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L’éditorial de Paul AMOUSSOU: Vague d’émotion

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Editorial de Paul Amoussou Editorial de Paul Amoussou

L’ultimatum donné par la Cedeao aux mutins du Niger a pris fin ce dimanche, avec l’incertitude que l’intervention militaire ait vraiment lieu. La faute, non pas à Toto ni à un quelconque rétropédalage de l’instance sous-régionale, mais à la conjonction de plusieurs facteurs. Il y a notamment le Sénat nigérian qui a douché les ardeurs du président Tinubu, très déterminé pourtant à aller contre ce putsch qui vient un peu le narguer, lui qui avait mis en garde contre ce phénomène une fois la présidence de la Cedeao prise récemment. La faute également aux chefferies traditionnelles qui, ici et là, exercent une forte pression sur les chefs d’Etat afin qu’ils renoncent à l’initiative militaire au Niger, à l’image des opinions, dans les pays de la Cedeao, divisées sur la question, avec une forte tendance à la désapprobation de toute action militaire.

Par   Paul AMOUSSOU, le 07 août 2023 à 04h00 Durée 2 min.
#L'éditorial de Paul Amoussou
L’émotion s’est en effet emparée desdites opinions, qui flippent à l’idée d’un affrontement entre Africains d’une même sphère géographique ! Pour beaucoup, selon les échos reçus ici et là, tenus par cette proximité, une telle occurrence est perçue comme une déchirure, un drame à travers lequel ces opinions se projettent et s’incarnent. La crédibilité de la Cedeao et le rétablissement de l’ordre constitutionnel paraissent, de ce point de vue, bien accessoires !  
Bien loin d’une analyse et d’une attitude raisonnables face à la situation, c’est un euphémisme de dire que l’idée d’une intervention militaire de la Cedeao au Niger passe très peu face au sentiment fraternel qui aura submergé les raisons et lobotomisé toute rationalité.
Cette vague d’émotion conduit inexorablement, si une reprise en main ne s’opère rapidement, à une forme de fatalité, sur laquelle tablent d’ailleurs les mutins de Niamey pour instaurer le statu quo, sur fond d’un populisme fort opportuniste. Aux dirigeants de la Cedeao de faire échec à cette stratégie, si en plus du pari militaire non tenu, ils n’en viennent pas à perdre toute crédibilité, voire dignité. Il est possible de trouver des leviers à activer pour faire plier ces militaires grisés par les ors des palais !  Autres moyens de coercition qu’une action armée, sont possibles pour rétablir la légalité à Niamey.