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Remaniement ministériel: Akponna, les raisons d’un limogeage

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Paulin Akponna Paulin Akponna

S'emmlêlant les pinceaux, dans un détonant amalgame entre action publique et engagement partisan, ajouté à des accusations tête-à-queue, Paulin Akponna a fini les quatre fers en l’air, écopant d’un limogeage retentissant faisant suite à une sortie tonitruante.

 

Par   Paul AMOUSSOU, le 27 juin 2025 à 07h12 Durée 3 min.
#Paulin Akponna #Remaniement ministériel #Bénin

A-t-il flanché de la langue? Zèle mal à propos? Depuis que la vidéo de sa malencontreuse intervention dans le Borgou est devenue virale sur les réseaux sociaux, les internautes, tout en faisant leurs choux gras, s’interrogent sur cette séquence: de quoi parle Paulin Akponna?

Mais les observateurs de la scène politique béninoise, se sont inquiétés plutôt pour le ministre de l’Energie, car cette forme de communication est loin d’être compatible avec les codes du gouvernement Talon en la matière. Il est entendu qu’on n’en resterait pas là.

Et c’est le cas, car Paulin Akponna a perdu depuis ce jeudi son portefeuille ministériel. Et pour cause, on s’imagine mal comment il peut continuer à appartenir à une équipe gouvernementale dont il a violé le code de conduite, par ses dires tonitruants et pour le moins déconcertants. En accusant son prédécesseur, à mots voilés mais assez explicites pour être compris de tout le monde, de faits suffisamment graves commis dans le cadre de sa fonction, il crée sans conteste un malaise. 

Est-il cependant possible que de tels supposés faits soient commis sans que jamais personne n’en ait entendu parler? Et surtout qu’ils restent impunis? M. Akponna laisse, par sa déclaration à polémique, (par inadvertance?), le doute subsister, et fait croire de façon sibylline que l’Exécutif béninois couverait des oeufs pourris, couvrirait des actes de malversations, de mauvaise gouvernance sous la commission d’un ministre ! Ce qui est aux antipodes de la ligne édictée et de la pratique, incompatible avec l’Adn du régime Talon qui s’illustre éloquemment par sa propension à ne surtout couvrir aucun méfait lié à la gouvernance publique. 

A certains de ses proches, Patrice Talon n’a-t-il clairement pas indiqué, en début de fonction, quelle serait la norme? Et hissant effectivement le flambeau de la tolérance zéro à la corruption, il aurait fait savoir: “Ne comptez pas sur moi pour avoir honte de votre maladie”. Loin d’être énigmatique, quelques proches et soutiens de Patrice Talon l’ont appris à leurs dépens, ont saisi la substance de ce code, une fois devant la justice. Ce fut le cas de l’ex-Directeur général du Conseil national des chargeurs du Bénin, Antoine Dayori, qui a purgé sa peine sans bénéficier de quelque intervention, en dépit de sa proximité notoire avec le chef de l’Etat. A la fameuse maison d’arrêt de Misserété, d’autres cas sont présents. Et il n’est pas superfétatoire de citer l’exemple de policiers radiés pour malversations dont des proches d’amis du président Talon qui, tout en compatissant à titre personnel, est resté imperturbable comme chef d’Etat quant aux demandes d’intervention pour faire abandonner les charges. C’est dire que ce n’est pas la manière de la maison, ce que tend à malencontreusement faire croire M. Akponna.

Quelle mouche l’aurait donc piqué ? On se le demande aujourd’hui encore. D’autant que depuis sa prise de service, apprend-on de source gouvernementale, Paulin Akponna ne s’est fait le relais d’aucune situation similaire à ce qu’il semble dénoncer, au point même de prédire des poursuites judiciaires, la géhenne au supposé fautif dont il s’est fait l’accusateur et le juge. Voilà Paulin Akponna libéré plutôt que limogé, afin de pouvoir se consacrer à cet ouvrage qui lui tient à coeur. Tel est pris qui croyait prendre ? Une certitude reste qu’il ne tarderait pas à partager les faits, dont il jure avoir connaissance, avec la justice pour la manifestation de la vérité.