La Nation Bénin...
Décédé
le 4 avril dernier à l’âge de 72 ans, l’ancien ministre des Affaires
étrangères, Edgar-Yves Monnou, a reçu ce vendredi 23 mai un hommage solennel de
la part du ministère qu’il a servi avec rigueur et conviction. Diplomates,
cadres, autorités politiques et membres de sa famille ont salué la mémoire d’un
homme d’État et diplomate respecté.
C’est
dans une atmosphère de recueillement et d’émotion contenue que s’est déroulée,
ce vendredi 23 mai dans les locaux du ministère des Affaires étrangères à
Cotonou, la cérémonie d’hommage à feu Edgar-Yves Monnou, décédé le 4 avril
2025. Ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, ambassadeur
du Bénin auprès de plusieurs pays, député, avocat au barreau, homme de culture
et de sport, l’homme avait marqué les esprits par son sens du devoir, sa
rigueur morale et sa discrétion légendaire. Plus qu’un hommage, cette cérémonie
initiée par le ministère des Affaires étrangères a été un rappel de
l’itinéraire exceptionnel de l’homme. L’ambassadeur Jean-Pierre Edon, ami et
compagnon de longue date du défunt, a rappelé avec émotion le parcours d’un
juriste et diplomate accompli. « Edgar-Yves Monnou était un avocat, une figure
marquante du barreau béninois et de la diplomatie africaine contemporaine, un
politicien, un homme de culture et de sport », a-t-il rappelé. L’ambassadeur a
évoqué l’engagement politique d’un homme soucieux du bien-être de la
population, élu à deux reprises député à l’Assemblée nationale, et qui a été
aussi ministre des Affaires étrangères. « Bien qu’il ne soit pas diplomate de
carrière, il a vite compris les méandres et la spécificité de cette profession»,
a-t-il relevé, citant les réformes opérées au ministère et les traces
indélébiles laissées sur la scène internationale. Son influence ne se limitait
pas à la sphère diplomatique.
« Dans le domaine culturel, il a promu le patrimoine béninois, comme en témoigne l’ouvrage “Bénin, l’identité culturelle” préfacé par Abdou Diouf, et s’est illustré dans l’organisation du centenaire du roi Tofa », a précisé Jean-Pierre Edon. L’ambassadeur a également souligné son rôle de président de la Fédération béninoise de tennis pendant deux décennies, sa contribution à la Jeune chambre internationale, et son investissement dans la formation des jeunes à l’Université nationale du Bénin et à l’Ena.
Admiration et gratitude
A
la suite de ce témoignage, Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires
étrangères, a rendu un hommage mérité à Edgar-Yves Monnou. « Il y a des
silences qui résonnent plus puissamment que les discours. Le silence d’un homme
dont la parole était devenue rare et qui demeurait juste. Le silence d’un
regard qui même, sans un mot, savait imposer l’essentiel », a-t-il lancé, avant
de faire savoir que Edgar-Yves Monnou ne sera plus là pour rappeler avec calme
mais fermeté que la dignité précède toujours l’ambition et que le service de
l’État n’est pas une marche vers les honneurs, mais une discipline de l’âme.
Pour le ministre, Edgar-Yves Monnou était l’un de ces bâtisseurs silencieux qui
imposent le respect non pas par l’éclat, mais par la constance. Évoquant
l’attitude d’un homme qui décidait pour construire, le ministre lance un appel
à la mémoire active. « Il ne nous appartient pas de répéter ses gestes, mais
d’en garder la verticalité. Car il incarnait cette conviction silencieuse que
servir l’État exige moins de mots que de droiture. Il nous appartient de faire
mémoire, non pas par des mots figés, mais par des actes vivants. De faire
mémoire en refusant la facilité qu’il n’avait jamais acceptée. De faire mémoire
en continuant d’honorer notre État, d’honorer notre pays dont il avait une grande
image. Que sa mémoire, plus qu’un souvenir, soit désormais un appel», a-t-il
exhorté.
C’est avec la voix chargée d’émotion que Me Maurille Monnou, fils du défunt, a exprimé la gratitude et la reconnaissance de la famille pour cette cérémonie d’hommage solennelle en la mémoire d’Edgar-Yves Monnou. « Ce moment que vous avez bien voulu lui consacrer, ici même, dans ce haut lieu de la diplomatie béninoise, qu’il a si ardemment servie, nous touche profondément. Il honore sa mémoire, mais surtout, il ravive le sens de la rigueur, de l’engagement et de la fidélité à la nation que notre père a incarné tout au long de sa vie durant », a-t-il laissé entendre.