La Nation Bénin...

Loi de finances 2026: Le modèle raffermi

Actualités
Romuald Wadagni, ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances Romuald Wadagni, ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances

L’effort social inscrit dans la Loi de finances 2026 confirme un recentrage stratégique sur la lutte contre la précarité et les vulnérabilités. Avec plus de 28 milliards de F Cfa dédiés aux Affaires sociales et à la Microfinance, le gouvernement renforce les filets de sécurité, modernise l’assurance maladie et étend l’inclusion des groupes marginalisés, posant les bases d’un système social durable.

 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 08 déc. 2025 à 00h32 Durée 3 min.
#Loi de finances 2026

L’orientation sociale des actions du gouvernement est confirmée dans la Loi de finances 2026 avec une enveloppe de 28 813 543 175 F Cfa consacrée aux Affaires sociales et à la Microfinance. Cette option s’inscrit dans une dynamique de raffermissement du modèle social national, déjà reconnu pour sa structuration et son efficacité croissantes dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. Elle témoigne d’une volonté assumée de consolider les acquis, d’étendre la couverture sociale à de nouveaux bénéficiaires et d’assurer une meilleure résilience des ménages face aux multiples chocs économiques, sanitaires et climatiques.

Dans ce modèle social désormais bien ancré, les programmes de filets sociaux occupent une place centrale. Ils sont portés par une panoplie d’initiatives, dont les transferts sociaux directs, le projet Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch), ainsi que toute une série de mesures de protection sociale allant des exonérations fiscales sur les produits de première nécessité aux dispositifs de soutien aux personnes en situation de handicap. L’ensemble constitue une architecture cohérente et évolutive, pensée pour réduire les vulnérabilités structurelles tout en favorisant l’inclusion économique.

Gbéssoké, l’épine dorsale

Au cœur des interventions prévues dans la Loi de finances 2026 figure le programme de filets de protection sociale productifs dénommé Gbéssoké. Orienté vers les ménages en grande difficulté économique, ce dispositif vise à fournir des transferts monétaires aux familles identifiées comme pauvres extrêmes, dans le but de les aider à se relever et à renforcer leur capacité d’autonomisation. Les transferts octroyés n’ont pas vocation à se limiter à une assistance immédiate, mais à servir de levier économique pour permettre aux bénéficiaires de se repositionner graduellement sur la voie de la stabilité. Le programme intègre en outre un important volet de réhabilitation des lieux d’accueil dédiés à l’assistance sociale. À terme, ces lieux seront transformés en de véritables guichets uniques facilitant l’accès des populations aux différents services sociaux, un pas majeur vers la simplification administrative et l’accessibilité des droits.

Gbéssoké constitue par ailleurs un soutien stratégique dans l’opérationnalisation de l’assurance maladie du projet Arch, dont la généralisation est désormais engagée. Le dispositif, conçu pour devenir un pilier structurel du système social béninois, s’appuie sur ces infrastructures modernisées pour garantir une couverture sanitaire élargie et efficace. Le programme prévoit également une prise en charge renforcée des ménages victimes de chocs covariants, notamment ceux liés aux fluctuations économiques ou aux événements climatiques. Ces familles bénéficieront de transferts monétaires réactifs permettant de stabiliser leur consommation, de limiter les effets d’une crise sur leur santé ou celle de leurs enfants et d’éviter le recours à des stratégies d’adaptation risquées comme la déscolarisation, la réduction des soins ou la vente d’actifs essentiels.

L’Arch en action

Le projet Arch, pièce maîtresse du système de protection sociale, demeure au centre des préoccupations gouvernementales. Ce programme phare combine quatre services complémentaires que sont l’assurance maladie, la formation professionnelle, le microcrédit et l’assurance retraite. Il cible en priorité les populations les plus vulnérables évoluant dans les secteurs de l’agriculture, du commerce, du transport, de l’artisanat, de l’art, de la culture, ainsi que les personnes démunies sans activité formelle. L’assurance maladie, socle central du projet, a été rendue obligatoire par le Conseil des ministres lors de sa séance du 21 juin 2023, après plusieurs années de tests pilotes et d’expérimentation dans différentes communes du pays.

Les modalités de mise en œuvre de cette assurance sont clairement définies. L’État prend en charge, partiellement ou totalement, les frais de souscription des salariés du secteur public, de leurs conjoints et de leurs enfants à charge. Les agents des établissements publics non commerciaux bénéficient également de cette couverture, tout comme les étudiants boursiers, les retraités du secteur public, les retraités du privé à faible revenu et les personnes classées pauvres extrêmes ou non extrêmes. Cette prise en charge publique n’est cependant effective que dans les cas où les bénéficiaires ne disposent pas déjà d’une assurance offrant un panier de soins conforme au référentiel national.

Les employeurs du secteur privé et des organismes publics commerciaux sont quant à eux soumis à une obligation stricte de souscription à une assurance maladie pour l’ensemble de leurs salariés et de leur famille. Ils doivent assurer au moins 80 % du montant de la prime afférente au panier de soins de base, un engagement qui sera contrôlé par la Caisse nationale de sécurité sociale, laquelle doit recevoir toutes les polices souscrites dans un délai de douze mois à compter de la publication du décret d’application.

Les travailleurs indépendants, les professions libérales et les retraités du secteur privé disposent également d’un cadre clairement défini pour leur adhésion au système. Ils doivent souscrire une police d’assurance maladie pour eux-mêmes et les membres de leur famille à charge, avec une possibilité de facilitation pour les retraités via un prélèvement direct à la Cnss.

Autres actions phares

Parallèlement au renforcement des filets sociaux traditionnels, le gouvernement maintient une priorité forte en direction des personnes en situation de handicap. Les mesures existantes, fondées sur plusieurs décrets, seront poursuivies et renforcées. Elles garantissent notamment un quota de recrutement de 5 % dans la fonction publique, un accès facilité aux allocations universitaires, aux centres de loisirs, aux moyens de transport et aux dispositifs de financement pour l’entrepreneuriat. Des exonérations sont prévues pour l’acquisition de moyens de mobilité adaptés, tandis que les personnes en situation de mendicité et les enfants souffrant d’autisme bénéficient d’un encadrement plus humain et mieux structuré.

L’agenda social du gouvernement pour la période 2025-2027 inclut également une attention particulière pour les personnes indigentes et les travailleurs de petits métiers, notamment les agents domestiques, souvent laissés en marge des dispositifs traditionnels de sécurité sociale. L’accompagnement sanitaire de ces catégories constitue un axe majeur de la stratégie sociale. Le relèvement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et la revalorisation générale des revenus des travailleurs, y compris ceux des aspirants au métier d’enseignant, représentent des mesures fortes destinées à consolider les droits sociaux, à améliorer la qualité de vie des actifs et à garantir, sur le long terme, de meilleures pensions de retraite. L’élargissement de la base de calcul des pensions, désormais étendue aux sursalaires, constitue une réforme structurante en faveur de la dignité et de la sécurité des futurs retraités.