La Nation Bénin...
Le Bénin a franchi une étape décisive en simplifiant
l’enregistrement des propriétés et étendant l’usage des outils numériques.
Cette avancée saluée par la Banque mondiale, illustre comment la sécurisation
des droits de propriété et la gouvernance fondée sur des règles peuvent
stimuler l’investissement, réduire l’informalité et instaurer un climat de
confiance économique.
La protection des droits de propriété et l’application
équitable des règles sont des éléments importants pour un environnement
économique sain dans un pays. Ainsi, un système judiciaire efficace crée les
conditions pour que les marchés fonctionnent, que les contrats soient respectés
et que les investisseurs opèrent dans un cadre sûr et prévisible. C’est dans
cet esprit que le Bénin a entrepris ces dernières années une réforme en
profondeur de son administration foncière. Selon les données récentes de la
Banque mondiale, le pays a étendu l’utilisation de systèmes numériques pour
l’enregistrement des propriétés, tout en simplifiant les procédures
administratives. Le résultat est qu’il y a désormais moins de lourdeur
administrative, une réduction notable des litiges en zone urbaine et une baisse
du recours aux pratiques informelles. Cette transformation numérique ne
constitue pas seulement une modernisation technique. Elle représente selon les
objectifs du gouvernement, un levier stratégique pour sécuriser les
investissements, améliorer la transparence et renforcer la confiance des
acteurs économiques, qu’ils soient locaux ou étrangers. La clarification des
droits de propriété est en effet un facteur clé pour l’accès au crédit, la
valorisation des biens et la mobilisation des ressources foncières en faveur du
développement. Si le Bénin se distingue par ses avancées, d’autres pays
africains ont également multiplié les réformes pour améliorer leur gouvernance
judiciaire et foncière. Selon la Banque mondiale, le Rwanda, par exemple, a
presque atteint la couverture universelle dans la délivrance des titres
fonciers, tandis que la Côte d’Ivoire a fait progresser la reconnaissance
juridique des droits coutumiers grâce à des initiatives de cartographie
communautaire. La Banque mondiale note par ailleurs que la digitalisation gagne
du terrain. Le Ghana et le Malawi testent actuellement des systèmes de dépôt
électronique et de suivi en ligne des affaires, visant à réduire les délais et
à accroître la transparence. En renforçant la sécurité juridique, les États
créent un environnement plus propice à l’investissement, favorisent la
croissance des entreprises, encouragent l’innovation et stimulent le commerce
international.
Modèle en construction
Malgré les progrès, la Banque mondiale relève plusieurs
obstacles qui freinent l’efficacité des systèmes judiciaires en Afrique. Dans
certains pays, l’ingérence de l’exécutif compromet l’indépendance de la
justice. Dans d’autres, le manque de ressources, les arriérés d’affaires et la
dépendance aux procédures papier ralentissent le traitement des dossiers. Les
disparités territoriales restent également fortes. Dans des zones rurales ou
fragilisées par des conflits, l’accès à la justice formelle demeure limité,
poussant les populations à recourir à des mécanismes coutumiers, parfois mal
intégrés au système juridique national. Ce chevauchement peut entretenir
l’insécurité foncière, notamment dans des pays comme le Liberia ou le
Mozambique.
En misant sur la dématérialisation des procédures et la
simplification administrative, le Bénin se donne les moyens de bâtir un système
foncier plus transparent et plus efficace. Cette réforme, qui s’inscrit dans
une vision plus large de modernisation de la gouvernance, pourrait servir de modèle
régional, à condition de maintenir l’élan et de veiller à ce que l’accès à ces
services numériques soit équitable sur l’ensemble du territoire. Les experts
soulignent qu’un système judiciaire et foncier crédible ne se décrète pas. Il
se construit dans la durée, à travers des investissements constants dans la
formation, l’équipement et l’indépendance des institutions. Pour le Bénin, le
défi sera de consolider les acquis, tout en élargissant l’accès aux zones moins
connectées et en renforçant la confiance des citoyens. La sécurisation des
droits de propriété n’est pas un luxe réservé aux économies développées. En
Afrique, elle constitue l’un des socles de la stabilité et du développement. Le
Bénin, en adoptant les outils numériques et en simplifiant ses procédures,
démontre qu’une gouvernance fondée sur des règles peut s’allier à l’innovation
pour répondre aux besoins de ses citoyens et de ses entreprises. À terme, ces
efforts permettront d’instaurer une véritable culture de la confiance, où la
loi protège, les règles s’appliquent à tous, et la justice devient un moteur de
prospérité partagée.
Il faut stimuler l’investissement et instaurer un climat
de confiance économique avec un système judiciaire efficace et une gouvernance
fondée sur des règles.