Casse-tête cornélien pour les chefs d’Etat de la Cédéao ce jour à Abuja, où se tient un sommet extraordinaire de linstitution pour statuer sur le règlement de la situation socio-politique au Niger. Devront-ils se résoudre à l’intervention militaire retenue en cas d’échec des missions de bons offices, tel que cela préfigure actuellement ? Après expiration de l’ultimatum de sept jours lancé à la junte militaire pour un retour à l’ordre constitutionnel, jugé impératif au Niger, quelles seront leurs nouvelles résolutions ?
Continuer à emprunter la voie du dialogue comme tout le monde semble les y incliner ? La Cedeao ne rejette pas non plus cette option, ce d’autant plus que de nombreuses voix s’élèvent depuis plusieurs jours pour alerter sur les effets néfastes d’un recours à la force, pour le Niger comme pour la sous-région. Au nombre de ces voix, figurent l’Algérie et le Sénat nigérian. La dernière à s’y ajouter est le creuset des Conférences épiscopales réunies de l’Afrique de l’Ouest qui a exhorté à « la retenue et au discernement dans la gestion de la situation sociopolitique au Niger », ce mercredi 9 août. Le Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken est sur la même longueur d’onde, priorisant une solution pacifique, la diplomatie comme « moyen préférable » pour résoudre la crise survenue depuis le 26 juillet dernier suite à une remise en cause de la légalité, avec en prime la prise en otage du président légitime ainsi que la plupart de ses ministres par une junte militaire. Idem pour la France comme l’Union européenne, qui s’inscrivent dans les solutions préconisées par la Cedeao pour qui le dialogue reste une priorité. C’est dire que le spectre d’une intervention militaire se dissipe, et de plus en plus, quand bien même, assure-t-on, cette possibilité reste optionnelle. Est-ce un message clair et suffisamment offensif pour les putschistes ?
Ce qui est clair, c’est que l’atmosphère actuelle, faite de clair-sombre sur les options, semble plutôt favorable aux militaires nigériens qui ont accaparé le pouvoir d’Etat et sont décidés à le confisquer en dépit des condamnations de la communauté internationale et des sanctions tous azimuts.
On dialogue ?
Tout converge vers l’issue diplomatique, le dialogue. Mais pour dialoguer, il faut être au moins deux, et l’on ne peut pas jurer que les putschistes montrent jusqu’à présent de bonnes dispositions à cette fin, vu leur obstination et le peu d’égard qu’ils manifestent à l’endroit des émissaires de la Cédéao. La Cedeao devra-t-elle se résoudre ce jeudi à actionner un tour d’écrou supplémentaire, en optant pour des sanctions plus sévères et donc plus coercitives ?
Les sanctions économiques prises pour contraindre la junte, si elles venaient à être davantage corsées ce jeudi suffiront-elles à favoriser la restauration de la démocratie au Niger, face à des putschistes qui se gaussent de la Cedeao en tournant dos à ses missions de bons offices, et défient les puissances occidentales comme les Etats-Unis d’Amérique qui, tout en exhortant à la raison, sont inflexibles quant à l’impératif d’un retour à l’ordre constitutionnel acté par le rétablissement du président démocratiquement élu Mohamed Bazoum ? Ce sont à autant d’équations qui ne peuvent demeurer sans résolution, au terme des discussions des chefs d’Etat à Abuja ce jeudi de vérité pour la Cédéao qui joue sa crédibilité voire plus, face à un axe de putschistes, de Conakry à Niamey, qui nargue.