La Nation Bénin...
Le
vingtième anniversaire du rappel à Dieu de René Megniho Dossa, premier
président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac),
n’est pas passé sous silence. Parents, amis, familles, enfants et
petits-enfants s’en souviennent. A Grand Popo, ce dimanche 10 novembre, le
temps était au souvenir et à la célébration des valeurs incarnées tout au long
de sa vie par l’illustre disparu.
Dimanche
ordinaire pour certains fidèles, mais particulier et plein de sens pour les
enfants de feu René Megniho Dossa, ses amis, les conseillers de la Haute
autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), des natifs de la
localité et bien d’autres personnalités. Ces derniers marquent de leur présence
le vingtième anniversaire de décès de cet homme au parcours singulier qui lui
aussi, telle la veuve de Sarepta, vit un sens élevé du devoir, un don de soi sans
pareil. Vingt ans après son voyage sans retour, ceux qui l’ont connu s’en
souviennent et rendent grâce. L’enseignement biblique de ce dimanche donne un
sens à la vie menée par René Megniho Dossa.
En
effet, ce dimanche 10 novembre, 32e du temps ordinaire B, l’Eglise catholique
honore la veuve de Sarepta. Son humilité, son sens suprême de sacrifice, son
don de soi et son obéissance envers le prophète Elie venu lui demander une
galette dans le fond de farine qu’elle gardait pour elle et son fils. La scène,
telle que rapportée dans les saintes écritures (Rois 17, 10-16) montre
l’hospitalité de la veuve. Le peu de farine et l’huile qu’elle avait, elle
allait en faire un gâteau comme ultime repas et attendre la mort. Mais face à
la demande du prophète, elle n’eut le choix que d’obéir. Son geste emplit la
jarre de farine ainsi que le vase d’huile. Et depuis, ils ne se vidèrent point.
Cet enseignement a été suivi avec intérêt par la foule qui s’est rendue à
l’église catholique Saint Joseph de Grand-Popo.
Ancien
ministre de l’Information et du Tourisme, ancien directeur général de la
Sobemac, président de la première mandature de la Haac, Past-president du
Conseil des gouverneurs du District 403 du Lions Club International, président
fédéral de l’association Nonvitcha, chevalier de la Légion d’Honneur française,
grand officier de l’Ordre national du Bénin… Tout cela, René Megniho Dossa l’a
été avant de répondre à l’appel de son créateur, le 11 novembre 2004. Mais ce
n’est pas tant les titres et les nombreux postes occupés par l’homme qui font
sa grandeur et le renvoient à la mémoire collective, vingt ans après. Ce sont
plutôt ses qualités, sinon ses qualités d’humain. Cela, il en avait beaucoup et
ne manquait aucune occasion de le démontrer. Hervé Sohoué et Joël Remus Hagli,
les deux célébrants du jour le reconnaitront d’ailleurs et inciteront à prendre
exemple sur ce modèle. Autant de valeurs que les personnalités et autres
fidèles qui ont effectué le déplacement de Grand-Popo ce dimanche ont tous
salué. Ils gardent tous de lui, le souvenir de l’homme qui n’avait pour souci
que le bien et le bien-être autour de lui. Sur l’ensemble de son parcours,
témoignent-ils, il a porté les mêmes valeurs. Celui d’un bâtisseur infatigable,
un rassembleur et un serviteur.
« C'est
un hommage mérité » qui lui est rendu, apprécie Armand Hounsou, conseiller
à la Haac et ancien vice-président de l’institution. « Nous voudrions
prier les uns et les autres à prendre exemple sur le président Dossa pour que
l'héritage qu'il a laissé, pour que cette institution soit à l'image de son
premier président », exhorte-t-il. Bâtisseur et solidaire sont les deux
mots utilisés par sa fille Corine Dossa pour le caricaturer. « C'était
quelqu'un de profondément humain, quelqu'un qui aimait élever les autres. Il
aimait saisir le potentiel de chacun, quel que soit le domaine, et le pousser à
aller à ce qu'il peut être de meilleur », indique-t-elle. « C'était
un homme de vision », ajoute-t-elle fièrement. Ce que devient Grand Popo
aujourd'hui, il en parlait il y a 40 ans en arrière, rêvant à sa cité natale
comme la Riviera du monde. « C'était un visionnaire, mais c'était aussi un
homme d'action qui était toujours prêt à montrer l'exemple, à se mettre en
action, et à accompagner les autres à se mettre en action », soutient
Corine.
« Nous
retenons d’abord son humilité, sa convivialité, sa manière de rassembler les
amis. Il avait un esprit très festif. C’est ce qu’il nous a légué. Si je dois
porter un message inspiré de son parcours, c’est l’union à travers toutes les
épreuves. Que nous ayons comme lui, la culture de la fraternité et de l’amitié
dans la solidarité », témoigne Francis da Silva, un de ses congénères. Le
travail d’orfèvre abattu par le regretté René Dossa au niveau de l’association
Nonvitcha ne passe pas inaperçu. L’actuel bureau fédéral et ses enfants le lui
rendent de fort belle manière, baptisant la salle polyvalente de la place
Nonvitcha de son nom. L’écriteau symbole a été dévoilé sobrement mais avec
beaucoup d’émotions au cours des festivités de ce vingtième anniversaire. Homme
d’ambiance, Megniho l’était aussi. Pour le rappeler à la mémoire collective,
toute la soirée de ce dimanche a été consacrée à des animations sur la place
Nonvitcha. On a dansé, chanté et célébré jusque tard dans la soirée, l’homme
dont le nom reste lié à de nombreuses structures et organismes. Les tam-tams
ont d’ailleurs rythmé toutes les festivités de ce vingtième anniversaire. Pour
la vie de René Megniho Dossa, pour ses œuvres, pour ses actions qui continuent
d’impacter le développement dans la commune de Grand Popo et même au-delà, on
peut chanter et danser « Aluwassio Nin Apeto », en souvenir de
l’homme■
« Etre pionnier et précurseur, ce n'est pas facile. C'est une autre responsabilité et le président Dossa a assumé, avec fierté, dévouement, détermination, cette responsabilité-là. Il faut avoir du cœur pour agir ainsi. Et nous avons compris, qu’il en avait. Nous l’avons vu à l'œuvre. Il y a mis du cœur parce qu'il fallait mettre en place tous les instruments. Je vous ai dit qu’il était pionnier. Il n'y avait rien d'existant. Mais pour pouvoir bâtir cette œuvre-là, il fallait avoir du cœur. L’homélie que nous avons entendue tout à l’heure montre à foison que le président Dossa, en tout cas en son temps, avait agi un peu comme cette veuve de Sarepta qui sait donner sans réserve. C’est sur cette base-là, aujourd'hui, que nous, nous fonctionnons. Il a laissé un héritage. Et nous prions pour que cet héritage soit pérennisé. Je peux vous assurer que sur cette pierre que le président Dossa a posée, nous surfons aujourd'hui. Le bébé qu'il a laissé avait 10 ans quand il partait. Si le président Dossa n'avait pas laissé quelque chose de consistant, on ne serait peut-être pas là aujourd'hui. C'est tellement que son nom rentre dans l'histoire. Je tiens à saluer ici ses enfants, qui l’ont compris et qui marchent sur ses pas en donnant leur cœur aux enfants. Parce qu'il y a une association pilotée par une de ses enfants, qui travaille pour l'épanouissement des enfants.
Il y a beaucoup de qualités à mettre à l’actif de l'ancien président de la Haac, René Megniho Dossa. L’homme que nous sommes en train d'honorer aujourd'hui, a été un baobab, parlant du monde de la presse. Les témoignages, les écrits sur sa personne montrent que le Bénin ne s'est pas trompé en le mettant en son temps à la tête d'une telle institution. C’est l'occasion pour nous de le lui témoigner parce qu’il a servi la nation d’une telle manière qu’on ne peut pas se taire et oublier un tel baobab. Voilà ce qui nous amène aujourd'hui à le commémorer et à honorer encore sa mémoire en présence de ses fils, ses petits-fils qui ont voulu quand même valoriser l'événement. Son parcours doit inspirer en raison du leadership qu'il a incarné en son temps. C’était un rassembleur. Il ne se met pas au-dessus pour faire le chef. Il savait déjà qu'il est là pour la presse… C'est une franche collaboration qui avait animé sa mandature. Jusqu'à présent, les témoignages coulent dans ce sens. Je pense que c'est un exemple dont on doit s'inspirer, surtout pour la 7e mandature, afin que nous aussi, notre nom puisse demeurer après notre départ comme René Dossa.
Aujourd'hui, on célèbre les 20 ans du départ de papa, mais de son vivant, comme depuis 20 ans qu'il est parti, bien que je vive loin, il n'y a pas une semaine où on ne m'aborde pas pour me parler de tout ce qu'a légué cet homme. Il a touché tellement de personnes, de tellement de manières, dans leur famille, dans leur travail, dans leur manière d'être. Il a été tellement important pour tellement de personnes qu'il était évident qu'on le célèbre. On l'a célébré il y a 5 ans, il y a 10 ans, il y a 15 ans, et je crois que dans 20 ans, on sera encore ici. Même si nous, on n'est pas là, ceux qui l'ont touché seront là pour dire qui il était.
C'est un homme de mots. Un homme qui aimait parler, qui aimait les mots. On va donner la parole à tous ceux qui vont venir célébrer avec nous pour parler de cet homme, pour cultiver son souvenir. Ceci pour que les plus jeunes qui ne le connaissent pas le découvrent et peut-être un jour, qui sait, ils suivent ses traces.
Toujours sur ses traces, nous avons, depuis 5 ans l’association Vignialé. Une des cousines un jour a dit que papa, lui seul, était une fondation. Il était une fondation, sans statut, mais par ses manières d'être, d'agir avec les autres, il avait un cœur ouvert et il a aidé énormément de monde. C'est un géant. Je ne pourrai jamais faire ce que ce géant a fait. La barre était trop haute. Et puis, il y a 5 ans, j'ai pris conscience que, même si je suis une petite fourmi, je dois faire ce qu'il faut à mon niveau. J'ai commencé par ici, son fief, Grand-Popo. Parce que l'éducation pour lui était primordiale et que j'ai découvert que, même si je suis une petite fourmi, je pouvais, à mon niveau, accompagner des enfants dans leur instruction, dans leur éducation. Nous sommes une centaine aujourd'hui. En tout cas, plus de 160 enfants suivis par l'association. Et nous les accompagnons dans leurs frais scolaires, dans le but de changer des destins et de leur offrir plus de choses■