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L'Editorial de Paul AMOUSSOU: L’époque des ensembles organisés ou des grands démagogues… ?

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Paul AMOUSSOU Paul AMOUSSOU

Place Protet, à Dakar, septembre 1958. Alors président du Conseil, le Général de Gaulle s’adresse à son auditoire : « Je veux dire un mot d’abord aux porteurs de pancartes. Je veux leur dire ceci ; 

Par   Paul AMOUSSOU, le 14 août 2023 à 07h25 Durée 3 min.
#L'éditorial de Paul Amoussou
s’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent...Mais s’ils ne la prennent pas, alors qu’ils sachent ce que la France leur propose : la communauté franco-africaine. Qu’ils le sachent en toute indépendance, indépendance de l’Afrique et indépendance de la France. Qu’ils le sachent avec moi pour le meilleur et pour le pire...Nous sommes à l’époque de l’efficacité, c’est-à-dire à l’époque des ensembles organisés. Nous ne sommes pas à l’époque des démagogues. Qu’ils s’en aillent les démagogues, d’où qu’ils viennent, là où on les attend. Nous sommes à l’époque de ceux qui veulent construire pour le bien du peuple, pour le bien de l’Afrique, pour le bien de la métropole et pour le bien de tous les hommes. Nous sommes à l’époque où tout nous appelle à travailler de concert, à mettre en commun notre effort, librement, par notre libre détermination. Mais nous ne contraignons personne. Nous demandons qu’on nous dise « oui » ou qu’on nous dise « non ». Si on nous dit « non », nous en tirerons les conséquences. Si on nous dit « oui », nous serons des frères pour prendre la route côte à côte, la route des grandes destinées... ».
65 ans après, ce discours est cru, d’actualité et pourrait bien être tenu par Emmanuel Macron, aujourd’hui encore. Il s’adresserait alors à ceux qui, en Afrique francophone, crient haro sur la France, accusée de tous les maux dont sont frappés nos pays, comme si la France est tributaire de la qualité de la gouvernance dans nos pays et qu’il faut absoudre nos gouvernants de toute responsabilité en la matière, comme si nous Africains sommes tous frappés d’une forme commune de dépersonnalisation ! De grands incapables ? Incapables de prendre l’initiative ? Incapables de porter nos propres couleurs au point de brûler le drapeau d’un prétendu maitre pour agiter celui d’un autre ? Incapables de défendre nos intérêts sur un échiquier international où la dynamique est non pas au sentimentalisme mû par les beaux yeux de Chimène pour un pays ou un autre ? Incapables de coopérer en fonction de nos intérêts vitaux, en tout pragmatisme et non pas avec le rictus haineux rivé au cœur ? Quelle affliction ce serait s’il s’avérait que cette forme de dépersonnalisation est réelle et nôtre ! Auquel cas, nous n’avons plus qu’à nous en prendre à nous-mêmes, bêtes que nous serions alors. Mais rien n’est plus éloigné de la réalité. Et, factuellement, on retiendra qu’en ayant divorcé (brutalement) d’avec la France, Sékou Touré ‘’le héros’’ d’un instant devenu l’un des plus sinistres dictateurs, n’a pas eu besoin d’être inspiré par l’ex-colon pour infliger les pires avanies et souffrances aux Guinéens.
Aujourd’hui, où subsiste une vague de french bashing, on peut s’interroger si ce symptôme ne subsiste pas encore, ici et là dans nos pays…Chahut bruyant de la France dont, à l’analyse, on se demande bien à quoi il tient. Dire ‘’sus la France ‘’ et tous les problèmes de nos pays seraient résolus de facto ? C’est se berner que d’y croire, d’autant que les hérauts de ce rejet, à l’ère des mutualisations des énergies pour le développement, pour l’épanouissement du capital humain, nous conseillent fort opportunément de quitter l’ancien maître pour nous jeter dans les bras d’un autre. Car c’est bien le sens qu’il convient de donner à l’autodafé du drapeau français et à l’agitation de celui russe. Quoi qu’il en soit, il est frappant de noter la présence de drapeaux tout neufs que des populations à l’actif de la pauvreté brandissent fort opportunément, toujours avec le même procédé et les mêmes réclames, à Bamako, à Ouagadougou et aujourd’hui à Niamey...
Niamey, où la ferme à trolls, l’intoxication a repris de plus belle pour nous faire croire, tels des gogos, que la Cedeao, encore l’expression de la dépersonnalisation épinglée, travaille pour la France, alors que le Nigeria ou le Ghana sont loin de figurer dans ce qu’on appelle le pré carré français ! 
Il revient aux cadres, censés éclairer la masse, de quitter les réflexions de surface et les conclusions hâtives pour poser les vraies problématiques de l’heure, en toute lucidité.