La Nation Bénin...
La
filière textile au Bénin se présente comme l’un des secteurs d’avenir pour
l’entreprenariat jeune et féminin. Les multiples opportunités qui s’y trouvent
retiennent de plus en plus leur attention. Si l’accompagnement et les
investissements suivent, le textile est appelé à devenir sous peu un important
pilier pour le développement.
La filière textile à partir de la filature de la matière première coton notamment, compterait plus de 71 000 professionnels au Bénin dont seulement 1,3 % seraient formalisés. Ces données émanent d’un récent recensement national. Ceci implique une part significative de l’activité informelle au regard de la dynamique en cours au niveau de cette filière. Dans son diagnostic pays Bénin pour le secteur privé, datant de mars 2023, la Banque mondiale soulignait que « les risques et les vulnérabilités associés à l’économie informelle touchent les femmes de manière disproportionnée, puisque 95 % de la main-d’œuvre féminine occupe un emploi vulnérable et/ou informel ». Les données spécifiques de l’entrepreneuriat des femmes dans la filière textile au Bénin ne sont pas disponibles. Pour autant, en prenant pour base d’observation les 14 piliers de l’indice mondial de l’entrepreneuriat (Gei), une récente étude de la Bad en est venue à la conclusion qu’il est « possible de réaliser une analyse empirique de la situation de l’entrepreneuriat des femmes dans cette filière au Bénin ». Les femmes béninoises ont librement accès aux dispositifs nationaux pour la création d’entreprise et l’État, à travers toutes ses institutions, met en œuvre de nombreux dispositifs pour encourager et simplifier l’entrepreneuriat des femmes en général, indique le document. Lequel note « une présence naturelle des femmes dans la filière textile, même si elle est fondamentalement informelle. Cela constitue en tout cas un point de départ positif favorable pour l’inclusion. Pour renforcer cet atout, l’État et les partenaires techniques et financiers sont invités à instaurer des programmes incitatifs pour le recrutement de femmes dans les entreprises qu’ils seraient amenés à soutenir financièrement dans le cadre d’un plan national concerté de dynamisation de la filière textile au Bénin.
Outre la présence féminine appréciable, d’autres atouts se dégagent encore pour le pays et pourraient être capitaux pour booster son développement. Le Bénin a le potentiel de devenir une destination recherchée dans la sous-région pour la qualité de son enseignement initial et continu aux métiers textiles. Les contenus pédagogiques auront d’autant plus de valeurs pour les apprenants s’ils sont axés sur les besoins et les réalités culturelles locales en matière de consommation des produits textiles. « Typiquement pour ce qui concerne la confection pour l’habillement, la base de l’enseignement devrait partir du pagne tissé et des différentes formes de drapés qui sont les fondements culturels sur l’ensemble du continent africain », appuie Nathalie Adikpéto Daouda, consultante experte pour le secteur privé béninois.
Pour
porter ces idées et projets, il faut soumettre le secteur à des mécanismes
innovants pour faciliter l'accès aux financements aux petites et moyennes entreprises
et aux start-up. « Les financements sont disponibles au Bénin contrairement à
la pensée répandue chez les entrepreneurs locaux. Mais l’accès à ces fonds est
conditionné par des critères strictes de gestion du risque client par les
banques commerciales aussi bien que les investisseurs public et privés »,
analyse Nathalie Adikpéto Daouda au terme d’une étude sur les opportunités dans
le textile béninois. Selon elle, des « critères d’évaluation sont encore trop
éloignés de la réalité et des capacités réelles socio-économiques des
entrepreneurs du Bénin ». Typiquement, l’exigence de garanties foncières en
contrepartie des prêts bancaires, est particulièrement difficile à assumer pour
la majorité des artisans de la filière, et plus spécifiquement pour les femmes
et les jeunes, relève-t-elle. Le facteur risque pour les prêteurs étant ainsi
trop élevé, de fait le coût de l’argent en ressort très au-delà des capacités
des emprunteurs locaux. « Ces taux sont clairement inadaptés si l’on tient
compte de la faible rentabilité des entreprises », note-t-elle. Dans ce
contexte, les banques commerciales ainsi que l’État et les partenaires
techniques et financiers d’une part, les opérateurs du secteur privé d’autre
part, doivent nécessairement se réinventer pour sortir de cette impasse. Les
acteurs de la filière en tout cas ne dorment pas sur leurs lauriers. L’année
dernière, une rencontre avec les acteurs du secteur privé a été une nouvelle
occasion de réaffirmer leur volonté de proposer aux marchés locaux et internationaux,
des solutions textiles de meilleure qualité, susceptibles de valoriser la «
marque Bénin ». Il faut pour ce faire, partir de la filière coton existante et
la faire progresser sans pour autant perdre de vue la multitude de fibres
naturelles disponibles sur le territoire national, particulièrement la fibre de
feuille d’ananas. Elles présentent chacune des atouts économiques et sociaux
qui peuvent permettre au Bénin de se hisser dans les très hautes sphères de
l’industrie textile à l’échelle mondiale, indique le rapport intitulé «
dynamiser la filière textile au Bénin »■