis, a contribué à votre longévité au poste de préfet ?
Vous savez, quand on occupe un tel poste, on est prêt à partir à tout moment. Moi-même j’ai été surpris d’avoir bénéficié tant de la confiance du président Boni Yayi. Croyez-moi, je ne peux pas vous dire pourquoi il en a été ainsi. J’étais à l’époque, prêt à plier bagage et à céder le fauteuil à tout moment. Ce n’est pas facile de représenter l’autorité à ce niveau. Parfois, vous ne savez pas ce qu’il faut faire exactement pour être en accord avec la haute autorité du pays. Je dirai que le ciel avait voulu que je serve neuf ans durant à la préfecture et que je puisse avoir la confiance du président Thomas Boni Yayi à ce poste. Même si c’est un poste politique, ce n’est pas pour ça qu’il faut prendre les caprices du chef et les exécuter sur le terrain. Le chef de l’Etat vous donne des directives et vous les exécutez sur le terrain. A vous de dire quel est le sens de la politique du chef de l’Etat. A un moment donné, on était obligé d’être collé aux soucis de la population. Lorsque les populations ont un souci on était obligé d’être là. Nous avons aussi eu la chance d’avoir eu des ministres qui nous ont compris. Il y avait eu beaucoup d’erreurs que nous faisions. Si les ministres qui sont vos patrons directs ne sont pas contents de ce que vous faites et qu’ils rendent compte au chef de l’Etat, je pense que vous ne pourrez pas garder longtemps votre poste. Les différents ministres de la Décentralisation ont compris les erreurs que nous faisions et ne les ont pas amplifiées. Nous sommes dans un système où le citoyen continue de faire confiance à l’Etat central. Si un citoyen vient pour vous rencontrer, vous êtes obligé de faire preuve d’ouverture, de l’accueillir et de l’écouter. Le préfet est un serviteur de l’Etat et son rôle est de mettre en œuvre la politique de l’Etat, la politique du gouvernement à la base. Tout cela avec la collaboration des maires et le soutien des directeurs départementaux.
Votre nomination à la préfecture est aussi atypique pour un homme qui n’a pas fait l’administration...
Vous savez, il y a tellement de situations atypiques dans notre pays que je ne saurais pourquoi, moi professeur d’université, j’ai été appelé à la tête de la préfecture des départements de l’Atacora et de la Donga. A l’époque j’étais au ministère des Affaires étrangères et à charge la direction des Relations avec les Béninois de l’Extérieur. Une entité qui me plaisait bien, car j’ai vécu un certain temps à l’étranger. J’étais au diapason des difficultés de ceux-là qui vivent à l’étranger. J’ai remarqué que malgré ce curriculum vitae assez éloigné de l’administration, le chef de l’Etat a bien voulu m’essayer à ce poste de préfet des départements de l’Atacora et de la Donga. C’est le constat que je fais, je ne peux pas expliquer comment c’était ainsi.
Votre exercice ne s’est pas fait sans heurts ni difficultés. Sans vouloir rappeler les tensions nées de l’installation des conseils communaux suite aux élections de 2015, avez-vous le sentiment d’avoir su faire l’essentiel afin que le processus de décentralisation suive son cours dans l’Atacora-Donga ?
Vous savez, c’est difficile de se juger. J’avais un petit secret : dès qu’il y avait un problème je consultais toujours mes collaborateurs ; j’évitais de me lancer seul dans une situation sans avoir consulté ces derniers. Du coup, j’étais obligé d’avoir de bons rapports avec eux. Mon souci était de reconnaître à chacun ses qualités et ses défauts et d’essayer de manager tout cela au profit de l’administration. J’ai eu des directeurs départementaux et j’ai eu à composer avec tout ce beau monde. A l’époque, quand j’ai fini d’installer les conseils communaux, il y avait au moins trois qui étaient de l’Opposition. Je voulais montrer qu’après les élections il n’y a plus d’opposants ni de mouvanciers. Nous sommes tous des citoyens appelés à développer nos communes. Le rôle du maire étant de servir sa population, la première démarche que j’ai menée est de rassurer les maires qui étaient de l’Opposition et de leur dire que les élections sont terminées. Je n’avais pas de parti pris. C’est vrai qu’en tant que préfet, j’étais d’office des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) mais je ne pouvais pas aller dans une commune et imposer les Fcbe. Les maires de l’Opposition exprimaient leurs idées, mais cela n’a pas empêché que nous puissions avoir de bonnes relations de travail. Aujourd’hui dans la vie, nous gardons de bonnes relations comme si nous sommes des partisans. C’est l’expérience que j’ai vécue et qui m’a plu; d’abord transformer les relations conflictuelles que j’ai eues en relations d’amitié. J’ai le sentiment qu’en partant de la préfecture de Natitingou, je n’avais pas un adversaire ni au niveau des communes, ni au niveau des directions départementales. En ce qui concerne l’administration départementale, naturellement il y avait des gens qui m’en voulaient, mais j’avais à cœur de ne pas les léser ; ça aussi fait partie des efforts que je faisais pour ne pas les frustrer. J’ai été assez proche des maires pour vous dire que la fonction de maire n’est pas facile à assumer. Les maires sont devant des populations qui attendent beaucoup d’eux, alors que les moyens ne suivent pas. Et parallèlement, des gens sont commis pour contrôler leur gestion. Quand vous mettez tout cela ensemble, vous constatez que les maires sont des personnes à féliciter. Il y a toutefois des maires qui, une fois élus, se disent qu’ils sont les maîtres des lieux et que tout le monde doit se soumettre à eux jusqu’aux prochaines élections. La gestion des affaires publiques semble être le chemin le plus rapide d’enrichissement personnel. La politique est perçue comme telle. C’est ainsi que nous percevons le pouvoir : un chemin d’enrichissement rapide. Lorsque les maires viennent au pouvoir, leur première préoccupation est de plaire au chef de parti et à l’occasion de s’attaquer aux marchés publics de la commune et se tailler la part du lion. Il y a de ces complicités coupables avec les entrepreneurs qui font que les chantiers sont souvent mal exécutés, même si les dossiers d’appel d’offres sont bien confectionnés. Le plus grave encore, c’est lorsque les élus eux-mêmes se partagent les marchés et les gèrent à leur guise. De ce fait, sachant bien que les chantiers sont mal exécutés, ils sont obligés de se taire. Ce qui constitue une marche contre le développement de la commune. Je déplore et stigmatise ce comportement qui consiste à faire de la gestion des affaires publiques, un filon d’or qu’on va exploiter pour s’enrichir et revenir aux affaires plus tard.
Je crois que sans que cela soit une exclusivité au Bénin, c’est l’un des problèmes majeurs que nos communautés devront régler, c’est-à-dire aider nos élus à adopter un comportement moral minimum. Ça suppose qu’ils aient peur de l’électorat, or il se fait aujourd’hui que l’argent faisant tout, beaucoup d’élus se disent qu’ils n’ont pas l’obligation de s’occuper du bonheur de leurs mandants pourvu qu’ils puissent avoir l’argent pour pouvoir acheter leur conscience. Voilà le dilemme dans lequel nous végétons en ce moment et c’est ça le problème de notre démocratie à la base. Tous, nous devons travailler à cela. Je reconnais que ce n’est pas l’exclusivité du Benin mais ce n’est pas parce que c’est général que c’est tolérable. Tant que ceci n’est pas l’apanage du Bénin, on le banalise.
Le Benin c’est le laboratoire de beaucoup d’idées en Afrique. Nous ranger du côté de l’incontinence et de la médiocrité, c’est également un crime.
Beaucoup d’observateurs retiennent de vous l’image d’un homme très cultivé. Pourriez-vous évoquer votre parcours ?
J’aime les hommes qui aiment critiquer. Mon parcours est fait d’études intensives au primaire, au secondaire et à l’université. On faisait tronc commun à l’université avant de se spécialiser surtout qu’à l’époque, nous étions plein d’ambitions et très motivés. On pouvait avaler tout sur le plan intellectuel et rassurer ainsi notre professeur d’avoir compris ses enseignements. On n’avait pas l’internet et les ordinateurs sur lesquels il faut cliquer et avoir tout ce qu’on voulait mais on avait les bibliothèques. On avait des documents et autres, c’est ça qui a constitué le sous-bassement de notre culture. J’ai fait le département de Sociologie-philosophie-anthropologie de l’Université nationale du Bénin. Après le Duel 2 et le service militaire, on a eu l’opportunité d’aller à l’extérieur, Dakar précisément où j’ai préparé ma licence en philosophie option psychologie. J’ai trouvé mieux de faire quelque chose en plus surtout qu’on n'avait que ça à faire. J’ai donc fait une maîtrise en Sociologie et un Dea en Anthropologie. J’ai terminé par une thèse de doctorat en Sociologie de l’éducation. Mais entretemps, j’ai enseigné à Dakar et un peu partout. Quand on enseigne, on est obligé de se cultiver, car vous avez affaire à des gens qui cherchent et qui veulent s’assurer que vous êtes à la hauteur dans l’animation du cours que vous enseignez. Ce qui m’amène à faire des recherches et surtout par rapport aux informations que je porte à travers mon secteur d’enseignement. Voilà pourquoi on a beaucoup travaillé à l’époque.
Mon militantisme au sein de l’Eglise catholique m’amène à être sensible à tout ce qui est lié au côté spirituel. Là encore, il fallait s’outiller pour ne pas choquer les gens. Je continue de me battre pour relever les défis qui sont les miens. Mon souci est de me cultiver pour être à la hauteur face aux élèves et étudiants. Et tout ce background me sert énormément dans ma vie d’aujourd’hui. Quand j’étais à la préfecture, je percevais très rapidement les différentes préoccupations exprimées par les maires et les différents partenaires au développement et cela me permettait de pouvoir y répondre. Même si je n’avais pas de solutions à donner, je rassurais et je les emmenais à faire en sorte qu’ensemble on cherche les solutions.
Quels bons souvenirs gardez-vous de votre passage à la tête des départements de l’Atacora et de la Donga ?
Les 8 et 9 août 2009, la préfecture a organisé un séminaire précédé d’une conférence pour parler du profil économique des départements de l’Atacora et de la Donga. Cela a accouché d’un programme et cela se voit aujourd’hui à travers les différentes réalisations. Cette idée avait plu aux cadres de nos deux départements qui sont venus appuyer le préfet dans l’organisation de cette conférence. Cela a quand même fait du bien aux deux départements et ce n’est pas mal. Il y a également un certain nombre d’initiatives que j’ai poursuivies et qui émanent de mon prédécesseur : c’est le forum des partenaires. Les partenaires ne sont pas que les différentes administrations. Il fallait voir comment les différentes actions pouvaient se compléter et surtout être en synergie sur le terrain et donner des résultats palpables. Quand chacun est dans son couloir et marche en ayant un regard sur les actions de l’autre, cela fait avancer. Lorsque le préfet a des idées et qu’il ne les partage pas avec les collaborateurs que sont les directeurs départementaux et les maires, cela ne peut prospérer. On a veillé à cela et les résultats ont été spectaculaires sur le terrain ; c’est à eux que je décerne la palme de ce petit succès.
Aujourd’hui, d’autres préfets ont pris la relève et poursuivent la mission de représentation du pouvoir central au niveau régional. Leur jeunesse a entretemps fait objet de polémique. Pensez-vous qu’il faille recourir à une grande expérience pour le poste ?
L’expérience est quand même capitale, c’est un tremplin pour le succès. L’expérience, ce n’est pas nécessairement le temps passé dans l’administration. C’est d’ailleurs de cela que vient l’adage qui dit : ‘’ aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années’’. Il faut constater que notre jeunesse est beaucoup plus éveillée que nous. La jeunesse ne saurait être un handicap. C’est la prétention qui est une faiblesse. Moi, je pense que la jeunesse de nos administrations aujourd’hui est une bonne chose. Je prends le cas de ma jeune collègue de l’Atacora. Elle-même a eu la chance de rester à la préfecture, elle connaît la maison. Je crois qu’en toute chose, c’est l’humilité. Le reste vient après.
Le Gouvernement de la rupture a revalorisé les primes des préfets et de leurs collaborateurs immédiats. Une décision qui suscite indignation dans certains milieux. En tant qu’ancien préfet, ces avantages vous semblent-ils justifiés ?
Nous avons fait, à notre époque avec les gouverneurs des pays voisins (l’équivalent de nos préfets ici) et lors des réunions, il nous était donné de constater comment ils étaient traités par leurs Etats. Nous ressemblions à des boys à leurs côtés. Les avantages que nous avions rien comparativement aux nôtres. Ils venaient dans de belles voitures neuves, avec des collaborateurs en nombre suffisant. Le préfet de l’Atacora et de la Donga que j’étais n’avait qu’une carcasse et mes collaborateurs s’emmitouflaient dans une vieille bâchée. Je pense que c’est le minimum que l’on puisse donner aujourd’hui aux préfets de nos départements qui n’avaient que leur salaire de départ. Moi, j’avais mon salaire d’enseignant à l’université, ce qui n’est pas mal par rapport à ce qu’avaient mes autres collègues. J’en connais qui n’avaient pas autant et qui avaient de la peine à s’en sortir. Quand nous nous retrouvions, nous nous moquions de nous-mêmes. Nous nous qualifions d’oubliés de la République et parfois de pauvres gens de la République parce qu’il y avait beaucoup de problèmes sociaux auxquels il fallait faire face. En plus de cela, nos compatriotes entendant que tel monsieur est le représentant du chef de l’Etat et de tous les ministres du gouvernement, venaient lui poser leurs problèmes. Nous ne pouvions pas les chasser et nous nous dépouillions pour les satisfaire. Mais à la fin du mois, c’était des problèmes à gérer dans nos foyers. Nous devrions à cet effet rendre hommage à nos épouses qui acceptaient le sacrifice. Le préfet est quand même le représentant du chef de l’Etat. Il lui faut une certaine prestance et une stature sur le plan physique et matériel qu’il puisse imposer lorsqu’il discute avec des gens et travailler confortablement sur le terrain. Nous étions comme des petits en face de nos homologues. Le Bénin est quand même un grand pays et il n’est pas normal de cultiver une telle indigence au sommet de l’Etat. Nos compatriotes doivent comprendre que celui qui a pris une telle mesure n’est quand même pas un imbécile. Il a certainement observé et réfléchi avant d’en arriver à cette décision. C’est le lieu de saluer cette décision et de souhaiter que partout, d’autres cadres à certains niveaux puissent également se relever financièrement pour que le travail qui leur est demandé soit bien fait pour le bonheur de nos populations.
Nous, nous étions des soldats de la première heure. Nous avons combattu avec des Mass 36 et mousquets, des armes d’époque mais aujourd’hui les gens ont des bombes atomiques. Mais est-ce pour autant qu’il faut en vouloir au monde d’avoir évolué ? Tant mieux s’il y a aujourd’hui des armes sophistiquées. Il faut s’en réjouir et non s’en plaindre. Nous avons travaillé à notre époque avec les armes qu’on avait à notre portée. Nous avons fait ce que nous pouvions. Et c’est pourquoi nous demandons à la jeune génération d’être plus efficace que nous maintenant que des moyens semblent être au rendez-vous.
Valoriser les ressources humaines c’est leur donner les moyens afin qu’elles exercent mieux ses fonctions. Il faut que les salaires soient revalorisés et surtout qu’il y ait également une fermeté dans le respect des principes de gouvernance de notre administration. Il faut créer les conditions pour que la personne travaille et ait peur de la loi. Il faut être ferme dans l’application des lois.
En tant qu’ancien représentant du chef de l’Etat dans les départements de l’Atacora et de la Donga, comment appréciez-vous les réformes engagées par le Gouvernement depuis peu ?
Quand on a élu un chef d’Etat et qu’il met sur pied un système de gouvernance, il ne faut pas se hâter de le juger. Un pays, ce n’est pas comme un individu, on se change, on se complète, c’est une éternité. Ceux qui étaient là ont travaillé avec les armes dont ils disposaient. Ceux qui arriveront travailleront également et ainsi de suite. Méfions-nous de juger celui qui vient d’arriver ou celui qui vient de partir. Je demande à nos dirigeants d’être humbles, aux citoyens je demande la patience. Soutenir le Gouvernement ne veut pas dire qu’il faut l’acclamer à tout moment. Si quelque chose n’est pas bien, il faut qu’on pense à le corriger. Et ensemble, on évolue pour qu’à la fin on voie ce qui a été bien et les failles du nouveau système.
Le préfet dans ses discours a souvent fait un clin d’œil à la presse. Est-ce anodin ?
D’aucuns pourraient penser que je flatte les journalistes. Mais non ! J’étais animateur à Radio Bénin entre 1975 et 1977. Et je suis resté très proche de la maison pendant longtemps. Je suis allé faire mes études à Dakar et la plupart de mes collègues pensaient que j’étais au Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (Cesti). Et lorsque je revenais, les amis m’ouvraient l’antenne comme si j’étais un journaliste stagiaire. Et ce, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que j’étais un étudiant en Sociologie. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Rogatien Biaou, était un collègue à l’époque. Je connais les difficultés qu’il y a dans l’exercice de ce métier. C’est pourquoi je félicite ceux qui travaillent sur le terrain. Surtout en période de démocratie, les gens disent ce qu’ils pensent et sont très exigeants. Pendant la Révolution, il y avait des directives et on vous guidait. C’est plus facile d’être guidé que d’être laissé à soi. Voilà pourquoi très souvent, je félicite ceux qui travaillent sur le terrain et je relève les difficultés du métier. C’est loin d’être gai¦