La Nation Bénin...
Le
culte Vodun, profondément ancré dans les traditions africaines, est régi par un
ensemble de tabous et d’interdits qui varient selon les divinités, mais
convergent vers des principes universels : respect de la nature, des aînés et
de la vie humaine.
Entre
rites sacrés, interdictions alimentaires et normes de conduite, le Vodun
traduit un lien étroit entre le visible et l'invisible. Les interdits dans ce
système de croyances varient d’une divinité à une autre, mais les principes
directeurs restent généralement les mêmes: respect de la nature, des aînés, des
droits et de la dignité humaine. Ces interdictions sont au cœur des pratiques
religieuses, une spiritualité enracinée dans les traditions des peuples de
l’Afrique de l’Ouest. Elles traduisent un profond respect pour les principes
gouvernant les mondes visible et invisible.
Tchogou
Gadédji, chef de culte vodun à Akpro-Missérété, explique que les interdits du
Vodun se rapportent aux commandements de Dieu et au respect des lois de la
nature. Ne pas faire le mal est fondamental: « Le Vodun est contre le mal »,
selon Otiléto Fadikpè, dignitaire de culte à Kétou.
Les
tabous concernent aussi les prérogatives spirituelles des divinités. Clément
Hounsou Akoutè, prêtre du Fâ, précise qu'un adepte ne doit pas proférer des
choses négatives sur son prochain, sous peine de voir le Vodun se retourner
contre lui et sa famille.
La
vie humaine occupe une place centrale dans les préoccupations spirituelles du
Vodun. Les sacrifices humains sont fermement condamnés et considérés comme des
détournements malveillants des principes du culte. Clément Hounsou Akoutè
souligne que ces pratiques sont issues de la magie noire. Le respect de la
femme est aussi primordial, le sexe féminin étant perçu comme un temple
abritant une divinité maternelle, Minonnan. Les relations sexuelles pendant les
menstrues ou sans purification préalable sont proscrites, et toute
transgression nécessite des rituels d’apaisement pour obtenir la clémence des
divinités.
Code
de vie universel
L’adultère et l’avortement figurent parmi les interdictions les plus strictes. Ces transgressions exposent la femme à des maladies incurables ou des malheurs économiques. L’avortement, en particulier, est vu comme un crime contre la vie, entraînant des rituels de repentance. D’autres actes comme le viol, le vol, le mensonge et le meurtre sont également interdits, avec des conséquences sévères, comme des accidents provoqués par Gu, le dieu de la justice, ou des châtiments par la foudre de Hêviosso, dieu du tonnerre.
Chaque
divinité impose des règles spécifiques à ses adeptes. Par exemple, Mami-Dan
interdit les relations sexuelles entre jeudi minuit et vendredi minuit et
proscrit certains aliments comme la moutarde, l’huile rouge et la viande de
porc. La divinité Kinninsi, associée à tort aux sacrifices humains, exige une
pureté extrême de ses adeptes. Hoho, esprit des jumeaux, impose une parfaite
égalité dans le traitement des jumeaux par leurs parents. Oba Igbo Obatala,
divinité des albinos, interdit l’alcool et recommande des offrandes blanches,
telles que des escargots et des poulets.
Le
Vodun joue également un rôle dans la préservation de l’environnement, avec des
éléments naturels comme l’Iroko ou le python sacré à Ouidah considérés comme
des manifestations divines. Les forêts sacrées, interdites à l’exploitation
humaine, contribuent à la conservation de la biodiversité.
Oro,
l’une des divinités les plus strictes, impose des règles particulières. Les
femmes ne peuvent assister à ses cérémonies ni même prononcer son nom en
public, sous peine de conséquences graves et irréversibles. Cependant, elles
peuvent faire des vœux devant la forêt sacrée d’Oro pour obtenir des faveurs.
En définitive, les tabous et interdits dans le Vodun sont des marqueurs de respect et d’harmonie avec la nature, les ancêtres et les divinités. Ils régulent non seulement la vie spirituelle mais aussi les comportements sociaux, offrant ainsi un cadre moral solide aux adeptes.