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Présidentielle 2026: Le parti “Les Démocrates” sommé de restituer un certificat de parrainage

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Un revers juridique fragilise sérieusement les ambitions présidentielles du parti “Les Démocrates”. Le tribunal de Cotonou a ordonné au président du parti, de restituer le formulaire de parrainage du député Michel François Sodjinou. Une décision qui compromet la désignation du duo candidat et plonge la principale formation d’opposition dans une crise interne à quelques mois de la présidentielle.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 14 oct. 2025 à 11h02 Durée 2 min.
#Election présidentielle 2026

C’est un véritable coup de tonnerre dans le ciel déjà chargé de l’opposition. À la suite d’une ordonnance rendue ce 13 octobre, le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a tranché en faveur du député Michel François Sodjinou dans l’affaire qui l’oppose au président du parti “Les Démocrates”, Thomas Boni Yayi. L’ancien chef de l’État, aujourd’hui à la tête du parti, est sommé de restituer sans délai le formulaire nominatif de parrainage que le parlementaire lui avait remis dans le cadre des préparatifs de la présidentielle de 2026. Selon l’ordonnance N°254/AUD-PD/2025, le tribunal ordonne à Thomas Boni Yayi et au parti “Les Démocrates” de rendre à Michel François Sodjinou son formulaire de parrainage « dès la signature de la présente ordonnance». En cas de résistance, le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) est instruit « d’invalider le précédent formulaire délivré au demandeur » et de lui en fournir un nouveau. La juridiction a par ailleurs ordonné l’exécution provisoire sans caution, nonobstant tout recours, et a condamné les défendeurs aux dépens.

À l’origine de cette affaire, une pratique interne au sein du parti Les Démocrates. Les députés avaient confié collectivement leurs formulaires de parrainage au président du parti le 2 septembre dernier, pour une gestion centralisée en vue de la constitution du duo candidat à la présidentielle. Mais Michel François Sodjinou s’en démarque. Dans sa requête, il affirme n’avoir donné mandat à personne pour disposer de son droit au parrainage, encore moins pour en restreindre l’usage ou la libre expression de sa volonté politique. Pour le parlementaire, la rétention de son formulaire par la direction du parti constitue une violation flagrante de ses droits individuels et politiques, garantis par la Constitution. Une position validée par la justice, qui met aujourd’hui “Les Démocrates” face à un dilemme juridique et stratégique.

Un signe d’alarte

La conséquence immédiate de cette décision est lourde. Dans un contexte où chaque signature compte, cette perte affaiblit considérablement les chances du parti de se positionner dans la course. Depuis plusieurs jours, la formation peine déjà à désigner officiellement son duo candidat, malgré l’enthousiasme suscité par la figure de Renaud Vignilé Agbodjo. Les tractations internes, les hésitations stratégiques et les divergences ralentissaient le processus. L’affaire Michel François Sodjinou vient désormais ajouter une crise juridique à une impasse politique. Entre discipline collective et affirmation individuelle des élus, le parti semble éprouver des difficultés à concilier les ambitions politiques personnelles et la stratégie d’ensemble. Certains observateurs estiment que cette décision de justice pourrait servir de jurisprudence en matière de gestion des parrainages, un sujet particulièrement sensible depuis la réforme du système électoral. A travers l’ordonnance du tribunal, on comprend que les formulaires de parrainage sont des documents strictement nominatifs. Leur usage collectif ou centralisé est juridiquement risqué.

Alors que le compte à rebours est lancé pour la présidentielle de 2026, cette décision tombe comme un coup de massue sur la dynamique du parti. Elle remet en cause la stratégie du parti, fragilise son unité interne et jette une ombre sur sa capacité à présenter un duo crédible dans les délais impartis. Pour l’heure, le parti n’a pas encore officiellement réagi à l’ordonnance. Mais dans les coulisses, l’heure est à la concertation et à la recherche d’une issue rapide pour éviter l’exclusion du processus électoral.