Libération de la berge-est de la lagune de Cotonou: Les occupants reçoivent leurs chèques

Mettre fin à l’insalubrité et redonner un nouveau visage aux berges de la lagune de Cotonou. C’est l’ambition affichée par le gouvernement à travers l’opération d’assainissement et de libération de la berge-est, amorcée ce mercredi 20 août par la remise de chèques aux premiers occupants recensés. Une centaine de bénéficiaires ont reçu des chèques auprès de la commission chargée de l’opération, en application de la décision gouvernementale du 30 juillet 2025 autorisant le paiement d’un accompagnement social aux occupants devant libérer les lieux. L’État entend ainsi concilier la nécessité de récupérer ce domaine public et le souci de préserver la dignité des familles concernées.

Selon Moussa-Fils Djibril Akambi, directeur général adjoint de l’Agence nationale du domaine et du foncier (Andf), représentant la commission de dédommagement, l’initiative va au-delà d’une simple indemnisation. « Ce dédommagement est un peu spécial. C’est un accompagnement social. Car il s’agit d’une opération de libération du domaine public que les populations ont occupé depuis plusieurs années », a-t-il clarifié. Dans cette vision, il précise que le gouvernement a décidé d’apporter un soutien à tous, aussi bien à ceux qui ont construit en matériaux définitifs qu’à ceux qui ont bâti en matériaux précaires. Les montants varient selon la nature des installations. Ceux qui disposaient uniquement de constructions précaires ont reçu un forfait de 200 000 francs Cfa, tandis que les détenteurs de documents de recasement ou de lotissement se voient attribuer 3 millions de francs Cfa. Les propriétaires disposant de titre foncier avec bâtiments en dur bénéficient d’indemnisations pouvant dépasser 30 millions de francs Cfa.

Pour Délé Razack Dandjinou, chef quartier d’Abokicodji,

la démarche du gouvernement, bien que difficile pour les populations, s’inscrit dans une logique de développement collectif.

« On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. C’est dur lorsqu’on casse et déguerpit les gens, mais c’est une action nécessaire pour le développement. Je demande à la population de la berge lagunaire de garder le courage et de faire preuve de discipline pour la suite du processus », a-t-il déclaré.

Action nécessaire

L’initiative ne vise pas à nuire aux habitants, mais à transformer un espace au potentiel inexploité. « L’objectif de l’État en procédant au déguerpissement n’est pas de nuire au bonheur des populations, mais plutôt de valoriser nos berges lagunaires. Dans d’autres pays, ce sont des endroits prisés. Chez nous, leur état laisse à désirer et il fallait agir », a insisté Saliou Adelabou Adédjouma, chef du 4ᵉ arrondissement de Cotonou.

Au-delà de l’accompagnement social, le projet de développement de la berge lagunaire prévoit plusieurs aménagements. D’après Moussa-Fils Djibril Akambi, il est question, dans un premier temps, d’un grand chantier d’assainissement avec enlèvement des ordures et remblaiement. Des lampadaires seront installés pour l’éclairage et la sécurité. À terme, la zone sera dotée d’infrastructures modernes pour en faire un site attractif à vocation touristique. Ghislain Hounnou, directeur général du Développement urbain, rappelle que l’opération s’inscrit dans un processus engagé depuis décembre 2023.

« Déjà à cette date, un communiqué avait invité les occupants à dégager leurs installations. Mais un moratoire avait été accordé pour leur donner le temps nécessaire. Il faut dire que notre berge lagunaire n’est pas jolie à voir. L’État veut désormais y mettre des infrastructures modernes, en commençant par le remblai et le grillage de sécurité», a-t-il indiqué. La commission de dédommagement a recensé environ 600 occupants de la berge, allant du cimetière d’Abokicodji jusqu’à Agbato. La cérémonie de ce 20 août marque le démarrage effectif de la remise des chèques. Le processus se poursuivra progressivement, au fur et à mesure de la constitution des dossiers. Pour les autorités locales comme pour les bénéficiaires, la discipline et la coopération de la population demeurent des conditions essentielles à la réussite du projet. Au-delà du déguerpissement, l’enjeu est d’offrir à Cotonou des berges lagunaires à la hauteur de son image et de son potentiel économique et touristique.